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Par Dr WO le 12 Juin 2008 à 16:46
Le Caravage "La prise du Christ"
L'ARRESTATIONOn était sous l'Occupation
Marqué il se savait menacé
Par la police et les étrangers
Prêts à mater toute rébellion
Les collaborateurs de l'ennemi
Prêts à vous donner pour rien
On se cachait pour rompre le pain
On se méfiait même de ses amis
La milice vint au petit matin
Conduite par son délateur
Qui le désigna dans le jardin
Il avait vécu la nuit dans la peur
A présent il n'espérait plus rien
Puisqu'il connaissait son destin
Paul Obraska
Le Caravage "Ecce homo"
UN CAS DIFFICILE« Voici l'homme » dit le professeur Pilate
En montrant un patient trentenaire
Que l'assistant avait recouvert
D'un manteau écarlate
Le professeur s'adressait à l'assemblée
Venue pour entendre un verdict éclairé
Sur cet homme emmené par l'entourage
Et dont nul ne comprenait le langage
Le patient portait une couronne d'épines
Un roseau en guise de sceptre dans la main
Pilate commenta tout en faisant l'examen
Ce cas bien difficile dépassant la médecine
Le patient se prenait pour Dieu
Ce qui était assez banal en somme
Mais en lui Dieu se prenait pour un homme
Ce qui rendait son cas épineux
Certains le prenaient aussi pour un roi
Sans royaume il admettait sa royauté
Et le professeur compta sur ses doigts :
C'était une trinité de la personnalité
La preuve était que les trois personnes
En une se parlaient sans cesse entre elles
L'une priait vers elle-même qu'elle lui pardonne
Ou se faisait des reproches adressés au ciel
Cet esprit n'était pas sain
Conclut le professeur médecin
Et il prescrivit un traitement
Qui provoqua la mort du patient
Ce cas difficile a fait couler beaucoup d'encre
Depuis des siècles le monde se penche dessus
Le professeur Pilate n'était qu'un cancre
Et il faut mettre une croix sur sa cure indue
Paul Obraska
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Par Dr WO le 1 Juin 2008 à 09:33
Tintoret "Le Christ lavant les pieds de ses disciples"
LA CENEJe sais de quoi je cause
J'ai assisté à la Cène
Tout le monde était morose
L'ambiance était malsaine
Sans Passion
D'ailleurs je n'ai rien mangé
J'aurai préféré mourir d'inanition
Ce fut un sacré dîner
Pour commencer Il a dit :
« Voici ce que sera l'Eucharistie :
Mon corps est dans ce pain
Mon sang est dans ce vin »
Le silence est tombé sur la salle
J'ai eu l'appétit coupé
On n'est pas des cannibales
Alors j'ai préféré jeûner
Personne n'avait envie de se mettre à table
Sauf Judas
Judas semblait le plus aimable
Et Lui souriait pendant le repas
On a rompu le pain, regretté le vin
Rouge comme du sang dans un carafon
Sans toucher à rien
Pourtant le pain paraissait bon
Nous le savions
Qu'Il était bon comme du bon pain
Il a même voulu nous laver les pieds
Pourtant nos vilains pieds salis
N'étaient pas en odeur de sainteté
Pas de quoi ouvrir l'appétit
Il y avait sur le napperon une tache de vin
Comme celles qu'on voit sur les peaux de lait
Le vin gouttait du carafon trop plein
Car personne n'en buvait
Nous, on ne voulait pas verser du sang
Nous, on tendait l'autre joue aux mécréants
Je n'ai su qu'après, bien après
Que du sang serait versé en notre nom
Oh ! Pas quelques gouttes sur un napperon
Oh ! Pas des carafons
Des tonneaux pleins
Pleins de sang à la place du vin
Paul Obraska
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Par Dr WO le 24 Mai 2008 à 10:17
Rembrandt "La résurrection de Lazare"
LE REVEIL DE LAZAREJe suis dans un sommeil sans rêves
Très profond tel un repos éternel
Et j'entends une voix qui m'appelle
Je connais cette voix qui s'élève
Que dit-elle ? Qu'il faut que je me lève !
Et que je marche ! Et encore quoi !
Moi je ne marche pas
Je suis au frais dans un sommeil de rêve
Je fais le mort et garde les yeux fermés
Je n'ai pas l'intention de me lever
Et subir encore les tracas de la vie
Subir le joug de l'Occupation
Subir les persécutions
Jamais de la vie !
