• Ce matin sur France Inter, j’ai entendu Pierre Moscovici, notre ministre de l’Economie, des finances et du commerce extérieur, répéter à plusieurs reprises qu’il prônait « une compétitivité à la française ». C’est sûrement un concept évident car le journaliste qui l’interrogeait n’a pas éprouvé le besoin de lui demander en quoi consisterait une compétitivité spécifiquement française et différente de celle des autres pays qui exportent leurs produits parce que qu’ils sont moins chers et/ou meilleurs ou inexistants ailleurs. Cela m’étonnerait que les pays étrangers se portent acquéreurs de phrases creuses dont nous sommes les champions.

     

    Le conseil national de l’Ordre des médecins vient de jeter un gros pavé dans la mare en proposant de restreindre la liberté d’installation des jeunes médecins en les obligeant à exercer 5 ans dans la région où ils ont acquis leur formation terminale, région qui avait été déterminée, ainsi que la filière choisie, en fonction du classement obtenu à un examen (Epreuves classantes nationales) et non pas de leur lieu de résidence. Les jeunes médecins protestent contre cette proposition qui les obligerait à créer 5 ans après une seconde clientèle (« patientèle » pour être politiquement correct) dans le lieu où ils avaient initialement prévu de s’installer, sans compter l’impact sur la vie du conjoint et des enfants éventuels. Si cette proposition permettrait de lutter contre la désertification de certaines régions (encore qu’elles risqueraient dans ce cas de ne pas être choisies pour effectuer le 3ème cycle des études), elle diminuerait encore l’attraction des jeunes vers la médecine libérale (qui n’est que d’environ 10%) au profit du salariat. C’est aussi une bonne façon (si la proposition était adoptée par le gouvernement) de provoquer une grève des internes des hôpitaux et quelques remous sociaux, une arrière-pensée de la part de l’Ordre des médecins que je rejette avec la plus grande énergie.

     

     


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  • L'EAU DES FONTAINES    

    Il  y a des pays    

    Où il n’y a pas de fontaines  

    Des pays sans eau  

    Des pays malheureux  

    Il y a des pays    

    Où il y a de l’eau    

    Mais pas de fontaines    

    Ce sont des pays heureux    

    Mais qui n’ont rien compris

             

    Les fontaines    

    On les entend avant de les voir  

    La chanson joyeuse et familière    

    De l’eau clapotant dans l’eau    

    De l’eau éclaboussant la pierre  

    Un chant de promesse de bonheurs  

    Le bonheur d’apaiser la soif    

    Le bonheur de fraîcheur    

    Le bonheur de pureté

     

    Bien sûr il y a les fontaines royales    

    Avec leurs jets d’eau domestiquée  

    De l’eau qui fait des ronds  

    De l’eau qui fait le beau    

    De l’eau qui fait la roue    

    Pour se faire bien voir    

    Mais elle n’est pas à boire

     

    Les petites fontaines sont bien plus belles  

    Au milieu d’une place nue    

    Avec leur chant de chanterelle  

    Coulée de fraîcheur têtue    

    Sur la pierre douce arrondie par l’usure    

    Quelques herbes en houppes    

    Et un peu de mousse au mur    

    Dans ses mains en coupe    

    Pour exaucer une prière    

    On recueille l’eau claire    

    Que l’on boit goulûment    

    Sans retenue bruyamment  

    En serrant les doigts pour éviter les pertes    

    Le visage mouillé de fraîcheur  

    Le menton humide le sourire éclos    

    Sur une place déserte  

    Ecrasée de chaleur    

    Où les maisons volets clos    

    Abritent les dormeurs

     

         

    Paul Obraska


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  • Dans un article précédent : « La photo d'Olympe » j'avais salué le respect (annoncé) de la parité entre hommes et femmes dans la première équipe ministérielle de Hollande. La population française étant composée pour moitié d'hommes et pour moitié de femmes, la parité gouvernementale semble juste comme serait juste l'égalité des salaires entre les sexes pour des compétences égales, ce qui est loin d'être le cas partout.

