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Par Dr WO le 24 Mai 2009 à 11:26
Goya : "Scène de l'Inquisition"
INQUISITIONJe ne veux que ton bien. Tu dois te dépêcher de laver l’âme de tous tes péchés et je ne suis là que pour t’empêcher de brûler en Enfer. Alors, par la croix, tu dois croire ce que je crois, tu dois penser ce que nous pensons et agir selon notre Foi pour être sauvé.
Mais si on me dit que tu agis sans penser ce que je pense, je devrai te faire avouer que tu simules nos croyances et ce sera à Dieu de te juger. Lui ne peut se tromper. Pourquoi avoir peur ? Si tu es dans l’innocence et si tu as la vraie Foi, tu n’a pas à craindre la souffrance, tu supporteras la douleur, car Dieu veillera sur toi.
Si tu penses que ce n’est pas la vérité, si tu n’as pas confiance en notre Seigneur pour te sauver, alors tu ne crois pas ce que nous croyons. Les fers te feront avouer ton imposture et tu finiras dans les flammes du bûcher avant d’entrer dans les feux de l’Enfer.
Paul Obraska
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Par Dr WO le 16 Avril 2009 à 17:47
RETOUR DE CROISADEVoilà les marches du château de mes aïeux
La grosse tour ronde à chapeau pointu
La chaleur du foyer et le calme ennuyeux
Le soldat de Dieu est de retour, fourbu
On me croyait sans doute mort
Parti depuis tant d’années loin des miens
De contrées en contrées, de ports en ports
Poussé par la Foi et l’appât du gain
Les villes terrorisées par nos fières armées
Que d’aventures, de triomphes et de peurs !
Des juifs au passage passés au fil de l’épée
Avant de délivrer le tombeau d’un des leurs
Les splendeurs de Byzance entre nos mains
Croisés, nous étions les soldats de Dieu
Mais le Diable a parfois croisé notre chemin
Que le Ciel nous pardonne, nous étions pieux
Nous avons chevauché les déserts et les monts
Dans nos armures éclatantes sous le soleil
Miroirs au galop chargeant tels des démons
Les bédouins éblouis n’avaient rien vu de pareil
Nous avons été sans merci pour les infidèles
Des Turcs rôtis à la broche en toute charité
Le Ciel, j’en suis sûr, approuvera notre zèle
Pour des soldats de Dieu, il n’y a pas de pitié
La Terre Sainte arrachée à nos ennemis
Les lieux saints désormais préservés
Des Sarrasins qui les avaient conquis
Et des Juifs, maudits pour les avoir créés
Nous l’avons prouvé par nos exploits
Nous étions les soldats du Dieu vivant
Par le torrent de sang versé pour notre Foi
Notre Foi n’est-elle pas née dans le sang ?
Voilà les marches du château de mes aïeux
Je ne ramène qu’une épée ébréchée
Des récits sans fin pour le coin du feuEt quelques blessures mal fermées
Paul Obraska
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Par Dr WO le 10 Mars 2009 à 17:41
LE GLAIVEGlaive brandi haut à La Mecque ou à Rome
Sur le seuil sacré des maisons de prières
Tu as enfoncé Dieu dans le cœur des hommes
Tu as peuplé d’infidèles les champs des cimetières
Tu as donné le choix aux peuples conquis
Entre vivre esclaves ou faire tes prières
Des déserts d’Afrique aux steppes d’Asie
Des plaines d’Espagne aux Andes d’Amérique
Tu as coupé les têtes de la rébellion
Avant que les prêtres les remplissent d’illusions
Tu as saigné l’humble supplique
Tu as planté la graine de l’espoir
Tu as tranché la bonne nouvelle
Pour continuer à vivre, obligés de croire
Les peuples à genoux devinrent fidèles
Les hordes illuminées, le poing serré sur le glaive
Continuent à caracoler à l’abri des Lumières
Offrent leur paradis et imposent leur rêve
Sur le seuil ensanglanté des maisons de prières
Paul Obraska
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Par Dr WO le 23 Janvier 2009 à 17:00
Robert Campin « La trinité affligée (le trône de Dieu) »
MELODRAME DIVINDieu sur Son trône Se tient Lui-même dans Ses bras,
Sa part souffrante comme un pantin inerte
Que le montreur abandonne à sa perte.
Un Dieu éternel peut-Il souffrir et mourir ici-bas ?
Si la mort de l’homme est le châtiment de la vie,
Elle fait partie de la perfection du Seigneur,
Capable de vivre l’agonie et de mourir en acteur
Pour Se relever à la fin et être applaudi.
Le Père sur Son trône semble affligé.
Mais pourquoi en voudrait-Il aux humains ?
Ne s’est-Il pas envoyé sur terre pour être tué ?
Les acteurs ont suivi le script de Son dessein.
Pourquoi culpabiliser les hommes ?
