• Pédoclastes

    Pédoclastes

    Utiliser le terme de pédophiles pour qualifier les individus qui abusent des enfants en utilisant le pouvoir que leur donne leur position d’adulte souvent renforcée par leur statut d’autorité, me paraît être un abus de langage. Le néologisme de pédoclaste me semblerait plus approprié.

    Ces derniers jours nous avons assisté à un remue-ménage et un remue-méninges dans les splendeurs du Vatican. Les choses ont été dites et le Haut clergé s’est battu la coulpe en jurant un « plus jamais ça » dont on connaît l’efficacité dans d’autres domaines. Mais pour paraphraser Camus : bien nommer les choses c’est peut-être retirer un peu du malheur monde.

    Des déclarations du Pape lors de la clôture des quatre jours d’auto-flagellation que j’ai pu lire dans la presse, j’en ai retenu trois qui tendraient à adoucir cette flagellation :

    - "Cela me rappelle la pratique religieuse cruelle, répandue par le passé dans certaines cultures, qui consistait à offrir des êtres humains –spécialement des enfants- en sacrifice dans les rites païens ». Comparer l’abus sexuel des enfants au sein de l’Eglise, lieu de croyance, pour satisfaire le plaisir malsain d’un prêtre, avec le sacrifice d’êtres humains destiné à satisfaire, non le plaisir d’un seul, mais les croyances d’une communauté et avec l’assentiment de celle-ci, me semble une comparaison osée. C’est en quelque sorte voir les déviations des prêtres catholiques sous un angle religieux.

    - Le pape a beaucoup insisté sur les dérives de certains membres du clergé "devenant un instrument de Satan". Ce qui pourrait s’interpréter comme une défense des prêtres coupables, car être un instrument, c’est être manipulé. Dans ces conditions le coupable est davantage le manipulateur que le manipulé qui ne ferait que subir la volonté du Malin, encore faut-il croire à l’existence du démon.

    - "Nous sommes, donc, devant un problème universel et transversal qui, malheureusement, existe presque partout". Et le pape n’a pas hésité à sortir des statistiques sur les abus sexuels perpétrés dans le monde, dans toutes les sphères de la société : familles, écoles et milieux sportifs. Voilà une façon inattendue de séculariser les prêtres catholiques : ils font comme tout le monde (sauf se marier), et ils ne sont donc pas plus coupables que les autres. Vraiment ?

    Auguste Dutuit (1812 – 1902) : « La leçon de chant des enfants de chœur dans une sacristie de Rome »

    « Clown tragiqueNos exportations se portent mieux »

  • Commentaires

    1
    Lundi 25 Février 2019 à 19:20
    Pangloss

    Ils sont autant coupables que les autres, que tous ceux auxquels leur statut (prêtres de toutes religions, enseignants, éducateurs) donne une autorité morale, ceux à qui on fait confiance a priori.

      • Lundi 25 Février 2019 à 19:38

        Existe-t-il des degrés dans la culpabilité ? Je ne sais pas. Mais il me semble que l'autorité morale du prêtre est double car outre la moralité de chacun, il doit en plus assumer celle du chrétien exemplaire.

    2
    Mardi 26 Février 2019 à 08:33

    On pensait au départ qu'il s’agissait de quelques brebis galeuses, mais année après année on apprend que les faits étaient très répandus dans une corporation qui passait pourtant son temps à nous dire que le sexe c'est péché, même entre adultes célibataires consentants. 

     

    PS : ceci dit, une grande nouveauté  mérite d'être soulignée : on peut donc désormais condamner des crimes commis par des religieux sans être obligé de préciser à chaque phrase qu"il ne faut faire d'amalgame, que la grande majorité de prêtres vivent dans l'abstinence et qu'il ne faut pas instrumentaliser le combat des victimes, etc..."    smile

      • Mardi 26 Février 2019 à 08:43

        C'est l'hypocrisie de ces prêtres qui est de taille : une multiplication de Tartuffe...sans faire d'amalgame.

    3
    Mardi 26 Février 2019 à 20:18

    J'espère, très sérieusement et très sincèrement, me tromper et passer pour le maniaco-sceptique de service mais, sans nier (évidemment !!! - je n'en suis pas encore là...) la grande majorité des drames évoqués, je ne peux pas m'empêcher d'entrevoir une certaine similitude, mais toute proportion gardée, entre cette actualité brûlante (comme dirait "Satan" mad ) et celle qui précédait et/ou suivait celle relative au très médiatique et populaire "#balance-ton-porc".

     

    J'espère, très sérieusement et très sincèrement, me tromper...

      • Mardi 26 Février 2019 à 20:53

        Bien sûr qu'il y a une similitude. La sexualité dans ses abus restait souterraine car les abusé.e.s (là je me permets) choisissaient de se taire. A présent tout est mis sur la place publique et parfois d'une façon un peu trop démonstrative. Ces déballages peuvent aussi connaître des abus, mais s'ils sont nécessaires (car comment faire autrement ?), j'ignore s'ils seront efficaces.

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :