• Bulletin de santé du virus A(H1N1)

    Pour l’instant, la mortalité reste heureusement faible.

    D’après l’OMS, depuis son apparition en mars le nouveau virus A (H1N1)[1] aurait affecté 162380 personnes dans le monde et provoqué le décès de 1154 (dont 1008 sur le continent américain). En Europe 41 décès sur 26089 cas. En France, au 4 août : 1 211 cas confirmés ou probables dont 7 cas graves et un décès. « Le plus grand désordre semble régner dans les procédures de dépistage ce qui explique le moins grand nombre de cas en France qu’ailleurs » (arrêt du signalement et du dépistage systématique des cas depuis le 7 juillet). Le nombre de personnes atteintes est sous-estimé, le nombre de décès est exact : la mortalité est donc plus faible que celle calculée sur la base des chiffres précédents.

    D’après la porte-parole de l’OMS la pandémie devrait toucher de 15 à 45% de la population mondiale (l’imprécision – compréhensible - montre qu’elle n’en sait rien).

     

    Les dépenses envisagées sont élevées.

    "L’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires" (EPRUS) gère une réserve d’une valeur estimée à 845 millions d’euros : 33 millions de doses de traitements anti-viraux, 1 milliard de masques chirurgicaux anti-projections et 537 millions de masques de protection FFP2. Selon un rapport, la moitié des masques stockés serait périmée et même valides, il n’est pas certain qu’ils aient une réelle efficacité (ils doivent être changés toutes les 4 heures. Eviter les contacts : ne pas être sur la trajectoire d’une toux ou d’un éternuement, bises, serrement de mains et leur lavage fréquent, est la meilleure prévention pour éviter la contagion).

    La France annonce le chiffre de 1 milliard d´euros pour la commande de vaccins (94 millions de doses ferme et une option de 34 millions).[2]

     

    Polémique.

    Dans les pays industrialisés, on constitue des stocks de vaccins et  de médicaments, alors qu’il n’est pas certain qu’ils s´avèreront efficaces. Des dépenses qui diminueront celles nécessaires pour d’autres pathologies dont la gravité est certaine.

    Des associations rappellent les quatre millions de morts que font chaque année sida, paludisme et tuberculose

     « 1 milliard d´euros pour une vaccination dont on ne sait strictement rien, c´est de la précipitation », juge le Pr Gentilini, qui dénonce une situation  "éthiquement inacceptable" et estime qu’« On en fait trop. C´est la pandémie de l´indécence ».

     

    L’attitude des autorités dépend de la médiatisation.

    Les éléments objectifs comme la morbidité et la mortalité ou même l’efficacité des interventions possibles semblent passer au second plan. C’est l’attention que l’on porte à un problème de santé mondial et la façon dont il est présenté qui attirent le financement.

     « Au début des années 2000, le VIH/sida a mobilisé plus du tiers des fonds des principaux donateurs dans le domaine de la santé, alors qu´il ne représentait qu´environ 5 % de la charge de morbidité et de la mortalité dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. De même, le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) a mobilisé des ressources énormes alors qu´il n´a été responsable que de quelques centaines de décès »[3], écrit le Pr Jeremy Shiffman, de la Maxwell School de Université de Syracuse aux Etats-Unis. « Pendant ce temps-là, d´autres maladies transmissibles comme la pneumonie ou les maladies diarrhéiques, qui tuent des millions de personnes chaque année - et pour lesquelles il existe des interventions rentables - n´attirent qu´un minimum de ressources ».



    [1] H1-15 N1-9 Dénomination des virus de la grippe par le n° des clés d’entrée et de sortie de la cellule

    (H pour Hémagglutinine, N pour Neuraminidase)

    [2] Les politiques ont été profondément marqués par « l’affaire du sang contaminé » dont certains, même innocents, ne se sont pas relevés. Ils ont donc peur d’être accusés devant le moindre problème de santé publique de ne pas prendre à temps les dispositions nécessaires.

    [3] On pourrait rétorquer que ces dépenses ont peut-être permis de limiter le nombre de décès.

