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PORTRAITS VI
Gustave Caillebotte "Intérieur"
ENNUILa femme debout regardait par la fenêtre fermée
Elle regardait sans regarder
Elle ne se souvenait pas de son dernier rire
Et poussa un discret soupir
Son époux était dans son dos
Il lisait son journal sans dire mot
Installé dans son fauteuil
Il tournait les grandes feuilles
Dans un bruit de papier froissé
Faisait-il semblant d'être absorbé ?
Quel ennui !
Depuis combien de temps n'avait-elle pas ri ?
Elle avait des choses à dire
Mais pourquoi les dire ?
Il n'écouterait pas
Des enfantillages encore une fois
Dira-t-il d'un air indulgent
En abaissant son journal brièvement
Alors elle eu un petit rire silencieux
En s'imaginant dans un geste malicieux
Faire avaler son journal au triste mâle
Content de lui
Qui lui servait de mari
Paul Obraska
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Commentaires
1Liza PeninonVendredi 9 Mai 2008 à 21:12Si tristement et justement beau, Paul, j'en ai des frissons ... L'ennui est-il plus doux à vivre que l'angoisse ? Je ne sais plus ... Merci de tout mon coeur pour ce magnifique commentaire, hier, Paul, il m'a tellement touché, je l'ai tellement relu ... chacun de vos mots ... Je voulais y répondre cette nuit, mais je n'ai pas toujours la "liberté" nécessaire dans l'espace restreint où je vis . J'ai été bouleversée par le fait que ayez relu et fait relire à votre entourage "Les enfants blessés" ... et cette magnifique réflexion ... Je n'ai rien pu mettre encore sur mon blog aujourd'hui, je fixe l'écran et me sens vide ... j'espère que d'ici ce soir, ne serait-ce que pour être digne de toutes les belles choses que vous m'avez dites ... j'aurai trouvé la force de me relever à nouveau ... Avec de tels encouragements, je ne peux pas rester à terre . Encore un immense merci, de tout mon coeur, et je continue ... pour vous remercier en actes . Toute mon amitié émue . LizaRépondre
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