    Toutefois cette parité implique le respect d'un nombre : 17 hommes, donc 17 femmes dans le dernier gouvernement (sans équivalence, cependant, pour ce qui concerne l’importance des portefeuilles). Cette parité devient alors un quota, car combien d'hommes se consacrent à la politique et combien de femmes font de même ? Je dois avouer que je l'ignore, mais je pense ne pas me tromper en avançant que les hommes sont nettement plus nombreux. Donc si l'on respecte la parité à tous les étages de la politique, on aura une surreprésentation féminine relative et pour pouvoir assurer cette représentation, le choix, à compétences égales (voire inégales), devra se porter plutôt sur la femme que sur l'homme qui sera ainsi désavantagé par son sexe. Vous pourriez me répondre qu'il est juste qu’il soit à son tour désavantagé après avoir été avantagé pendant des millénaires.

    Le mieux serait évidemment que le sexe n'intervienne pas dans le choix pour un poste mais seulement l'adéquation de l'individu avec sa fonction future. De la même façon les origines ou la couleur de la peau ne devrait aucunement intervenir aussi bien comme avantage que comme désavantage. Or, c'est sans cesse que les politiques et les médias glorifient l'émergence de représentants de la « diversité », c'est-à-dire, pour parler de façon non hypocrite, d'individus n'ayant pas la peau blanche et/ou musulmans. La « diversité » apparait comme un stigmate de citoyenneté particulière en passe de devenir un avantage pour faire carrière. Encore une fois un(e) citoyen (ne) ne devrait avoir ni plus ni moins de droits qu'un(e) autre et ne devrait être jugé(e) que sur ses qualités mais par sur son sexe, ses caractères physiques (en dehors du sport), ses origines ou sa religion.

    Mais pourrait-on me rétorquer : si la tendance est à établir d'une façon ou d'une autre des quotas (même non chiffrés), c'est qu'il existe une prévention contre le sexe féminin ou des minorités et que s’ils ne sont pas avantagés, ils seront, de fait, désavantagés. Le délicat est de ne pas inverser l'injustice. En Afrique du Sud, depuis la fin de l'apartheid, dans la fonction publique et dans les entreprises, la promotion des noirs (longtemps bloquée par l’apartheid) est privilégiée par rapport à celle des blancs sans trop de considération pour la compétence depuis l’instauration de la « discrimination positive » qui implique des obligations chiffrées.


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  • Marisol Touraine, la nouvelle ministre des Affaires sociales et de la santé, a une idée fixe et depuis longtemps, car elle serait une de ses motivations pour accéder à ce poste : encadrer les dépassements d’honoraires dans la perspective de faciliter l’accès aux soins. Quelques remarques :

    1° Il est certain que plus les honoraires seront bas, moins les patients hésiteront à consulter mais moins il y aura de médecins susceptibles de les recevoir.

    2° Les dépassements d’honoraires ne concernent qu’une minorité de médecins (plus les spécialistes que les généralistes) et s’ils ont été amenés à le faire, le secteur 2 et le futur secteur optionnel comportant des désavantages, c’est que les honoraires des médecins sont plutôt bas par rapport à leurs compétences et au travail fourni (y compris administratif qui finit par manger le temps qui devrait être consacré aux malades).

    3° Etant donné que la majorité des médecins respectent les honoraires imposés par l’assurance maladie, on peut toujours trouver un médecin qui les respecte et dont la compétence est égale à celle des praticiens qui effectuent des dépassements. Mais la nature humaine est ainsi faite et la santé étant un bien précieux, les patients pensent que celui qui prend plus cher ou dont la notoriété est plus grande est susceptible de mieux les soigner (ils n’ont pas toujours tort).

    4° Si Mme Touraine pense qu’il s’agit là d’un problème essentiel, elle risque de rencontrer quelques déconvenues. Mais il est plus facile de s’attaquer à une partie du corps médical, attaque dont le résultat ne peut être que superficiel, plutôt que de tenter de résoudre les problèmes de fond dont les solutions - il est vrai - ne sont pas évidentes. Mais il faut bien faire quelque chose, n’est-ce pas ?


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  • Buffet-Clown-et-ballerine.jpgJ’avoue que pour moi cela reste un mystère que des gens, qui paraissent doués d’une intelligence normale lorsqu’on les interroge, puissent rester debout des heures, parfois dormir à la belle étoile, pour être bien placés afin de voir défiler sur le tapis rouge du festival de Cannes des comédiens et des comédiennes devenus acteurs et actrices par la grâce du cinématographe.

