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Par Dr WO le 29 Mai 2016 à 18:19
L’Europe M’a offert dès le début
Ses peuples sombrant dans la guerre,
Dans un grand massacre inattendu
Pour de misérables talus de terre.
Les soldats creusaient leurs tombes,
En sortaient tels des spectres pour mourir,
Les membres amputés par les bombes.
On fête en Novembre leur souvenir.
Aujourd’hui les chefs d’Etat allemand et français marchèrent côte à côte
Le long des rangées de croix alignées comme des soldats à la parade
Maigres témoins uniformes dressés sur des squelettes juvéniles.
Une longue marche sous la pluie parmi les morts inutiles
De Verdun
Un ossuaire ordonné que seul le silence devrait saluer
Un silence de mort que personne ne devrait troubler
Que les vivants se taisent, surtout les imbéciles
Tout chant ne peut être que funèbre
Laissez les morts tranquilles
Dans les ténèbres
Sacrifiés
Paul Obraska
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Par Dr WO le 20 Mars 2016 à 15:12
Sur des places publiques
Au coin de rues passantes
Dans des foules pacifiques
Dans des lieux où l’on chante
Des inhumains mercenaires
Délinquants débiles et perdus
Gorgés de légendes primaires
Etouffant d’une haine éperdue
Meurent en se faisant exploser
Dans un feu d’artifice de chair
Et de molles entrailles dispersées
Le corps brûlant des feux de l’enfer
Pour une promesse de paradis rêvé
Disparait dans un néant sanguinaire
Paul Obraska
Illustration Chu Teh-Choun
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Par Dr WO le 10 Janvier 2015 à 12:44
Outils pour tuer forgés dans l’enfer
Métal ouvragé pour répandre la terreur
Les hommes l’implantent dans la chair
Afin que coulent le sang et les pleurs
Piques, lances, épées à embrocher
Flèche et couteau plantés dans le cœur
Couperet et hache à décapiter
Mine dans les membres du marcheur
Eclat d’obus dans le ventre éclaté
Pluie de métal tombant à l’aurore
Vague de balles trouant l’innocent
Masque de plomb coulé par la mort
Corps farcis de métal taché de sang
Et dans les forges inépuisables de l’enfer
On forgera d’autres hommes de terreur
Qui viendront avec leur panoplie de fer
Verser à nouveau le sang et les pleurs
Paul Obraska le 10 janvier 2015
Picasso : « Guernica »
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Par Dr WO le 11 Novembre 2012 à 09:26
Au seuil du XXe siècle, c’est un cri d’horreur,
Le petit homme de Munch entend la clameur
Qui s’élèvera vers le ciel les cent ans à venir.
Il sait que les hommes rivaliseront dans le pire.
Des champs incisés de tranchées cimetières
Avec plus de chair broyée que de terre.
Les hommes effacés par les dictatures,
Le cri obstiné des opposants sous la torture,
Le cri étonné des peuples exterminés,
Seulement coupables encore d’exister,
Le cri étouffé dans les chambres à gaz,
Le cri gémissant que les décombres écrasent.
Les hommes devenus atomes avant d’être poussières,
Sans avoir le temps de crier ou de faire une prière.
Les torches humaines par le napalm incendiées.
Les foules, déplacées, réfugiées, déportées.
Femmes éventrées, corps décapités, corps explosés,
Par des bourreaux rendus fous par un Dieu dévoyé.
C’est le cri des affamés que les mouches achèvent,
Le cri épuisé des noyés avant d’atteindre leur rêve,
Le cri horrifié des êtres humains hachés,
Le cri affolé des enfants qui en jouant,
Perdent leurs pieds dans les champs…
Alors, on se bouche les oreilles comme le petit homme,
On vit, on rit, on jouit, pourquoi pas ?
Mais le cri est toujours là,
Tant qu’il y aura des hommes.
Paul Obraska
Edvard Munch « Le cri » 1893
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Par Dr WO le 20 Mars 2012 à 09:38
Chagall « Crucifixion blanche »
Qu’il est pâle
Le Christ blanc de Chagall !
Mon pauvre Dieu !
Qu’ont-ils fait de ta bonté !
Tu prêchais pour le Royaume des Cieux
Et les tiens sur la Terre ont été rejetés
Mon pauvre Dieu !
Ils disent que le Testament
Ecrit par tes aïeux leur est destiné
Même tes prophètes ont été confisqués
Crois-tu qu’ils sont reconnaissants
D’avoir partagé l’héritage ?
Ils s’estiment les seuls légitimes héritiers
Et pour être les seuls, vont jusqu’au carnage
Mais ton peuple est toujours là, obstiné
Comme un remords, il reste vivant
Toujours massacré
En tout lieu, en tout temps
Tu dois t’en mordre les doigts
Christ blanc
S’il t’en reste, là-haut sur ta croix
Où que tu sois
Ainsi soit-il
Paul Obraska
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Par Dr WO le 25 Avril 2011 à 10:20
LE RETOUR DE LA NUIT
Branlant sur leurs membres décharnés
Les morts étonnés revinrent à la vie
Sortis du monde de l’obscurité
Leurs yeux de taupe furent éblouis
Par les lumières qu’ils avaient oubliées
Alors ils fermèrent les yeux
Il n’y avait pas de mots pour traduire leur nuit
Et ils restèrent silencieux
Et quand les mots venaient à leur esprit
Ils mourraient sur leurs langues figées
Ils couvraient l’encre bleue de leur bras
Comme s’ils avaient honte d’avoir été torturés
Ils craignaient que les autres ne les croient pas
Ils restèrent longtemps silencieux
Puis ceux qui trouvèrent les mots pour le dire
Témoignèrent pour les taiseux
Pour ceux qui enterraient leurs souvenirs
Et les revivaient dans l’insomnie
Et d’autres se suicidèrent
Après leur retour à la vie
Brûlant le lambeau de lumière
Qu’ils avaient arraché à la nuit
Paul Obraska
George Grosz « Heureux d’être de retour » 1943
Le dernier dimanche d'avril est la "Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation".
