• Le poids des loyers

    Le site « Topsanté.com » signale l’initiative des responsables d’une résidence à Osaka au Japon : adapter le loyer en fonction du poids, 1000 yens (750 €) de plus pour 1 Kg pris et la même somme en moins pour 1 Kg perdu. Pour éprouver la volonté des locataires, la résidence met vicieusement à leur disposition une salle de sport mais également des sodas et des chips.

    Bien entendu cette initiative cherche par l’appât financier à améliorer la sante des résidents et non pas, dans ce pays soumis aux tremblements de terre, à ménager les structures portantes en les allégeant.  J’ignore si les lutteurs de sumo sont exemptés de ce loyer flottant pour raison professionnelle.

    Il n’est pas signalé de seuil inférieur à l’amaigrissement et celui-ci peut donc toucher des personnes qui ne sont pas en surpoids. Il est à craindre que ceux qui ont du mal à payer leur loyer finissent squelettiques mais avec la consolation de conserver leur toit. Dans cette perspective l’obésité devient un luxe  car il faut avoir les moyens d’être gros.

    Beaucoup de personnes en France ont du mal à trouver un logement en raison de l’obésité des loyers. Si l’initiative de la résidence d’Osaka était seulement suggérée sous nos cieux chatouilleux, on crierait à la discrimination, car évidemment s’en est une.

    Botero : « Famille » (à la rue)


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  • Il semble que les logiciels d’aide à la prescription médicale sont largement répandus, notamment dans les hôpitaux. S’ils sont bien faits (ce qui n’est pas certain pour nombre d’entre eux) ils sont probablement utiles pour les doses à prescrire et les interactions possibles entre les médicaments prescrits. Cependant, ils ne semblent pas faire le bonheur de tous les prescripteurs hospitaliers qui passeraient plus de temps à regarder leur écran dans le couloir qu’à parler avec le patient ou à l’examiner dans sa chambre.

    Pour ma part, je n’ai aucune expérience de ces logiciels. J’ai toujours rédigé mes ordonnances à la main en écrivant les médicaments en lettres capitales, en réfléchissant à chaque ligne, sans jamais utiliser ordinateur et imprimante pour sortir des ordonnances toutes faites, pensant qu’une ordonnance doit être individualisée et réfléchie si l’on veut ne pas commettre d’erreurs. Cependant, si je m’imposais l’ordonnance manuscrite, je n’allais pas jusqu’à la rédiger avec une plume d’oie comme le faisait un patron que j’ai connu, le crissement de la plume d’oie sur le papier faisant partie d’un cérémonial impressionnant, et l’ordonnance ainsi rédigée avait déjà l’efficacité d’un placebo.

    Je trouve que l’ordinateur est un instrument merveilleux, mais son omniprésence me semble être un obstacle aux rapports humains. Un de mes confrères m’a raconté qu’il avait été amené à fixer longuement l’ordinateur pendant une consultation, sa patiente lassée d’être négligée s’était alors levée sans bruit et avait quitté le cabinet sans qu’il s’en aperçoive.

    Non seulement l’ordinateur  a une présence envahissante, mais on lui accorde une confiance aveugle. C’est ainsi que récemment une patiente a été tuée à l’hôpital par un logiciel d’aide à la prescription en sortant une ordonnance comprenant un pénicillinique, alors qu’elle y était allergique et que cette allergie était bien mentionnée dans le dossier. Un bug assassin.  Mais ce qui m’étonne dans  ce dramatique accident, ce n’est pas l’erreur informatique (qui a toujours bon dos pour retirer sa responsabilité), c’est l’erreur humaine. Car il a bien fallu que quelqu’un signe cette ordonnance, quelqu’un l’a donc signée sans la relire ou sans connaître la patiente. La prescription doit rester humaine, avec ou sans plume d’oie.


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  • Il n'y a plus d'enfantsA Nice, mardi dernier, trois mineurs âgés de 17 ans, originaires du 93,  ont agressé (jusqu’à la fracture) deux CRS qui leur demandaient – en application d’un arrêté - de ne pas se promener torse nu sur la promenade des Anglais. Ils devaient être déférés ce matin pour être présentés à un juge des enfants.

    Certes, sur le plan cérébral, ces trois voyous sont incontestablement infantiles, Mais pour ce qui concerne la force et l’agressivité, ils peuvent en remontrer aux adultes puisqu’ils ont été capables de dominer deux CRS qui ne sont tout de même pas des enfants de chœur.

    18 ans est l’âge de la majorité légale ou civile (et 15 ans celui de la majorité sexuelle). Ces trois voyous sont donc légalement des mineurs, mais sont-ils des enfants ? Jusqu’à quel âge est-on un enfant ? Selon la définition du petit Robert, un enfant est « un être humain dans les premières années de sa vie, de la naissance à l’adolescence ». La définition juridique confond donc minorité civile et enfance. Si l’on se base sur les capacités intellectuelles, beaucoup d’enfants sont plus intelligents, voire plus cultivés que des adultes dont certains n’ont jamais quitté l’enfance. Si l’on se base sur les capacités physiques, beaucoup de mineurs sont plus puissants que des adultes. Le critère de l’âge, sauf pour les bas âges, est très imparfait et frise le ridicule lorsqu’on présente à un juge pour enfants trois malabars agressifs. Ne devrait-on pas se baser sur les faits, et les capacités de nuire  plutôt que sur l'âge ?