    Certes, ces étoiles sont fort bien habillées et parfois déshabillées ; certes, elles ont pu nous distraire ou nous émouvoir, aplaties sur une toile en faisant semblant d’être ce qu’elles ne sont pas, en jouant les héros et les héroïnes et en finissant parfois par revêtir aux yeux du monde leurs exploits simulés. Mais quel est l’intérêt de les voir en chair et en os, derrière une haie de photographes le flash en folie, de faire tant d’efforts pour les entrevoir marcher sur un tapis en montrant au public ébahi leur prestance ou leur beauté et leurs atours de luxe, de se gargariser de les avoir vues pour en faire le récit ému à leur entourage envieux ?

    Ce sont nos héros modernes auxquels il faut ajouter les pousseurs de chansonnettes, les hystériques du rythme et les héritières plus ou moins dépravées.

    A propos, Roland Moreno l’inventeur de la carte à puce géniale qui a changé notre quotidien et mort fin avril, ne devait pas attirer grande foule avec sa tête un peu clownesque qui ne brillait que par son astuce. Et Einstein non plus, avec sa tête échevelée dont le génie avait pourtant changé notre vision de l’univers. Il est vrai que leur profession n’était pas de s’exposer, mais l’auraient-ils fait que peu de monde se serait déplacé pour les voir marcher quelques mètres et monter quelques marches, même sur un tapis rouge.

     

    Bernard Buffet : « Clown et ballerine »


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  • Watteau-l-amour-au-theatre.jpg 

    Hier, théâtre. J’y ai vécu un ennui ferme, aussi ferme que le fauteuil sur lequel j’ai passé une heure quarante à regarder discrètement le cadran lumineux de ma montre. Car si les théâtres parisiens ont le charme des antiquités, leurs sièges sont également spartiates.

     

    Curieusement, le cinéma donne l’illusion de la réalité alors que rien n’est réel lors de la projection d’un film. Sur la scène d’un théâtre, tout est bien réel, le décor comme les comédiens en chair et en os et tout parait artificiel. Alors pour que la magie puisse s’opérer il faut que la pièce soit bonne, que les comédiens aient des choses à dire et qu’elles soient bien dites, c’est ainsi que disparaissent artifices et conventions.

     

    Hier, les comédiens n’avaient rien à dire d’intéressant et le disaient mal. Des paroles précipitées dans une mélasse à moitié avalée, les femmes en particulier avaient le don de déglutir goulûment leur texte comme si elles avaient peur qu’on le leur dérobe. Des colères simulées pour des motifs futiles, des banalités qui se voulaient profondes mais qui n’avaient que la profondeur d’un vide abyssal, des réparties qui se voulaient drôles mais qui n’ont déclenché que quelques rires parcimonieux. Et pourtant, le spectacle – qui a d’excellentes critiques - fut applaudi, saluant ainsi les efforts des comédiens qui s’étaient tout de même démenés devant nous  pendant une heure quarante, en connaissant par cœur un long texte que j’ai trouvé sans intérêt, ce qui n’est pas donné à tout le monde.

     

    Watteau : « L’Amour au théâtre italien »


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  • Olympe-de-Gouges.jpgEn voyant la photo du nouveau gouvernement de la France où figuraient autant de femmes que d’hommes (et assortie d’une photo ne regroupant que les femmes qui, à mon avis, n’avait pas lieu d’être), je pense qu’Olympe de Gouges eut été satisfaite. Elle avait beaucoup milité pour l’égalité entre les hommes et les femmes, comme elle avait milité pour l’abolition de l’esclavage des noirs. Elle s’était insurgée que «la Déclaration  des Droits de l’Homme et du Citoyen » ait totalement oublié la femme. Le seul droit accordé à la femme (mais également à l’homme) par les révolutionnaires de 1789 étant celui du divorce, les femmes étant écartées des responsabilités, sans doute avaient-ils une prévention contre la gent féminine qui, dans l’ancien régime, avait eu un rôle plutôt néfaste en tant que reines ou favorites.

