• Pondeuses sans frontières

    Pondeuses sans frontières« Dans le sillage de l’association américaine « Stop Surrogacy Now »,  qui a lancé une pétition internationale contre la gestation pour autrui (GPA) (relayée en France par l’association Corp*), 160 personnalités se sont engagées dans une tribune publiée dans Libération en faveur de « l'arrêt immédiat de la gestation pour autrui ». Parmi ce que l’on aurait autrefois appelé les « intellectuels de gauche » on retrouve les philosophes Sylviane Agacinski,  Michel Onfray mais aussi l'écologiste José Bové, l'écrivain Eliette Abécassis, ou encore l'ex-ministre des Droits des femmes Yvette Roudy…

    Désir d’enfant n’est pas droit à l’enfant

    Dans ce texte, les auteurs expliquent leur opposition « antilibérale » : « tous, nous reconnaissons la force du désir de parentalité. Toutefois, comme s’agissant de la plupart des désirs, des limites doivent être posées. (…) Nous pensons que la GPA doit être interdite en ce qu’elle constitue une violation des droits humains des femmes et des enfants. La GPA repose souvent sur l’exploitation des femmes les plus démunies. (...) Nous sommes convaincus qu’il n’y a pas de différence entre la pratique commerciale de la GPA et la vente et l’achat d’enfants. ».

    Dans leur appel, les signataires rappellent aussi les conséquences médicales parfois graves d’une telle pratique : « le processus médical de la GPA entraîne des risques pour la mère de substitution » et « pour les jeunes femmes qui vendent leurs ovocytes ». « Personne n’a droit à un enfant, pas plus les hétérosexuels que les homosexuels ou les individus ayant fait le choix de rester célibataire », concluent les signataires. »

    Je suis de cet avis (mais dans l'indifférence générale) comme je l’avais exprimé dans un article de 2010 : « 86. Le corps des autres »   et en 2012 : "Avoir un enfant est-il un droit ?"

    * collectif pour le respect de la personne

    PS. J'ajoute ici ma réponse à un commentaire concernant le statut des enfants nés par GPA à l'étranger.

    La question de la transcription à l'état civil français des enfants nés à l'étranger par GPA est évidemment délicate d'autant plus que la Cour européenne des droits de l'homme veut l'imposer à la France. L'un des donneurs de gamètes au moins est Français, ce qui implique une filiation à 50% environ (la transmission mitochondriale est liée à l'ovocyte féminin). Mais ce sont des personnes qui contournent la loi française et louent un ventre de femme à l'étranger pour satisfaire leur désir et se servent ensuite de l'enfant comme argument de chantage pour obtenir gain de cause. Dans ce cas une amende élevée pourrait peut-être les faire réfléchir avant d'utiliser le corps des autres pour leurs envies personnelles. 

    Klimt : "Espérance"

    « Femme qui pleureLexicon politique »

  • Commentaires

    1
    Mardi 19 Mai 2015 à 22:22

    Je suis de votre avis. L'enfant n'est pas un droit. Le fait que la science permette la GPA ne la rend pas de fait inévitable et impossible à interdire. Pour moi, la GPA qui fait du corps une marchandise s'apparente à l'esclavage. Une volonté politique le permettrait: peine très sévère pour les contrevenants, refus de les considérer comme parents et enfants proposés à l'adoption. Des accords internationaux sur ce sujet seraient bien sûr nécessaires.

    2
    mamyours
    Mardi 19 Mai 2015 à 23:23

    etant moi meme maman de trois enfants , j'imagine la detresse de ces femmes qui "porte des enfants " pour de l'argent , bien souvent dans des conditions epouvantables !!

    je doute fort que l'on fasse marche arriere , et cela me rend tellement triste !!!

    bonne nuit 

    3
    Mercredi 20 Mai 2015 à 08:46

    Coucou Doc, Tout à fait d'accord, l'enfant n'est pas un droit, ni pour les hérérosexuels, homosexuels, ou femmes célibataires. Par contre, Taubira n'avait pas tort ce matin sur FR2 de dissocier la GPA et le cas des enfants qui ont été mis au monde par cette méthode et qui sont déjà français, nés dans un pays étranger. Ces gosses là ne sont pas responsables de leurs naissances et doivent obtenir des papiers en bonne et due forme. Ce qui ne doit pas nous empêcher de trouver une parade anti-GPA aux travers d'accords internationaux. Le soleil brille en ce moment, mais pour combien de temps ??????? Bonne journée. ZAZA

    4
    Mercredi 20 Mai 2015 à 11:20

    PANGLOSS. Les possibilités (je ne parle pas de progrès) données par les manipulations du vivant vont s'amplifier. Nous ne sommes qu'au début des problèmes éthiques qu'elles vont poser et il sera de plus en plus difficile d'imposer un frein à ces manipulations qui seront toujours permises quelque part.

