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Orwell revient, ils sont devenus fous !
Il serait temps de créer un « commissariat des archives artistiques » que l’on pourrait dénommer dans la novlangue de Orwell : « commarcha » et qui ferait partie, comme dans le roman 1984, du « Ministère de la Vérité » (Miniver) chargé de remodeler le passé en fonction du présent. Ce commissariat aurait un regard contraignant sur les mises en scène des spectacles du répertoire et des vieux films (on songe, par exemple, à l’aspect raciste insoutenable de Autant ne emporte le vent), afin de les adapter à la bien-pensance du monde contemporain. Cet organe officiel permettrait aux artistes d’éviter les foudres de la « police de la pensée » qui sévit dans chaque foyer sous la forme des réseaux sociaux et accessoirement dans les médias.
Une question resterait à résoudre : comment repeindre les tableaux (mais on peut demander le retrait d'une toile comme celle de Balthus exposée au MET) et retailler les statues ?
De toute façon, en cette période de féminisme offensif, pour ne pas dire radical, on ne peut que féliciter le metteur en scène Leo Muscato qui, à Florence, compte présenter le 7 janvier, spontanément, une version du célèbre opéra de Bizet, Carmen, politiquement compatible, et tenant compte des préoccupations contemporaines.
Il estime, en effet, qu'à notre époque, marquée par le fléau des violences faites aux femmes, il est inconcevable qu'on applaudisse le meurtre de l'une d'elles. Dans la version qu’il va présenter, l’action se déroule dans un camp de Roms qui, occupé illégalement, sera évacué par les forces de l'ordre en tenue antiémeute.
A la fin ce n’est pas Don José qui tue Carmen comme le voulait Bizet (le monstre !), mais Carmen qui tue le brigadier. Il faut dire que dans la version de Leo Muscato l’amoureux jaloux et en uniforme aurait la matraque facile. C’est quand même plus moral d’assister à la mort de l’agresseur, et de surcroît policier. Une mort doublement justifiée, mais rien ne justifie (à mon avis) la torture de l’opéra de Bizet pour lui faire dire ce qu'il ne dit pas.
Edouard Manet : "Portrait d'Emilie Ambre dans le rôle de Carmen"
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Commentaires
Il y a eu des précédents fameux:
tels le :"Reichsministerium für Volksaufklärung und Propaganda, RMVP", ou "Propagandaministerium"
Soyez patients, que diable !...
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Vendredi 5 Janvier 2018 à 21:15
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Il faudra aussi que l'un d'entre eux pense un jour à nous présenter une version de la Bible (l'Ancien Testament, en tout cas) expurgée des scènes de meurtres, d'inceste, d'homophobie, de viols, de génocide et de sexisme qu'elle contient.
Le seul problème est qu'il ne restera pas peut-être pas grand chose à lire.
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Vendredi 5 Janvier 2018 à 23:17
La Bible (l'ancien testament) donne en effet une image de l'enfer sur terre et la femme (comme les infidèles) n'en mène pas large dans le Coran. La littérature semble pour l'instant moins touchée, mais Sade devrait se faire oublier. Je pense que ce qui se voit est plus "toxique" que ce qui se lit, d'autant plus qu'aujourd'hui on voit plus qu'on ne lit.
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4Souris doncSamedi 6 Janvier 2018 à 09:51Les metteurs en scène d'opéra ont une vision stéréotypée et méprisante du public : un réac qui connait le répertoire par coeur et juste bon à guetter les 9 contre-ut du ténor de la Fille du Régiment. Il faut donc choquer le bourgeois. Manon Lescaut raconte l’histoire des filles de mauvaise vie embarquées pour l’Amérique au 18e siècle ? On va transposer sous Mussolini. Et pouvoir fustiger les vélléités totalitaires des démocraties occidentales, et, accessoirement, sacrifier à l’esthétique de la belle botte cirée. Car il y a des modes. Après la mode des chanteurs tenus de se trainer au sol avec le litre de rouge, on a connu les bottes, puis le handicapé (Faust), alors que le metteur en scène nous fourgue une vision féministe de Carmen, ce n’est que la dernière mode, vite oubliée au profit de la suivante.
Teresa Berganza : S’ils ont un message à délivrer, qu’ils aillent donner des conférences !
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Samedi 6 Janvier 2018 à 10:05
Les metteurs en scène d'opéra semblent former une drôle d'engeance. Mais ici outre la mise en scène "moderne" on change le dénouement en altérant la signification même de l'intrigue pour obéir au politiquement correct.
les 9 contre-ut (à 5:00) (Souris donc)
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Souris doncSamedi 6 Janvier 2018 à 12:30
Le même Muscato, en 2013 à la Fenice, a transformé L’Africaine de Meyerbeer (histoire de Vasco de Gama) en manifeste contre le sort des migrants, le pillage du tiers-monde et le réchauffement climatique.