    Dans cette ambiance de domination masculine naturelle de l’époque et qui s’est longtemps prolongée (surtout en France car d’autres pays eurent à leur tête de grandes reines), Olympe de Gouges écrivit « la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne » où elle affirma, bien en avance sur son temps, que « La Femme naît libre et demeure égale à l’Homme en droits », notant en particulier que si « La femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir également le droit de monter à la tribune ». Elle n’est pas montée à la tribune (sinon à celle de l’histoire), mais elle est monté à l’échafaud en 1793 dans cette période troublée où les têtes volaient bas.


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  • Antonello de Messine l'homme qui rit

     

    Un homme disait n’importe quoi

    Il disait qu’il était heureux

    Sans la moindre preuve

    Ça va de soi

    Dire que l’on est heureux !

    Pas étonnant que les gens s’en émeuvent

    L’être peut-être mais le dire !

    Et à des gens qui ne le sont pas

    Ou qui ne parlent que du pire

    Ou sont peut-être heureux

    Mais ne le savent pas

    Ou le cachent bien

    Pour ne pas provoquer le destin

    Montrer que l’on est heureux

    Ce n’est pas malin

    C’est de la méchanceté

    Ça rend les autres un peu malheureux

     

    Alors les gens attendent d’être vengés

    Oh ! Sans se l’avouer

    Ils ne sont pas envieux

    Qu’allez-vous penser !

    Ils guettent seulement l’homme heureux

    Ses yeux rieurs et son sourire

    En espérant le voir s’évanouir

    Ils guettent l’ombre d’une peur

    Ils guettent un petit soupir

    Ils guettent un petit malheur

    Parce que le malheur ça arrive tout le temps

    Alors ils attendent le moment

    Patiemment

    De le plaindre de tout leur cœur

    En écrasant une larme en soupirant

    De bonheur

     

    Paul Obraska

     

    Antonello de Messine : « L’homme qui rit »


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  • francois-hollande-roi.jpgCe matin, le nouveau monarque républicain provisoire a été intronisé selon le cérémonial traditionnel. A défaut de couronne, il a eu son collier gravé à son nom et par la grâce impériale,  il est devenu dignitaire de la grand croix de la légion d’Honneur. Cette intronisation a été saluée par les gardes sabre au clair et par 21 coups de canon. Une foule enthousiaste l’a acclamé sur son passage en tendant les mains vers lui, et François II dans son auguste simplicité les a volontiers serrées en souriant, mais sans toucher les écrouelles.


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  • La prostitution est probablement aussi ancienne que l’humanité, encore que dans la préhistoire, les hommes, qui manquaient d’éducation, devaient s’approprier les femmes sans débourser une seule pierre taillée. Aujourd’hui le commerce des femmes va de la call-girl de luxe qui ne se plaint pas trop de son sort au sordide abattage alimenté par un scandaleux trafic humain. La lutte contre la prostitution revient périodiquement sur le tapis, mais les gouvernements finissent toujours par l’abandonner et souvent par organiser les rapports tarifés. Les maisons closes enfermaient les femmes, mais réduisaient le racolage sur les trottoirs et plus récemment les clients eux-mêmes sont visés, en partant du principe que si on ne peut pas réduire l’offre, on peut tenter de réduire la demande.

    robots-femmes.jpgLa solution est peut-être ailleurs. C’est du moins la conviction de deux chercheurs néo-zélandais de l’université Victoria de Wellington qui ont publié dans le magazine « Futures » un article intitulé « Robots, homme et tourisme sexuel » rapporte le site Stuff. Pour eux, en 2050 les prostitué(e)s humanoïdes domineront l’industrie du sexe «éliminant tout risque de maladie sexuellement transmissible dans un monde libéré de l’esclavage sexuel ». Ces machines offriraient massages et relations tarifées pour des prouesses sexuelles garanties. Les androïdes seraient faits de fibres résistant aux bactéries et désinfectés entre deux passes. Outre la certitude d’une bonne hygiène, les clients auraient un grand choix pour ce qui concerne l’ethnie, le sexe, l’aspect physique, l’âge et la langue (parlée) sans être culpabilisés…Mais de quoi être dégoûtés de la prostitution. 


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