    « "Vos gueules les mouettes !"Les corbeaux terroristes »

  • Commentaires

    1
    Dimanche 9 Août 2009 à 17:46
    C'est souvent comme ça, malheureusement. Il y a sans doute des profits à tirer de ce battage médiatique par l'insdustrie pharmaceutique. En tout cas vous avez raison de rappeler que des mesures simples d'hygiène restent le moyen le moins couteux.
    2
    Dimanche 9 Août 2009 à 18:05

    Oui, l'industrie pharmaceutique concernée se frotte les mains (sans se les laver) : elle vend du Tamiflu dont l'efficacité est toute relative et un vaccin futur dont on ne connait ni l'efficacité ni la tolérance.
    Dr WO

    3
    Dimanche 9 Août 2009 à 18:05
    Merci pour ces informations et cette analyse objective sur un sujet qui nous tient à coeur

    je voudrais réagir sur quelques points :

    - Il y a des critiques qui sont, en effet, curieuses : on ne peut pas reprocher aux pouvoirs publics de mobiliser trop de moyens pour des pathologies qui ont fait un petit nombre de morts, sachant que si on n'avait pas mobilisé les moyens en question, les morts auraient été peut-être beaucoup plus nombreux!

    - Concernant cette grippe, il y a, tapis dans l'ombre pour l'instant, des milliers de journalistes et d'hommes politiques qui attendent qu'il y ait des morts pour dénoncer "la carence des pouvoirs publics" (comme cela a été le cas pour les morts dus à la canicule il y a quelques années!) et seulement quelques individus aujourd'hui pour trouver qu'on en fait trop !
    Les "pouvoirs publics" semblent donc avoir choisi d'éviter d'avoir à affronter (éventuellement) les premiers.

    - C'est vrai que les maladies qui touchent le monde occidental (ou qui risquent de les toucher par ricochet, comme c'est le cas de la grippe) ont l'air d'être prises beaucoup plus au sérieux que les maladies tropicales qui font des millions de morts !
    Il y a là une injustice terrible !
    Mais il faut bien reconnaître que les maladies tropicales ne pourront pas être éradiquées indépendamment de l'éradication de la pauvreté, des mauvaises conditions d'hygiène et de la faiblesse d'infrastructures médicales dans le tiers-monde !
    Donc qu'il s'agit, pour ces pays-là, d'un objectif à moyen terme, alors que les épidémies qui nous menacent doivent recevoir une réponse à court terme !
    4
    Dimanche 9 Août 2009 à 18:11
    je voudrais ajouter sur le dernier point, que les épidémies qui nous concernent tous, viendraient de toute façon, se surajouter, pour les peuples du tiers-monde, aux fléaux que sont les maladies tropicales !
    5
    Dimanche 9 Août 2009 à 18:17

    Je suis d'accord avec vos remarques. En matière d'épidémie il est difficile de prendre des dispositions parfaitement adaptées dans la mesure où l'évolution d'une infection est imprévisible, surtout s'il s'agit d'une infection virale, un virus pouvant toujours muter et devenir plus agressif.
    Dr WO

    6
    Dimanche 9 Août 2009 à 18:21
    Bien sûr, mais les maladies tropicales (pour lesquelles on consacre moins d'argent) sont beaucoup plus sévères que la grippe, du moins pour l'instant.
    Dr WO
    7
    Dimanche 9 Août 2009 à 20:13
    J'ai lu l'intervention du professeur Gentilini. Ce que j'en ai retenu, c'est le mot "indécence". J'ajouterai "bêtise". Une épidémie qui ne répand qu'une maladie bénigne et qui n'a occasionné qu'un très petit nombre de morts chez des personnes déjà affaiblies, ne nécessite pas une telle débauche de moyens financiers et médiatiques. "Oui", entend-on, "mais si le virus mutait?" Et si d'autres virus mutaient? Celui de la grippe saisonnière le fait bien tous les ans! Et si ma tante en avait?
    8
    Dimanche 9 Août 2009 à 20:45

    Je me suis efforcé d'être relativement objectif dans mon billet et de donner des raisons à cette "bêtise" : les prises de positions alarmistes de l'OMS (qui a proposé le niveau 6, alors que la France est resté au niveau 5), la médiatisation, l'accusation d'impréparation par certains (ce qui est vrai pour l'organisation du dépistage), l'impossibilité de prévoir l'évolution d'une épidémie, l'antécédent historique du sang contaminé, il faudrait ajouter l'impact économique que pourrait avoir la grande diffusion d'une maladie même bénigne. Je pense aussi que l'on en fait trop, mais je comprends la situation inconfortable des autorités qui seront de toute façon critiquées, qu'elles en fassent trop ou pas assez.
    Dr WO
     