    5
    Mercredi 20 Mai 2015 à 11:22

    MAMYOURS. Sauf quelques exceptions louer son corps est toujours une détresse.

    6
    Mercredi 20 Mai 2015 à 11:58

    ZAZA. La question de la transcription à l'état civil français des enfants nés à l'étranger par GPA est évidemment délicate d'autant plus que la Cour européenne des droits de l'homme veut l'imposer à la France. L'un des donneurs de gamètes au moins est Français, ce qui implique une filiation à 50% environ (la transmission mitochondriale est liée à l'ovocyte féminin). Mais ce sont des personnes qui contournent la loi française et louent un ventre de femme à l'étranger pour satisfaire leur désir et se servent ensuite de l'enfant comme argument de chantage pour obtenir gain de cause. Dans ce cas une amende élevée pourrait peut-être les faire réfléchir avant d'utiliser le corps des autres pour leurs envies personnelles. 

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    7
    Mercredi 20 Mai 2015 à 12:43

    ... se servent ensuite de l'enfant comme argument de chantage pour obtenir gain de cause.

    Le chantage, comme l'intimidation et la menace, sont devenus des modes d'expression tout à fait usuels.

    Le regroupement familial, où on se sert de l'enfant, les injonctions à secourir les barcasses de faux réfugiés mais vrais opportunistes économiques qui tendent les enfants à la caméra pour mieux apitoyer, les CV anonymes et les class action, la grève sous des prétextes futiles comme le droit de retrait, le vote à main levée plébiscitant le syndicat, les actions en justice pour racisme par les associations qui se font du blé en plus des subventions...

    Tout cela relève de la mentalité du chantage, habilement déguisé en défense de la veuve et de l'orphelin et du plus précaire et fragile.

    8
    Mercredi 20 Mai 2015 à 13:36

    SOURIS DONC. Le chantage aux bons sentiments est un argument efficace lorsque l'on s'adresse à des pays où l'on respecte plus ou moins les droits de l'homme. Les passeurs de Libye ne téléphonent-ils pas aux Italiens lorsqu'une de leurs barcasses est en perdition pour qu'ils assurent la fin du voyage ?

    9
    Mercredi 20 Mai 2015 à 20:05

     

    La vision mercantile de l’enfant est concomitante avec la sacralisation de l’enfant-roi. Devenu une sorte de petit animal de compagnie qu’on n’éduque plus, dont on veut être aimé, qui n’a aucun rôle, sauf de satisfaire la vanité parentale. Dès lors, pourquoi ne pas se le procurer par tous les moyens ? L’acheter ?

     La navrante progéniture du bobo qui a tous les droits, dans les avions, les musées, au concert, au restaurant, au supermarché, si vous prenez un air excédé, on vous fusille du regard comme maltraitant avéré. Dans les pays pauvres, on note que les enfants ne hurlent jamais, ils ont cet air grave peut-être du malnutri ou de celui qui comprend qu’il a un rôle (il participe aux activités de survie dès qu’il tient sur ses petites jambes).

     

    L’enfant-roi, en réalité, est un enfant-objet. Cette vision est à l’œuvre dans le mercantilisme, tout s’achète, pourquoi pas l’enfant ?

     

    Pourquoi ne pas ouvrir un Kiloutou pour les ventres mercenaires ?

     

    10
    Mercredi 20 Mai 2015 à 20:58

    Il est intéressant mais paradoxal de rapprocher l'enfant-roi de l'enfant-objet. Le roi ne peut pas être son propre sujet. Disons que l'enfant-roi est devenu un "objet" précieux que certains veulent obtenir à tous prix. Un complément de soi-même et qui dépendra de soi...du moins un certain temps.

    11
    Mercredi 20 Mai 2015 à 21:22

    Dr Wo, y a quand même un énorme plan thune à la clé. L'enfant-objet, emballé, c'est pesé.

    12
    Mercredi 20 Mai 2015 à 21:36

     

    Si vous voulez, on ouvre un Kiloutou, vous seriez la caution scientifique, moi qui ai baroudé dans les pays pauvres, je rabattrais les mères porteuses et quand on sera riches, on achètera des Klimt.

     

    13
    Mercredi 20 Mai 2015 à 22:52

    SOURIS DONC. La location de matériel humain est en effet un créneau plein d'avenir. Quelques mort-nés, mais pas de morte saison. A évaluer le nombre de livraisons (la fabrication unitaire dure tout de même 9 mois) pour se payer un Klimt.

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