Paul Obraska
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Par Dr WO le 5 Mai 2008 à 16:59
Chagall "Le violoniste"
LE PETIT JUIF ERRANTOU LA FUITE EN EGYPTE
Déjà juif si petitUn petit juif en Egypte, déjà errant
Cependant, lui, reviendra au pays
Pour y être fixé définitivement
Alors il n'apprendra pas le violon
Car pour un juif errant
Le violon c'est épatant
C'est un fidèle compagnon
C'est petit, ce n'est pas encombrant
On peut l'amener partout
On peut en jouer n'importe où
Même sur un toit
Même dans le ciel
Même chez les rois
Même dans les ruelles
Tout dépend de l'artiste
Et quand fatigué d'errer
L'artiste devient triste
Il le fait sangloter
Tout contre soi
Planté dans sa chair
Amer
Il peut même verser une larme dessus
Le violon, lui, comprendra
Il ne se fâchera pas
Emu
Il jouera encore mieux
Exilé en Egypte, un juif errant encore petit
Aurait pu apprendre à faire chanter un violon
Mais de retour au pays, il ne parlera que des cieux
Ne jouant pas au violon, il jouera au Messie
Et on finira par n'entendre que sa partition
Sur la terre comme au ciel
Surtout sur la terre
Car dans le ciel personne n'est là pour écouter
Paul Obraska
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Par Dr WO le 25 Avril 2008 à 09:31
Albrecht Dürer 1498 et 1526LA VIERGE ET L'ENFANT
Pour faire un tableau de la vierge et l'enfant
Il est simple de prendre une belle jeune femme
Même si elle n'est pas vierge depuis longtemps
L'important est que son visage exprime son âme
Le plus difficile à trouver est le modèle de l'enfant
Il doit être sérieux, laid et un peu hydrocéphale
Avec le visage pénétré d'un adulte pensant
Et s'il est circoncis ce n'est pas plus mal
Vous voyez qu'un tableau de la vierge et l'enfant
N'est pas si simple à faire même avec du talent
Comment trouver un petit enfant qui convienne ?
Les bambins ne sont guère tristes et sont plutôt beaux
Les hydrocéphales sont soignés dans les hôpitaux
Hélas ! On ne peut plus peindre à l'ancienne
Paul Obraska
Nicolas Poussin "La Sainte Famille"
PHOTO DE FAMILLERetouchée par Poussin,
C'est une très vieille photo,
Passant de mains en mains,
De père en fils, depuis l'an zéro.
L'artiste n'a pu empêcher les angelots
De figurer nus sur le portrait de famille
Et de jouer, facétieux, avec la charmille.
On ignore jusqu'à ce jour les liens de parenté
De la femme accroupie et de celle debout,
Comme du petit rouquin, peut-être jaloux
Du divin bambin qu'on lui a préféré.
La mère est fière de son dernier-né.
La rumeur dit que c'est son premier
Et qu'elle n'a pas perdu sa virginité.
Un voyant venu des cieux du nom de Gabriel
A prédit à son enfant un destin exceptionnel.
A le voir sur sa mère, il a déjà trouvé sa voie
En écartant ses petits bras en croix.
Le mari fait bonne figure, bien que marri,
Cocu magnifique, il a trouvé son destin,
Complaisant, il accepte le fait accompli.
A son épouse, il ne s'est jamais plaint
De cette grossesse involontaire.
Même s'il n'y est pour rien,
On peut compter sur lui :
Il sera un bon père
Pour cet enfant naturel,
Procréation assistée du ciel.
Paul Obraska
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Par Dr WO le 2 Avril 2008 à 16:29
Robert Campin "L'Annonciation"
SECRET D'ALCÔVEAlors que l'Ange Gabriel s'est déplacé
Pour porter des cieux le message à Marie,
Celui de la naissance miraculeuse annoncée,
La femme fidèle ne regarde pas l'intrus et lit.
Elle est sans doute absorbée par la Bible,
Sans savoir qu'une suite sera ajoutée,
Sans savoir qu'elle est devenue la cible
D'une insémination contre sa volonté.
Cette histoire ne semble pas la concerner.
Par contre, un abbé, par la porte entrebâillée,
Alors que l'Enfant n'est pas encore né,
Est déjà là par miracle et semble intéressé.