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  • Cordon ombilical

    Dessin de Chappatte (Suisse)

    Enfin Madame a accouché hier. Une bonne chose de faite. Cette histoire de grossesse et d’accouchement finissait par traîner en longueur. Depuis quelques jours ce miracle banal d’une naissance occupait massivement les médias. Hier, l’essentiel des journaux TV a été consacré à l’attente de cette naissance et aux interviews des anglais qui semblaient en extase, certains allant jusqu’à pleurer de bonheur à l’idée que Kate allait bientôt pousser son rejeton hors d’elle. Certes, une naissance est en général un heureux évènement pour une famille, mais tout de même, autant d’intérêt et de béatitude pour ce qui est un non évènement mondial !

    Le cordon ombilical des Anglais reste solidement attaché à la famille royale, peut-être parce que celle-ci reste une marque indélébile de leur identité nationale. Une preuve vivante. Les Français, eux, finissent petit à petit par perdre la leur. Le pouvoir précédent avait proposé en son temps de tenter de la retrouver, c’est bien la preuve qu’elle se perdait. C’est qu’en France, l’identité nationale repose sur des principes et des valeurs, c'est-à-dire des choses qui sont dans la tête, autant dire des choses bien fragiles qui peuvent aisément en sortir et être remplacées par d’autres principes et d’autres valeurs.

    Il nous restera peut-être la cuisine, les fromages, les vins et la Tour Eiffel…Si on ne nous la fait pas sauter.


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  • EPO, placebo ??Le tour de France cycliste vient de se terminer. Il a nettement été dominé par son vainqueur Chris Froome et les commentaires des journalistes ont plus porté sur la question du dopage possible que sur la course elle-même hantée par le spectre d’Armstrong.

    Le 24/10/12 j’avais écrit dans « Pour la défense de Lance Armstrong » (j’adore me citer) :

    « Enfin, n’étant pas spécialiste en la matière, je pose la question : est-ce que le dopage peut faire d’un champion moyen un grand champion ? Armstrong  se dopait essentiellement à l’EPO (érythropoïétine). C’est une hormone secrétée par le rein en réponse à l’hyoxie, c'est-à-dire à la baisse du taux d’oxygène transporté par le sang, essentiellement sur les globules rouges, et l’EPO en stimulant leur fabrication va élever ce taux d’O2 en augmentant le nombre de ses transporteurs. Normalement le sang contient environ 5 millions de globules rouges par mm3. Est-ce qu’un supplément de 500000 hématies par mm3, par ex. peut permettre à un cycliste d’arriver au sommet d’un col avant tout le monde sans qu’il y soit pour quelque chose ? Pour être honnête, j’ignore le taux supplémentaire de globules rouges provoqué par l’administration d’EPO, mais je sais qu’un taux trop élevé risque de favoriser la formation de caillots dans la circulation, ce qui n’est sûrement pas recherché par les sportifs qui s’entourent de conseillers « médicaux ». Par ailleurs, j’ignore si l’expérience a été faite de comparer les performances d’un même sportif sur la même épreuve avec ou sans EPO. La différence serait-elle déterminante ? Même si l’on sait qu’un meilleur apport en oxygène aux muscles a un effet favorable sur leur fonction. »

    Or une étude datant de mai 2013 est parue dans le British Journal of Clinical Pharmacology, réalisée par des chercheurs de l’université de Leiden (Pays-Bas). Cette étude émet des réserves sur la réalité des propriétés dopantes de l’EPO «dans la vraie vie» des coureurs cyclistes. Pour eux, les modifications physiologiques provoquées par l’effort des grands sportifs ne devraient pas être influencées de façon significative par un apport supplémentaire d’EPO. Ils soulignent qu’il serait souhaitable d’en démontrer scientifiquement l’efficacité dopante sur un sujet sain, comme on le fait pour juger des effets sur l’organisme d’un médicament. Mais rien ne dit que les milieux sportifs n’aient pas réalisé des expériences concluantes en évitant, bien entendu, d’en divulguer les résultats.

    Dans le cas où ces chercheurs néerlandais auraient raison, l’EPO n’agirait donc que par un effet placebo : en croyant être dopé, le sportif améliorerait ses capacités physiques. La croyance est-elle un dopage ?

     


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  • Cuisses légères : le « thigh gap »Depuis quelques mois une lubie, pour ne pas dire une obsession, frappe  les jeunes filles et même les fillettes de 12- 13 ans. Il s’agit pour ces adolescentes de réussir le « thigh gap », c'est-à-dire creuser suffisamment les cuisses à force de privations et d’efforts pour obtenir un écart conséquent entre elles en position debout, jambes jointes, afin que ces cuisses devenues filiformes puissent dessiner avec le périnée un triangle vide aussi désastreux que le triangle des Bermudes. Un vide qu’elles s’empresseront d’exposer sur le web comme un exploit.