Sans supplice le message serait tombé à plat,
Sans Golgotha pas de Rome,
Pas de Christianisme sans croix.
La Bonne Nouvelle a pu se répandre
Une fois le sang du supplice versé
Et le Héros revenu de Ses cendres.
Le mélodrame divin s’est bien terminé.
Paul Obraska
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Par Dr WO le 9 Novembre 2008 à 09:19
Salvador Dali "Le Christ de St Jean sur la croix"
TRANSITQui suis-je ? Homme ou Dieu ?
Diantre ! Les deux ?
Où suis-je ? Entre la terre et les cieux,
En transit, entre les deux.
Difficile de trouver sa place dans l’univers.
Où vais-je ? Comme tous : à la recherche du Père.
Alors c’est décidé, je rejoins l’Eternel.
Son regard pèse sur mes épaules,
Je suis en route vers le ciel,
J’ai terminé mon rôle.
De Là-Haut, Il me voit, cloué sur ma croix, revenir.
Dommage. Mais j’emporte de beaux souvenirs,
En montant je regarde l’eau refléter les cieux,
Les villes bruyantes et les déserts silencieux,
L’argent des montagnes et l’or des plaines,
Les mortels entre plaisirs et peines.
Je me souviens de la douceur et du charme féminins,
J’ai regardé vivre les femmes avec des yeux humains,
Et je me demande si ce n’est pas d’abord l’homme
Qui, emporté par son désir, a croqué la pomme,
Et accusé la femme de lui avoir forcé la main.
Enfin quel que soit le coupable, j’ai racheté leurs fautes,
Mais ils continuent et pour pécher aucun n’hésite,
Je ne peux pas descendre à chaque fois qu’ils fautent,
Ne devrais-je pas, mon Père, rester en transit ?
Paul Obraska
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Par Dr WO le 5 Octobre 2008 à 16:38
Andréa Mantegna "Christ mort"
ELLES SONT LADevant le corps mort
Il y a des femmes qui prient
Des femmes qui contemplent le mort
En y cherchant encore une trace de vie
Surtout les femmes vieillies
Celles qui sont plus près de la mort
Qu’elles apprivoisent par des soupirs
Comme elles ont apprivoisé la vie
Cette vie qu’elles ont couvée dans leur corps
Ce corps qu’elles ont mis des mois à nourrir
Et qui va maintenant se putréfier
Sans pouvoir le retenir
Les femmes tiennent les deux bouts de la vie
Elles sont là aux deux extrémités
Elles sont là quand on nait au premier cri
Elles sont là quand on meurt pour l’éternité
Elles donnent la vie
Elles soignent le mort
Elles veillent le corps
Les hommes sont partis
Paul Obraska
LE DERNIER TOURNon, Milord, ce n’est pas correct
On vous a vu blessé
On vous a vu saigner
On vous a vu souffrir
On vous a vu agoniser
On vous a vu mourir
Et voilà que vous surgissez du tombeau
Dans la lumière, intact, vivant
Comme si rien ne s’était passé
A un détail près pourtant :
Vous avez des ailes dans le dos
Non, Milord, ce n’est pas correct
Nous étions tous effondrés
Votre mère éplorée
A caressé votre tête sur ses genoux
La pauvre faisait pitié
Essuyant le sang suintant des trous
Non, Milord, on ne joue pas à périr
On ne tourne pas la mort en dérision
Car nous, Milord, nous allons mourir
Vraiment
Définitivement
Paul Obraska
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Par Dr WO le 15 Septembre 2008 à 17:13
Chaim Soutine " La cathédrale de Chartres"
CATHEDRALESDans le désert
Il ne pensait pas aux cathédrales
A ces vaisseaux lancés à la verticale
A la fraîcheur de leurs pierres
Au silence murmuré des prières
Au soleil sur les vitraux plombés
Dans la pénombre de morgue
Aux statues blafardes éplorées
Racontant des légendes du passé
Sous le souffle grave des orgues
Dans les cathédrales
Il avait la nostalgie du désert
De l'immensité jonchée de pierres
De l'horizon horizontal
Se glissant entre ciel et terre
De la rosace du soleil blond
De la chaleur pure de l'air
Sous une voûte bleue de plomb
Dans le vent aigu du désert
Loin des dentelles de pierre
Loin des idoles des chapelles
Il était né dans le désert
Où la terre est si proche du ciel
Où l'homme est si solitaire
Et se sent si mortel
Paul Obraska
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Par Dr WO le 13 Septembre 2008 à 12:01
Salvador Dali "Ascension"
LE MONDE EST A MES PIEDSEt le monde est à mes pieds.
Moi qui prêchais la modestie et l'égalité,
Ils se mettent à genoux devant ma figure,
Devant le marbre, le plâtre et la peinture.