Les prêtres écoutent volontiers aux portes
Les murmures universels des confessions,
Gardiens des secrets qu'on leur rapporte.
Le secret intime de Marie de sa gestation
Sera mis malgré elle sur la place publique,
Et fera de la Vierge une star évangélique.
Paul Obraska
Alessandro Botticelli "L'adoration des mages"
SQUATTERSSi ce n'est pas malheureux de voir ça !
Ce n'est pas chrétien d'en arriver là !
Ce sont des braves gens bien éduqués
Pas des immigrés
L'homme a du travail
La femme n'a jamais fauté
Ils sont pourtant sur la paille
C'est dans une étable qu'elle a du accoucher
Entre un âne et un bœuf
D'un enfant beau comme un dieu
Blotti dans une crèche, c'est scandaleux !
Les associations se sont mobilisées
Les autorités ont été alertées
C'est une étoile jaune qui les a guidés
Des messieurs ont fini par venir à leur secours
Avec un psychologue dans une cellule
Dans l'étable ils sont restés incrédules
Alors il y a eu de beaux discours
Ils se sont pris pour des rois mages
Ils ont fait semblant d'adorer le nouveau-né
Pour donner d'eux une belle image
Heureusement qu'il y avait les bergers
Pour donner à la famille de quoi manger
Pour finir, pérorant dans l'étable, les autorités
Devant l'homme, la femme et le nouveau-né
Devant le bœuf, l'âne, les bergers et leurs agneaux
Sont montés sur leurs grands chevaux
Et ont dit avant de partir : « plus jamais ça ! »
Espérons que Dieu les entendra
Paul Obraska
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Par Dr WO le 7 Mars 2008 à 15:23
Albrecht Dürer "Christ affligé"
LA MAUVAISE EDUCATIONC’est un spectacle muet où les étoiles crépitentEt le Cosmos explose dans un silence abyssal.Les éclats incandescents roulent comme des pépitesDans la noirceur du vide glacial.Des confins de l’Univers sans frontières,Dans la sidérante immensité sidérale,Voyagent leurs éternelles lumières.Et Dieu dans tout ça ?Et le royaume des cieux ?Ils sont quelque part. La place ne manque pas.L’Homme est à l’image de Dieu,Dieu est blancDieu est jauneDieu est noirMais Il n’est pas FemmeEt Il est barbuAux Cieux, les anges et les vierges sont séparés.Le sexe des anges est incertain et la prudence s’impose.La volière des vierges s’épuise et doit être préservée,Aux suicidés assassins de les consommer.Dans l’ennui éternel, le sexe rend moins morose.Dans l’infini de l’Univers,Parmi les myriades de galaxies,Dieu ne s’intéresse qu’à la Terre.Il écoute chacune des innombrables prièresEt les appels gratuits qui montent vers lui,Il envoie des livres, Il envoie des anges,Il a même envoyé son Fils sur la Terre.Les Hommes moins gâtés que pourris,L’ont renvoyé, mal en point, en échange.Mauvaise éducation.Bien que le sacrifice du Fils fût dans Ses intentionsPour les punir, le Père laisse faire le Malin.Et s’en lave les mains
Paul Obraska
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Par Dr WO le 6 Mars 2008 à 16:22
Rembrandt "L'ange arrêtant Abraham avant le sacrifice d'Isaac à Dieu"CHICHE !
« Stop ! » dit l’ange du Ciel En arrêtant le bras du père Armé de la dague sacrificielle, Prêt à égorger son fils à terre. En sacrifiant son descendant, Il obéit à l’ordre du Père Eternel, Jusqu’à devenir bourreau d’enfant. Le père tremblant lâche sa dague, Il ne comprend plus rien. Alors l’ange lui dit, badin : « Voyons, Abraham, c’était une blague » « On ne comprend plus l’humour juif ? » « Sacrifie le bélier à la place de ton fils » « Et tu auras de la viande et du suif ». Et le Ciel rit encore de ce faux sacrifice.
