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230. Le smartphone en salle d’op.
La semaine dernière dans une salle d’attente nous étions sept. Cinq manipulaient leur smartphone, deux lisaient : ma femme était plongée dans un livre et moi dans un journal.
Le smartphone étant devenu un objet essentiel, à la fois omniprésent et omniscient, indispensable à la plupart, et dont beaucoup sont dépendants au même titre qu’une drogue, je lui ai consacré ici de nombreux billets dont : « Mutation », « l’Homme connecté », « Connexions dangereuses », « 181. L’amnésie numérique », et « 212. Narcisse numérique ».
Le Dr Bernard-Alex Gaüzère dans jim.fr rapporte les résultats d’une étude turque[1] sur l’utilisation du smartphone par les anesthésistes pendant une anesthésie. Cette utilisation distrayante et la fascination de l’écran étant potentiellement dangereuses susceptibles de conduire un patient vers un sommeil éternel et l’anesthésiste en prison pour « distraction fatale »[2]
En effet, s’il peut exister des moments critiques pendant une anesthésie, la plupart du temps tout se passe bien une fois l’anesthésie démarrée et cela jusqu’au réveil. L’anesthésiste a donc du temps libre qu’il doit en principe consacrer à surveiller le patient et tous les indices qui le concernent, ce qu’il pouvait aisément faire, l’œil aux aguets, tout en bavardant avec le chirurgien ou les infirmières.
Mais le smartphone (ou la tablette) est arrivé et son utilisation exige une concentration qui risque de détourner l’anesthésiste de sa surveillance.
Quelle est l’importance de ce détournement, du moins en Turquie ?
A la fin 2015, 955 médecins et infirmiers anesthésistes turcs ont répondu à un questionnaire sur l’utilisation de leur smartphone pendant la procédure anesthésique. Dans ¾ des cas il n’y avait aucune restriction à l’utilisation du téléphone en salle d’op. :
« 93,7 % ont reconnu utiliser leur téléphone pendant l’anesthésie : conversations téléphoniques (65,4 %), messagerie (46,4 %), media sociaux (35,3 %), surf sur l’internet (33,7 %). Les plus de 40 ans employaient moins souvent leur smartphone que les plus jeunes pendant l’anesthésie ».
La grande majorité jurent qu’ils ne sont aucunement distraits par l’utilisation du smartphone, « mais 41 % de sombres délateurs branchés ont déclaré avoir vu leurs collègues en difficulté car distraits par leur téléphone au moins une fois ».
J’ignore ce qu’il en est pour la France.
[1] Pınar HU, Karaca O, Doğan R, Konuk ÜM. Smartphone use habits of anesthesia providers during anesthetized patient care: a survey from Turkey. BMC Anesthesiol., 2016; 16: 88.
[2] Nicholson E. Dallas anesthesiologist being sued over deadly surgery admits to texting, reading iPad during procedures. http://www.dallasobserver.com/news/dallas-anesthesiologist-being-sued-over-deadly-surgery-admits-to-texting-reading-ipad-during-procedures-7134970.
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Commentaires
Elle est bien bonne celle là .... Ces moyens de connexion, portale, smartphone, tablettes déconcentrent l'usager, d'où leur interdiction en conduisant, alors en salle d'opération, cela devient ubuesque !
Bonne soirée Doc
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Mardi 15 Novembre 2016 à 18:37
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6Souris doncMercredi 16 Novembre 2016 à 08:01Naguère on était prié d'éteindre son portable à cause des interférences avec les appareils de l'hôpital. Maintenant, les accouchées braquent elles-mêmes directement la perche à selfie vers le trou. Voir les commentaires à l'article.
Moi, pourvu qu'il n'oublient pas leur smartphone dans mon ventre quand ils recousent.
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Mercredi 16 Novembre 2016 à 11:58
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Je suis d'accord avec vous, cet engin est potentiellement dangereux, quand on traverse la rue que le piéton l'interroge, quand on traverse cette même rue, mais c'est le conducteur qui y est scotché, alors dans une salle d'opération, c'est absolument horrible, et cela devrait être interdit!
Peut-on espérer qu'en France cela ne se fait pas ????
Ma foi, je n'en sais rien. Je fréquentais les salles d'op. avant l'apparition du smartphone.