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Par Dr WO le 14 Mars 2011 à 09:34
LES SURVIVANTS
Dans un monde d’orgueil qui s’efface
Dans l’espace mortellement vitrifié
Dans les nuages de vapeurs soufrées
Sur le dos encore chaud d’une carcasse
Dans un monde qui fut vertical
Dans un monde de fer et de béton
Dans les fumées grises de plomb
Sous des os saillants de métal
Dans un monde d’inertie
Sans bêtes, sans humanité
Sans arbres, sans prés
Sans fleurs, sans fruits
Dans un monde dantesque
Monstrueux, jaune et gris
Absurde et déconstruit
Aux restes grotesques
Un homme et une femme nus
Leurs chairs orangées
Fondues dans un baiser
Ont un temps survécu
Paul Obraska
Mstislav Dobuzhinsky : "Le baiser"
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Par Dr WO le 24 Janvier 2011 à 16:56
QUI SAIT ?
Qui sait si un jour vous n’allez pas déplaire ?
Vous ne saurez pas toujours pourquoi
Et que pouvez-vous y faire ?
On ne peut être que soi
Parce que vous êtes l’enfant
De votre père ou de votre mère
Parce que vous êtes noir dans un pays de blancs
Parce que vous êtes blanc dans un pays de noirs
Parce que les autres vous pensent différent
Parce que vous n’avez pas la même histoire
Mais ce n’est pas votre histoire !
Ce sont des histoires de trépassés
Chaque vivant traîne des morts
Comme des racines déterrées
Certains en sont fiers
On se demande pourquoi
On n’est responsable que de soi
Et encore
Vous risquez un jour de déplaire
Parce que vous pensez ce qu’ils ne pensent pas
Parce que vous ne croyez pas ce qu’ils croient
Parce que vous êtes pauvres dans un pays de riches
Parce que vous êtes riches dans un pays de pauvres
On peut vous haïr parce qu’on envie ce que vous êtes
On peut aussi vous haïr pour rien quand on est bête
Mais la haine, l’envie, la bêtise, ce n’est pas rien
On se retrouve dans un camp séparé des siens
On vous achève d’une balle à bout portant
On vous met la tête dans un nœud coulant
On vous tranche les oreilles et les mains
On vous gaze, on vous brûle, on vous enterre
Parfois on vous torture avant
Pour de faux aveux aux vrais assassins
Vous risquez un jour de déplaire
Peut-être même à votre voisin
Même si vous semblez lui plaire
Parce qu’il vous sourit chaque matin
Sera-t-il un jour votre délateur
Ou même votre assassin
Ou au contraire votre sauveur ?
Qui sait ?
Paul Obraska
Francisco Goya : « Le 3 mai 1808 » (1814)
20 commentaires -
Par Dr WO le 2 Octobre 2010 à 16:47
George Grosz « Les piliers de la société » 1926
ET C’EST AINSI.
Le prêtre, les bras tendus et le sourire mielleux, rassemble le troupeau.
Derrière lui, le soldat dresse une épée de sang et pointe son révolver,
Il est prêt à enrôler les brebis mis en rang et les mener au tombeau.
Le meneur éructe un discours enflammé en ingurgitant sa bière,
De la pointe d’une rapière il embroche fièrement l’ennemi exécré.
Il restera à l’arrière en poussant les autres à se faire massacrer.
Celui qui a troqué son cerveau contre un verre, en agitant un petit drapeau,
Celui, la tête couverte, pleine de slogans haineux et de pensées merdiques,
Soigneusement farcie par les colonnes alignées en rangs des journaux
Et c’est ainsi que se préparent les guerres
Entre bouc émissaire et idiots fanatiques
Ivres de mots et de chopes de bière
Paul obraska
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Par Dr WO le 22 Août 2010 à 17:35
A partir d’une photo prise au Pakistan (Arif Ali /AFP) et publiée par Le Point du 19/08/10
MANNE
Hérissant les corps agglutinés
Des bras se tendent vers le ciel
Comme des branches dénudées
Sous une pluie providentielle
De ses pattes le grand oiseau de fer
Frôlent les têtes dressées pour la becquée
Les faces crispées par un espoir amer
Bouches ouvertes et ventres affamés
Les hommes et les enfants déguenillés
Dressent leurs mains dans un même geste
L’oiseau n’a peut-être plus rien à donner
Un homme s’enfuit courant le dos courbé
Serrant à deux mains la manne céleste
Pour que personne ne puisse la dérober
Paul Obraska
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