Paul Obraska
Titien "David et Goliath"
DAVID, GOLIATH ET LE CIELEt David se tourna vers le cielLes deux mains en prière vers les nuesEt demanda à l’Eternel :« L’ai-je bien descendu ? »A cheval sur le bras puissant de GoliathColosse renversé à la tête tranchéeAu milieu d’une flaque écarlate« L’ai-je bien décapité ? »Demanda encore le bergerEt le ciel resta silencieuxMais qui se tait consentAlors David remercia les cieuxFaisant du Tout PuissantSon allié victorieuxIl regarda la tête qui semblait dormirEt le tronçon rouge du cou béantDu ciel il avait accompli le désirLe silence du peuple des cieuxPermet de lui faire direTout ce que l’on veut
Paul Obraska
Le Caravage "Judith décapitant Holopherne"LE GENERAL QUI PERDIT LA TÊTE
Charmante Judith à la peau si blanche Au visage si lisse bien qu’un peu dégoûté Est-ce bien raisonnable de couper une tranche D’un Holopherne séduit par votre beauté Charmante Judith si innocente Décapiter un homme même infâme N’est guère un travail de femme Les giclées de sang sont si salissantes Charmante Judith si virginale Que de force vous avez déployée Pour détacher la tête du général Qui même enivré semble hurler Charmante Judith si volontaire Le plus difficile reste à faire Les vertèbres sont à peine entamées Et la vieille attend tendant son tablier
Paul Obraska
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Par Dr WO le 27 Février 2008 à 17:21
CONTE AVEC RIMES ET SANS RAISON
1 Il était une fois des dieux groupés en un collectif du Destin. Chaque peuple avait les siens, semblables aux noms différents. Chacun avait sa fonction et ses caprices dans l’espace aérien. Gamins querelleurs, ils jouaient volontiers de la foudre et du trident. Il était rassurant pour les hommes de voir leurs faiblesses d’humains Et pour quelques divinités leur goût polisson pour les êtres mortels. Heureusement imparfaits, on pouvait les acheter par une offrande. Des prières obligées et quelques bakchichs liaient la Terre et le Ciel, Il suffisait ensuite de faire au spécialiste divin son humble demande.
2 Vint un homme avec des trous de mémoire, En quête d’une idée simple à retenir. Pour mettre de l’ordre dans cette divine foire, Il décréta que pour le Passé et l’Avenir, Il n’y aurait désormais qu’un seul Dieu. Les autres trouvèrent que c’était peu, Mais conquis, ils finirent par s’y faire Et les ennuis commencèrent.
3 Un Dieu unique ne pouvait que s’ennuyer dans le vaste Univers. La Création du Monde ne Lui avait demandé que quelques jours. Pas de querelles ou d’amitiés possibles avec des congénères. Il était certes aimé mais déclenchait des catastrophes en retour. Il faut le comprendre, Il n’avait que Ses créatures pour Se distraire Et comme l’homme L’avait fait parfait et omniscient, Quoi qu’Il fasse, Sa perfection Le rendait innocent.
4 Ainsi, lassé d’être seul, Il se révéla trois fois à ses affiliés. La première fois dans un buisson ignifugée, en toute discrétion. La deuxième fois dans le ventre d’une femme (après l’avoir annoncé). La troisième fois, Il se contenta d’envoyer un chargé de mission.
5 Bien que les croyants vers Dieu aient la même prière, Les hommes obstinés les uns contre les autres, affirmèrent, Meurtres à l’appui, que Celui qu’ils avaient vu était le bon Et que les autres, infidèles, n’avaient pas compris la leçon. Mais tous se retournaient contre ceux qui ne croyaient rien. On trouvait toujours des hérétiques à occire au nom du Bien. Les motifs de querelles entre les hommes ne manquaient pas, Dieu, dans sa miséricorde et sa magnificence les multiplia.
6 On ne peut que regretter le peuple des dieux imparfaits Leurs faiblesses et leurs distrayantes disputes de Titans. Avec eux les hommes auraient détruit leur planète en paix, Sans toujours invoquer Dieu pour leurs débordements.
7 C’est une histoire déraisonnable dont les hommes ne se lassent jamais
LA LETTRE ANONYME Elle fut écrite dans les temps anciens Servant de preuve dans un livre sacré On ignore le nom du délateur écrivain Un ermite du désert ou un mari trompé Elle accusait la femme du premier des péchés De la honte d’avoir été chassés du jardin d’Eden D’avoir dévoilé le bien et le mal à l’humanité A l’origine de l’exil de l’homme et de ses peines Depuis la femme est en garde à vue Sur cette calomnieuse dénonciation Par une lettre écrite par un inconnu Voilà des millénaires qu’elle vit sa punition Dans une geôle qu’elle porte parfois sur elle Sous les cieux où les lettres restent éternelles
Paul Obraska
2 commentaires
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