    Des blogs, des communautés et des forums sont consacrés à cette démarche débile et dangereuse qui focalise l’anorexie sur la zone centrale du corps féminin alors que ces jeunes filles arborent sans réticence leur poitrine lorsque les seins sont apparus. Elles cherchent à ressembler à leurs idoles ou à des mannequins dont les photos sont souvent retouchées. Les images exposées avec fierté sur le web concernent essentiellement la moitié inférieure du corps assorties des mensurations obtenues dans une malsaine compétition à la recherche d’une perfection corporelle ou plutôt de l’idée aberrante qu’elles s’en font.

    Après la lubie des clavicules saillantes, le paysage visible entre les cuisses, quelle sera la prochaine lubie minceur ? Des fesses aérodrome avec piste centrale ? Car pour le cerveau c’est déjà fait.


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  • Prix de bonne conduite

    La police de Dubaï   décernera un prix aux domestiques “bien élevés”, rapporte gulfnews.com. Les familles pourront recommander les employés de maison   “faisant preuve d’un comportement exemplaire”.

    A Dubaï, les employés de maison font donc partie d’une sous-race humaine infantilisée, et que l’on récompense par un prix s’ils se sont bien tenus. Pour détendre l’atmosphère, c’est la police qui est à l’origine de cette initiative en décernant ce prix aux domestiques les plus policés, mais pistonnés par leurs « maîtres » sans que l’on connaisse les critères de ce « comportement exemplaire ». Il est probable que le degré de soumission en fera partie.

    Sachant que les employeurs de cette valetaille se livrent souvent sur elle à des agressions, à des violences sexuelles et même à des meurtres dans le cadre d’une servitude bien comprise, ne serait-il pas souhaitable de créer également un prix pour récompenser les employeurs “bien élevés” afin d’éviter toute discrimination. Peut-être que la police de Dubaï ne peut le faire faute de candidats potentiels.

    Velázquez : « Scène de cuisine »


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  • On annonce dans les journaux que Mandela - qui résiste sur son lit l’hôpital avec une opiniâtreté semblable à celle dont il a fait preuve dans sa lutte contre l’apartheid - « fête » aujourd’hui ses 95 ans, anniversaire probablement arrosé par une perfusion.

    Ce matin sur France Inter, une chanteuse sud-africaine lui a chanté « happy birthday to you ». Il y a des expressions toutes faites qui ne manquent pas d’humour noir.


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  • TimbréeJe dois avouer que la polémique au sujet du nouveau timbre est assez rigolote. Quant à l’appel au boycott de son utilisation par Mme Boutin, il frise le ridicule. Son argument est que ses concepteurs se sont inspirés (en partie) pour son dessin du visage d’une Femen (la ressemblance n’est cependant pas frappante). Mme Boutin est donc allergique à ces féministes dont les actions sont certes provocatrices, mais la nudité des seins féminins est devenue d’une grande banalité, il suffit d’aller sur les plages ou d’ouvrir un journal féminin : la pudibonderie en ce domaine est un peu dépassée. Mme Boutin est-elle heurtée par les causes défendues par les Femen qui ne correspondraient pas à ses yeux aux principes défendus par la République Française ? Comme la lutte contre les totalitarismes ? La défense de la laïcité ? La révolte contre le sort fait aux femmes dans les pays musulmans ? Dans ce cas, c’est peut-être Mme Boutin qu’il faudrait boycotter.


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  •  

    Jetés comme une brassée de branches mortes  

    Les rails s'entrelacent avant de mourir à la gare  

    Luisantes sous la lune qu'un nuage emporte  

    Les gerbes de métal se fondent dans le noir  

       

    Les rectangles de lumière alignés dans la nuit  

    Défilent à la volée dans un fondu enchaîné  

    Des visages à peine entrevus s'enfuient  

    Dans un vieux film aux images saccadées  

       

    Le train de nuit s'échappe à travers champs  

    Dans l'obscurité il suit son chemin de fer  

    De battement en battement  

    Il file droit ses roues dans les fers  

       

    Le train de nuit emporte sa charge humaine  

    Course dans le noir dans le  cours des jours  

    Une charge de pensées de joies et de peines  

    Quitter ceux qu'on aime ou aller aux amours  

       

    Le train de nuit transporte des soldats en armes  

    Le goût amer sur les lèvres du dernier baiser  

    Des femmes qu'ils ont quittées en larmes  

    Défilent les villages qu'ils espèrent retrouver  

       

    Dans la nuit un train de wagons pour bestiaux  

    Déporte sa cargaison d'humains prostrés  

    La clarté des gares éclaire à travers les barreaux  

    Les faces hagardes et les corps étouffés  

       

    Le train de nuit fonce dans le noir assassin  

    Un aller simple pour un unique voyage  

    Les voyageurs immobiles s'effacent un à un  

    Le convoi désert devient paysage
     

    Paul Obraska


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