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Par Dr WO le 20 Mai 2009 à 17:27
Dans le Sud, près de la mer,
Au bord de la route des gens pressés,
J’ai rendez-vous avec un figuier solitaire
Sur le trottoir de terre où je l’ai laissé.
J’ai rendez-vous dans son ombre,
A l’abri de la chaleur, à l’abri de la lumière,
Dans la fraicheur de son havre vert sombre,
Sous ses feuilles piquées de poussières
Venues de la route des gens pressés,
Sous ses fruits encore verts,
Petits sacs aux promesses de saveur,
Que la main tendue pouvait cueillir.
J’ai rendez-vous avec le figuier solitaire.
Je veux retrouver son odeur
Qui embaume mon souvenir,
Et dont je ne me lassais pas
Quand je venais le saluer.
J’espère qu’il sera toujours là,
Que personne n’osera l’arracher de terre,
Au bord de la route des gens pressés,
Dans le Sud, près de la mer.
Paul Obraska
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Par Dr WO le 2 Novembre 2008 à 09:45
FEUILLES
Bruissement sous nos pas des feuilles écrasées
Leurs débris odorants embaument la terre
Notre mort est moins belle que leur mort empourprée
Sous la dureté de la pierre pourrissent nos chairs
Dans les allées mordorées aux ramures nues
Les troupes noires des vivants regroupés
Marchent en murmurant sur la terre feuillue
Réceptacle sans retour de leur destinée
C’est ici que l’on empile les êtres aimés
Dans les étages d’une demeure souterraine
Dans de longues boîtes de bois effeuillé
Présences si proches et pourtant si lointaines
Ami, c’est en automne que tu m’as quitté
C’est ici, parmi les feuilles, que je t’ai perdu
Ami, tu me manques, quand reviendras-tu ?
Paul Obraska
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Par Dr WO le 6 Juillet 2008 à 16:04
VOIR LE MONDE
Je suis impatient de bouger
Voir le monde avant de mourir
Voir les merveilles de la Terre
Emplir ma tête de souvenirs
Que j'emporterai au cimetière
Peut-être irai-je voir
Les monts coiffés de neiges
De moins en moins éternelles
Barrés de rangs de gratte-ciel
Et de chapelets de télésièges
Peut-être irai-je voir
La plongée lente des soleils orange
Dans des mers d'huile de vidange
Entre les dents de béton des rivages
Peut-être irai-je voir
Le ciel d'acier plongeant dans les déserts
Les mèches rouges des puits de forage
Poussant sur les champs pétrolifères
Je croiserai peut-être sur mon chemin
Des hommes habillés de bombes
Personne ne connait son destin
Et l'heure de rejoindre sa tombe
Peut-être irai-je voir
Les arbres encore exubérants
Les dernières bêtes magnifiques
En fermant les yeux pour ne pas voir
Le sourire des potentats ventripotents
Gavés par leurs peuples affamés
Et les grappes d'enfants faméliques
Le gros ventre et les paupières mouchetées
Qui mourront peut-être avant d'être hachés
Peut-être irai-je voir
Les places, les palais et les fontaines des villes
Leurs tours et leurs bidonvilles
Les files fumantes des autos
Et les enseignes des Mac Do
Des mafias qui changent de nom
De la drogue aux coins des rues
Des enlèvements contre rançon
Des agressions pour quelques pièces
L'import-export de femmes vendues
Des jeunes qui en détresse
Louent leurs petites fesses
Ou vendent un rein en plus
Pourquoi suis-je parti ?
Parcourir les monts et les mers
Les forêts et les déserts
Les villes et leurs palais
Le décor change mais les hommes jamais
Paul Obraska
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Par Dr WO le 6 Mai 2008 à 15:38
AU BORD DU NEANT
J'aurais voulu un peu vous consoler
Comme on console l'enfant terrorisé
Par d'obscurs cauchemars rampants
Mais je suis loin et je suis impuissant
J'aurais voulu écarter les démons gris de la peur
Leurs griffes acérées font grincer de douleur
Et vous laissent sans force en vous quittant
Mais je suis loin et je suis impuissant
J'aurais voulu éteindre l'incendie de votre corps
Vous éloigner des flammes froides de la mort
Vous retenir de force au bord du néant
Mais je suis loin et je suis impuissant
Paul Obraska
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Par Dr WO le 1 Mai 2008 à 16:37
LES ENFANTS RÊVENT-ILS ENCORE ?
Devant des boîtes de conserve en fer
Rêvent-ils d'une imprenable forteresse ?
De hautes tours découpées sur un ciel lunaire
Où sont prisonniers un roi et une princesse
Qu'ils délivreront des hordes guerrières
Inventent-ils des monstres inconnus ?
Pour se prouver qu'ils n'ont pas peur
Les monstres seront bien sûr vaincus
Par l'enfant intrépide devenu gladiateur
Rêvent-ils devant un long bout de bois ?
Que par magie ils transformeront en galère
Lancée à la poursuite des méchants aux abois
Qui seront capturés par les enfants corsaires
Leurs rêves sont-ils déjà préfabriqués ?
Par le prêt-à-rêver des adultes commerçants
Par les boîtes électroniques d'images animées
Devant les lutins tout faits virevoltant sur l'écran
Devant des monstres de plastique déjà imaginés
Par des aventures que d'autres ont inventées
Les mêmes pour les enfants du monde entier
Enfin pour les enfants de ceux qui peuvent payer
Partout les boîtes de rêves industriels s'achètent
Pour gaver des enfants capables de tout imaginer
Eux qui ont des rêves plein la tête
Des rêves à eux qui restent coincés
Par des machines sans vie
Alors laissons-les rêver
Ces petits
En liberté
Paul Obraska
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