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Saluts périlleux 2
J’ai récemment lu un article où l’auteur mettait l’accent sur l’infantilisation de la population orchestrée par l’Etat : n’embrassez pas qui vous voulez, lavez-vous les mains toutes les heures, gardez vos postillons pour vous en épargnant votre vis-à-vis, ne toussez pas dans l’atmosphère ni dans vos mains, ne vous touchez pas le visage (Trump a avoué que ça lui manquait. Il est vrai que l’on se palpe le visage plusieurs centaines de fois par jour !)), méfiez-vous des poignées de porte, des touches de clavier, ayez peur de la souris etc… Effectivement ce sont des recommandations répétées un peu agaçantes. L’auteur de l’article s’élève donc contre tous ces conseils omniprésents (ils incitent également à la panique) qui suggèrent que les gens sont un peu demeurés et irresponsables. L’ennui, c’est qu’ils le sont et qu’ils ne pensent pas à tout, les médecins eux-mêmes commettent des erreurs. Je vois autour de moi des gens qui en se rencontrant se font la bise double ou triple. Certes, j’ai aussi remarqué qu’il s’agissait le plus souvent de personnes plutôt jeunes estimant sans doute que le covid-19 ne tue que les vieux, ce qui n’est pas entièrement faux.
Depuis Semmelweiss (voir 295) on sait que les mains sont les meilleurs vecteurs des germes partagés, et la poignée de mains est le symbole de la confiance aveugle que l’on accorde à la personne à qui on serre la main, notamment quant à son hygiène.
Il y a plus de 10 ans j’avais publié un petit article que je réédite ci-dessous :
Lorsqu’on se rencontre, on se salue. Poignée de main et plus si affinité. Mais nous sommes avertis que le virus guette, prêt à sauter véhiculé par une gouttelette des orifices d’autrui à vos propres orifices ou à être convoyé par la main amicale. Alors que faire ? Parler de profil ? Se laver les mains dès que possible après en avoir serré une étrangère ? En cachette, bien sûr, si on ne veut pas vexer autrui.
Se saluer n’est donc pas aussi simple qu’il parait. Et que dire de la poignée de main elle-même qui peut déjà vous éclairer sur l’autre. Je ne parle pas de la main moite qui est un handicap et sur laquelle il ne faut porter aucun jugement. Je veux parler de deux opposées. La main énergique qui vous broie les phalanges et provoque une douleur (surtout si l'on porte une bague, ce qui est souvent le cas des femmes qui peuvent en porter plusieurs). Cet excès d’énergie me parait toujours suspect, cette main broyeuse peut cacher une faiblesse : donner l’apparence de la force qui n’existe pas. A l’opposé, rien n'est plus désagréable que la main molle qui se dépose dans la vôtre comme un steak décongelée, il est à craindre que son propriétaire soit à l’image de sa main.
Mais en ligne, je peux vous saluer sans appréhension
Illustration : Klimt « Hygie »
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Commentaires
Ne faudrait-il pas retourner au salut romain (consistant à montrer patte blanche) et modifier le simplissime "Salut, tu vas bien?" par la formule : "Salut, ami, celui qui a peur de mourir te salue de loin" ?
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Mercredi 11 Mars 2020 à 10:56
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Mercredi 11 Mars 2020 à 16:44
Il y a cette technique aussi comme alternative possible...
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Mercredi 11 Mars 2020 à 16:57
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4Souris doncMercredi 11 Mars 2020 à 11:435Spin-docteurVendredi 13 Mars 2020 à 12:476Spin-docteurVendredi 13 Mars 2020 à 20:26
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"Comme un steak décongelé": excellente image. Ou comme un poisson mort. Beurk!
On est dans la viande morte.