    9
    Dimanche 9 Août 2009 à 22:41

    Mon billet fournit quelques données qui montrent que pour l'instant cette grippe nouvelle, si elle parait très contagieuse, donne moins de complications que la grippe saisonnière. Ce que nous ne savons pas c'est son évolution à l'automne.
    Dr WO

    10
    Lundi 10 Août 2009 à 10:06
    bonjour, auriez-vous l'amabilité de vous rendre chez moi pour signer une pétition pour la liberation de clothilde Reiss svp
    11
    Lundi 10 Août 2009 à 13:55
    Depuis le début de cette épidémie je me pose des questions sur ce que cachent cette précipitation et ce battage médiatique...et j'avoue que je n'en sais rien ! En attendant, je serais plutôt d'avis de voir venir et d'agir ensuite en conséquence !
    12
    Lundi 10 Août 2009 à 14:04
    Bonjour, j'ai tenté de déposer un commentaire, mais en vain...Je reviendrai plus tard, peut-être sera-t-il là! Bien à vous, Tibi
    13
    Lundi 10 Août 2009 à 14:59
    Sur ce sujet, je me pose beaucoup de questions.

    Je ne peux me défendre d'un parallèle: c'est que chaque fois que ce sujet est (ré)abordé par les médias, il y a une loi ou un projet de loi qui vient de tomber et qui nous est défavorable, alors, n'est-ce-pas aussi pour focaliser l'attention des gens sur autre chose que sur ce qu'on va leur ponctionner?
    Ce que je constate aussi, c'est que ce sont des labos privés, proches du pouvoir actuel qui sont en charge de la confection de ce vaccin... comment ne pas penser à la manne qui va leur tomber du ciel..
    Mais c'est sûr, je suis mauvaise langue...
    14
    Lundi 10 Août 2009 à 17:43

    C'est une attitude possible, mais en matière d'infection il vaut mieux se préparer, ce que n'a pas fait la France lorsque le VIH est apparu. Il n'y a bien sûr aucune commune mesure entre la gravité du SIDA et celle de la grippe, mais si cette grippe paralyse l'économie du pays, on reprochera au gouvernement de ne pas avoir pris à temps les mesures nécessaires. Cette nécessité ne sera jugée qu'à posteriori.
    Dr WO

    15
    Lundi 10 Août 2009 à 17:52

    C'est peut-être attribuer beaucoup de machiavélisme au gouvernement, machiavélisme qu'il faudrait aussi étendre en bonne justice à l'OMS et aux autres gouvernements des pays industrialisés. Pour ce qui concerne les médicaments et les vaccins, comme je l'ai dit : c'est une aubaine, mais le gouvernement ne peut s'adresser qu'aux laboratoire capables de les produire.
    Dr WO

    16
    Lundi 10 Août 2009 à 17:59
    Je me suis rendu sur votre blog
    Dr WO
    17
    Lundi 10 Août 2009 à 21:30
    Bien,je recommence parce que mon com s'est envol ; les vacances sans doute! Bref...Je vous disais qu'en fait dans toute cette affaire, le facteur temps à sa part de contribution dans la précipitation du gouvernement à gérer ce dossier...Le passé, et vous l'avez rappeler, sang contaminé, canicule, grippe avière, et le présent; donner une réponse dans l'instant T au peuple...Les médias ont bien sûr leur responsabilité dans tout celà, mais comme l'information circule à vitesse grand V, le gouvernement doit se précipiter dans ses décisions parce qu'il sait que la critique va être sévère...Ce qui a pour effet immédiat de coûter beaucoup d'argent parce que le dossier est devenu une priorité nationale, et dans ces moments là, le peuple se fout bien de ceux qui meurent de maladies tropicales, ils veulent que le gouvernement ait tout prévu pour les guérir au cas où! Eh oui, c'est pas brillant, mais c'est la triste réalité du "moi d'abord"...à bientôt, Tibicine
    18
    Lundi 10 Août 2009 à 22:43
    Tout cela est vrai et pour n'importe quel gouvernement.
    Dr WO
    19
    sartan
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:26
    De mon côté, j'ai reçu un mail qui m'inciterait plutôt à ne PAS me faire vacciner et j'ai lu l'article de Souliko qui m'inciterait à faire l'apéro au pastis plus souvent :-) Plus sèrieusement je crois que j'en suis au même point que ceux qui font des prévisions sur le sujet : je ne sais pas grand chose.
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