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Samedi 6 Janvier 2018 à 12:39
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Souris doncSamedi 6 Janvier 2018 à 17:26
A propos de l'engeance metteuse :
"Je me souviens d’un Cosi fan tutte à Madrid où l’on avait remplacé le chœur « Bella vita militar » par l’Internationale." (Teresa Berganza, qui a envie d'étrangler le metteur en scène et de faire couler le sang)
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Samedi 6 Janvier 2018 à 17:41
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Souris doncSamedi 6 Janvier 2018 à 17:52
A Bordeaux, il y a quelques années, Alcina de l’exubérant Händel. Livret : une magicienne attire les hommes sur son île et les transforme en animaux. Le metteur en scène a transposé dans une clinique vétérinaire avec décors en inox. Forcément, animaux = vétérinaire. J’ai cru me trouver mal.
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Samedi 6 Janvier 2018 à 18:18
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Souris doncSamedi 6 Janvier 2018 à 18:25
Olivier Py, directeur controversé du festival d’Avignon, a pour marque de fabrique de transposer ses mises en scène au cabaret, en rouge et noir. Carmen, ça donne :
http://www.resmusica.com/2012/07/04/a-lyon-olivier-py-rabaisse-carmen/
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Samedi 6 Janvier 2018 à 18:47
Il me semble que la conclusion est excellente : "il serait souhaitable qu’Olivier Py écrive ses propres livrets et fasse de la création pour raconter son univers plutôt que d’essayer de le plaquer sur des œuvres existantes."
Et grand merci de me transmettre tous ces documents. Votre connaissance du lyrique et votre attrait pour l'opéra sont supérieurs aux miens
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Souris doncSamedi 6 Janvier 2018 à 20:28
Il suffit de s’inscrire à l’AROP, le mécénat qui permet, pour 80 €/an, d’assister aux répétitions, très intéressant, le ténor en jean et T-shirt, qu’on verra ensuite dans son somptueux costume de scène, répondre aux injonctions du chef d'orchestre. Et, gratuit, toutes les semaines, des conférences, à Bastille. J’y ai vu Patricia Petibon expliquer pourquoi les aigus de la soprano sont agressifs pour l’oreille. Impossible de trouver le lien de ces conférences.
A défaut, lire L’oreille musicienne, de Claude-Henri Chouard, un ORL. Folio essais, 2009.
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Samedi 6 Janvier 2018 à 20:42
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Maintenant qu'on a changé le livret, il ne reste plus qu'à s'attaquer à la musique (un bon rap de derrière le périph').
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Samedi 6 Janvier 2018 à 12:40
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Souris doncSamedi 6 Janvier 2018 à 21:39
Pangloss, mais casse toi fdp, lâche-moi serieux, ça me fait ièch’ de me faire troller merde !!! Le pitch c’est pas compliqué, t’es la fami alors bon je ferme les yeux allez circule magueule.
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Souris doncSamedi 6 Janvier 2018 à 22:13
Ce sont les amabilités de la guerre du rap, les Booba et les Rohff se saccagent mutuellement la Maserati et le magasin de vêtement.
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Samedi 6 Janvier 2018 à 23:31
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J'ai bien vu (avant de quitter le spectacle), La Flûte enchantée scénarisée au bord d'une piscine, avec bouée jaune, palmes, maillots de bain, seau de plage, etc... Mozart en devenait inaudible et je n'ai pas supporté ! Mais de là à changer le livret...Je n'en reviens toujours pas !
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Dimanche 7 Janvier 2018 à 16:19
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7semaphoreLundi 8 Janvier 2018 à 00:25Il va falloir réécrire l'Odyssée parce que les Sirènes qui se suicident de dépit de n'avoir pas envoûté Ulysse!!!
Cela ne peut plus le faire à notre époque puisque cela révèle chez Homère une obsession de la soumission à la domination mâle!!!
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Lundi 8 Janvier 2018 à 07:03
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8semaphoreLundi 8 Janvier 2018 à 00:309semaphoreLundi 8 Janvier 2018 à 00:32
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J'ai lu cette énormité aussi, puisque nous sommes dans un monde matriarcat et fou il faut bien le dire, les petits chefs d'aujourd'hui, détériore le patrimoine. Monsieur Bizet doit se retourner dans sa tombe!
Je pensais que l'art était sacré et qu'à cela au moins on ne toucherait pas, c'est sans compter sur le culot de ces gens-là, incapable d'idées ils prennent celles des autres et les abîment !
Chaque oeuvre est à remettre dans le contexte de l'époque et il faut la respecter comme telle.