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Transfert de patate chaude
Ben voyons ! Il est proposé de demander aux médecins qui ont prescrit du Médiator de contribuer à l’indemnisation des victimes de ce médicament, notamment lorsqu’ils l’ont prescrit comme coupe-faim (hors Autorisation de Mise sur le Marché).« Ils le seront si les victimes le jugent bon ou si le laboratoire Servier le demande, a indiqué samedi le ministère de la Santé ». Parce que le laboratoire Servier peut encore demander quelque chose ?!! Sacré Xavier !
Les organismes officiels de contrôle du médicament ont permis (soit pour des raisons peu avouables, soit par incompétence) le maintien et le remboursement de ce médicament, alors que les médecins qui n’ont pas la possibilité de contrôler son innocuité à longue échéance, ne pouvaient que faire confiance aux experts payés pour assurer ce contrôle.
Mais me direz-vous, certains médecins l’ont prescrit comme coupe-faim alors qu’il n’était pas indiqué pour cela ? Et alors ! Prescrire un coupe-faim est discutable, mais par la suite l’atteinte des valves cardiaques - effet secondaire possible superbement ignoré par les experts - n’a pas été proportionnellement plus fréquente chez les patients où ce médicament (considéré comme anodin) a été donné pour maigrir. Si cette prescription hors AMM a augmenté le nombre de patients soumis au Médiator, le laboratoire Servier en a tiré un large bénéfice et il serait curieux (mais rien n’est impossible) qu’il puisse reprocher quelque chose aux médecins qui, eux, ignoraient ce que ce laboratoire mettait à leur disposition qui, lui, ne l’ignorait sans doute pas.
Lorsqu’un médicament est connu pour provoquer des complications sérieuses, il est impératif de respecter les indications pour lesquelles le rapport bénéfice/risque a été déterminé, mais lorsque les organismes officiels annoncent qu’un médicament peut être prescrit sans risque notable, l’utiliser pour une indication différente de celle qui a été déterminée au départ n’a rien de criminel. De nombreux médicaments ont ainsi vu leurs indications s‘élargir au fur et à mesure de leur emploi, indications qui ont été par la suite entérinées par les organismes de contrôle.
Alors faire payer aux médecins la prescription d’un médicament que l’on a autorisé et considéré officiellement comme sans risque notable, c’est vraiment se débarrasser scandaleusement d’une patate chaude.
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Commentaires
1PanglossDimanche 8 Mai 2011 à 16:49J'ai vu cette information. C'est grotesque. On pourrait pousser le bouchon encore plus loin: les pharmaciens, qui ont tiré bénéfice de la vente du Médiator pourraient être invités à cracher au bassinet, eux aussi. Professionnels de santé, ils ont un rôle de conseil même s'il ne peut se substituer à la prescription du médecin (il est arrivé que mon pharmacien m'avertisse des effets secondaires de certains des médicaments qui m'étaient prescrits).RépondreEt encore plus grotesque : que le labo Servier puisse avoir son mot à dire alors qu'il a été particulièrement malhonnête.
Dr WO
Cela va sans dire. Il devrait payer et, avec lui, ses complices des organismes de contrôle et du ministère de la santé. Son écharpe de la légion d'honneur, il l'a toujours?Mettre les médecins dans le coup est une tentative honteuse pour diluer les responsabilités.
Dr WO
Il m'a semblé comprendre que c'était pour faire jouer l'assurance des médecins, celle du Laboratoire Servier ayant certainement trouvé un bon motif juridique pour refuser d'indemniser les victimes.
C'est une tendance de notre époque. Dans les catastrophes aériennes par exemple, si l'assurance de la compagnie aérienne refuse de casquer, on va chercher alors la responsabilité du Tour Operator ou celle de l'Etat.
Je suis absolument d'accord pour dire que ce serait un vrai SCANDALE que d'ouvrir à Servier la possibilité de dire " j'ai vendu un poison, mais il revenait aux médecins de ne pas le prescrire !"Le Mediator avait-il été signalé par la revue Prescrire ?Menti-démenti-ballon d'essai et rétropédalage dans la semoule.J'avoue que je l'ignore, mais c'est probable car le Médiator avait déjà été interdit dans d'autres pays plusieurs années auparavant.
Dr WO
Toute prescription en dehors d'une AMM n'est pas interdite certes et seul le remboursement hors AMM est opposable par la securité socialeje suis d'accord Doc mais la prescription de mediator sur un sujet dont la balance lipidique est normale m'a cependant toujours parue un peu "légére " A T on deja vu des patients maigrir sous mediator? personnellement malgré les tonnes que j'ai pu delivrer je ne l'ai jamais vu !quel est votre avis sur ce point precis ?
Ceci ne vient pas a l'encontre de votre article et surtout du suivant bien sur .Je suis entièrement d'accord avec vous. Dans ma pratique, j'ai toujours considéré le Mediator comme un médicament sans intérêt et je me méfiais des drogues coupe-faim qui tôt ou tard se sont avérées dangereuses. A mon avis, les médecins qui ont prescrit le Mediator pour surpoids ont eu tort, mais ils ignoraient les conséquences possibles et le labo Servier leur avait assuré que ce médicament ne posait auun problème avec l'appui des autorités de contrôle.
DR WO
16marie-hélèneLundi 7 Janvier 2013 à 16:07Je soupçonne Xavier Bertrand d'avoir lu ton blog.
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