Ils me représentent dans les églises et les rues,
Ils baladent à bras d'hommes ma statue,
Je suis peint sur des milliers de tableaux,
A dire vrai je ne me voyais pas aussi beau.
Mais comme nourrisson ils ne m'ont pas réussi,
Contrairement à ma mère toujours très jolie,
Ils aiment beaucoup la promener dans les rues,
Ou la faire apparaître à des enfants perdus.
Ceux qui me représentent ne m'ont jamais vu.
Pour croire en moi ils ont besoin d'une statue,
Alors que nous voulions chasser les idoles
De nos temples et les animaux qu'on immole.
Comme eux j'ai beaucoup aimé ma mère,
L'adoration qu'on lui porte ne me rend pas amère,
Mais ils disent que ses statues pleurent du sang !
Et pourquoi tous ces saints qu'on sollicite en priant ?
Je confesse que je suis peiné par cette idolâtrie.
Ces gens qui se traînent à genoux devant une effigie,
Qui se découvrent, pleurent et prient devant elle,
Comme si se nichait dedans le Père Eternel.
Dois-je réapparaître pour corriger les choses ?
L'histoire recommencerait et ça me rend morose,
De nouveaux tableaux, de nouvelles statues,
Et peut-être qu'à me voir enfin seraient-ils déçus
Paul Obraska
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Par Dr WO le 26 Août 2008 à 18:24
Rembrandt "Descente de la croix"
PESANTEURQu'il est lourd le corps
Os, muscles et viscères
Plongés froids dans la mort
Le corps mort se laisse faire
Tête oscillante, bras ballants
Dépouille pâle abandonnée
Pantin désarticulé brimbalant
Porté par l'un et par l'autre tiré
Que la mort est lourde à porter !
Elle pèse sur chaque vivant
Un poids que la mort emportera
Alors les autres s'occuperont du trépas
Et vous serez ce pantin brimbalant
Ce poids mort dans leurs bras
Paul Obraska
Rubens "La mise au tombeau" (détail)
MORBIDELes martyrs pour ne pas vivre la mort en vain,
Ne doivent pas disparaître sans souffrir.
Les saints rencontrent dans la mort leur destin,
Pour exister, ils doivent d'abord mourir.
Plus les chairs flagellées ruissèlent de sang,
Plus les fidèles en garderont le souvenir.
Les croyants clapotent dévotement
Dans le sang des martyrs.
Les fidèles dissèquent les agonies,
Contemplent les dépouilles torturées,
Les stigmates des chairs meurtries,
Et les restes des corps déchiquetés.
Adorateurs inlassables des sacrifiés,
Collectionneurs de reliques mortuaires,
Clouant sur les murs un supplicié cloué,
Un gibet au cou et aux flancs une haire.
Les spectacles sanglants ne sont pas gratuits,
Pour le sacrifice que personne n'a demandé,
Il sera exigé des fidèles un prix :
La culpabilité.
Paul Obraska
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Par Dr WO le 27 Juin 2008 à 09:29
Hiéronymus Bosch "Le Christ portant sa croix"
MALEDICTIONDans le tableau de Hiéronymus Bosch
« Le Christ portant sa croix »
L'horrible foule toute proche
Fait comme s'Il n'existait pas
Le visage du Christ est serein
Il souffre mais c'est pour ressusciter
Les faces de la foule sont celles du Malin
Le peuple de Jésus est déjà condamné
La foule démoniaque se presse contre Lui
L'entoure mais ne Le regarde pas
Les gens parlent du temps et de la pluie
Dans l'espoir qu'Il ne leur parle pas
Car celui qui L'avait écouté un instant
Mais refusé de l'aider à porter sa croix
Fut condamné jusqu'à la fin des temps
A marcher jusqu'à Son retour ici-bas
Paul ObraskaTitien "Crucifixion"
LE CRUCIFIE SOLITAIREMais que se passe-t-il ? je suis seul sur ma croix !
Où sont passés les figurants ?
Au début nous étions trois
La croix sur le dos, ils ont levé le camp
Ils ont cru que le spectacle était fini
Dès qu'ils m'ont vu cloué
Et ils sont tous partis
Pas un Romain pour m'embrocher
Pas un fidèle à mes pieds
Pas une mère pour me pleurer
Qu'il est triste d'être un crucifié solitaire
Personne pour me voir souffrir
Ils avaient sans doute mieux à faire
Mais il n'y a pas de sacrifice
Si personne n'est là pour l'applaudir
Enfin ce n'est pas rien d'être Son Fils
Ils auraient pu rester jusqu'à la fin de la scène
Le drame avait été promu et annoncé
J'avais préparé les rôles à la Cène
Ils n'ont pas compris et m'ont abandonné
Je suis seul sur ma croix comme un brigand
Pas une âme charitable pour me déclouer
Je sens que je vais y rester deux mille ans
Paul Obraska
2 commentaires
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