• Le placebo de l’Education nationale

    Le placebo de l’Education nationaleEnviron 9 lycéens sur 10 obtiennent du premier coup leur baccalauréat, et environ la moitié d’entre eux avec mention. A ce niveau de réussite, on peut estimer que le jeune qui échoue à obtenir son diplôme est discriminé, et pourrait se retourner contre l’Etat, coupable de cette stigmatisation subie par l’excommunié(e) à l’égard de sa famille, de ses camarades, de ses voisins, voire même des habitants de son quartier.

    Le bac s’accompagne chaque année de l’organisation d’un lourd cérémonial, d’angoisses, d’explosions émotionnelles, de fautes administratives régulières, de critiques acerbes, or le bac est un placebo : il ne sert à rien en donnant l'illusion de servir, puisqu’il n’est aucunement sélectif, sinon par les mentions. Avec son niveau de réussite, l’obtention de ce diplôme est devenue quasiment un droit, tout en restant une source de stress pour les candidats et leurs familles qui craignent de se retrouver ou de retrouver leur rejeton dans la peau du dixième rejeté, plus ou moins marqué par l’infamie.

    C’est un placebo qui coûte cher (ne serait-ce qu’en émotions) et comme tel, il devrait logiquement être supprimé. Mais c’est un placebo auquel tout le monde semble tenir, les uns par sadisme, les autres par masochisme. En fait, peut-être que le bac est également une décoration comme la Légion d’honneur, sans grande valeur, mais que l’on aime arborer.

    NB. J'avais fait il y a 4 ans un billet sur le même thème. Que mes visiteurs fidèles veuillent bien m'en excuser. Je ne radote pas encore, je me répète avec des variations. N'est-ce pas le propre de la musique ?

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 14 Juillet 2019 à 20:52
    Pangloss

    Le bac n'irait une certaine valeur que si les bacheliers atteignaient un niveau certain, si le taux de réussite ne dépassait pas quarante pour cent et s'il était réservé à la culture générale.

      • Dimanche 14 Juillet 2019 à 21:01

        Je crois que jadis c'était à peu près le taux de réussite au bac au premier essai, et l'avoir était une promotion.

    2
    Dimanche 14 Juillet 2019 à 23:31

    Les 10% qui ne l'ont pas obtenu en année N le repasseront l'année d'après et 90% d'entre eux l'auront. On peut donc dire que le taux de réussite aujourd'hui est proche de 99%. 

    Ce qui fait dire aux observateurs bien informés qu'il s'agirait non plus d'un examen mais d'un rite de passage à l'âge adulte.

    De mon temps c'était le service militaire qui faisait office de rite de passage et le taux de réussite avoisinait aussi, je pense, les 90%.  smile

     

      • Dimanche 14 Juillet 2019 à 23:40

        Cela pourrait être également un mé-rite de passage. Quant au service militaire il prétendait nous armer pour la vie.

      • Lundi 15 Juillet 2019 à 11:04

        et si le bac était attribué en fonction des notes des deux dernières années?

        et si les enseignants étudiaient les réformes proposées avant de faire grève à priori?

        et si les ministres consultaient vraiment les enseignants avant de réformer ?

        et si les élèves travaillaient vraiment pendant les années scolaires?

        Et si, dans le primaire on apprenait vraiment à lire, écrire  et compter au CP ?

        et si les parents ne se prenaient pas pour Dieu le Père et leur rejeton pour le messie?

        bon, d'accord ça fait beaucoup.....

      • Lundi 15 Juillet 2019 à 14:03

        On peut rêver.

    3
    Souris donc
    Lundi 15 Juillet 2019 à 07:52

    Le bac, même démonétisé, fait plaisir aux familles. Et à une banque, le CIC je crois, qui fait sa pub sur la prime à l'ouverture d'un compte pour ceux qui ont obtenu une mention.

    L'illusion se dissipe dans les classements PISA. 25e en 2012 et 26e en 2016. Mais ouf, nous précédons les Emirats Arabes Unis et la Moldavie.

    Mais quel fut l'imbécile politique, qui, après un voyage au Japon, s'émerveilla que le balayeur ait son bac ? Et qui introduisit le slogan Objectif : 80% d'élèves bacheliers. On y est.

    L'ineffable Descoings a démonétisé Sciences Pipeau. Macron va supprimer l'ENA. Nos excellents seront attirés par les bonnes universités américaines et la fuite des cerveaux alimentera leurs entreprises. Et l'INSEE pourra encore nous rassurer sur le solde nul de la balance émigration/immigration.

    On se demande par quel miracle on a encore des médaillés Fields et des Nobel.

      • Lundi 15 Juillet 2019 à 11:12

        C'est le phénomène de la carte et du territoire. Les politiques s'imaginent souvent que s'ils modifient la carte, ils modifieront le territoire. Ainsi, si l'on fait en sorte que 90% des lycéens aient leur bac, on estime ipso facto qu'ils sont bien formés et aptes à rejoindre l'université. 

    4
    Lundi 15 Juillet 2019 à 21:40

    J'ai publié il y a plus d'une semaine (sans grand succès) "recopié", plutôt, un article trouvé sur internet, très "pessimiste", voire un peu complotiste  à certains égards, mais relativement logique et qui peut porter un éclairage original sur votre article: 

    http://aumilieuduvillage.eklablog.com/lobotomies-et-castrations-a166216922

    c'est surtout dommage pour l'article original et le travail de son auteur, plus que pour ma simple copie...

     

     

    PS. je ne reçois plus, depuis quelques temps, aucune des notifications concernant votre activité, articles et commentaires ?

     

      • Lundi 15 Juillet 2019 à 23:23

        Merci de m'avoir transmis l'article. Certes, il contient quelques vérités sur nos chères têtes brunes plutôt que blondes, nous formons de futurs consommateurs fascinés par les écrans. Mais n'oublions pas que si ces écrans prennent beaucoup place dans le cerveau et en chasse la mémoire, ce sont des fenêtres sur d'immenses bibliothèques et tout dépend de la personne qui s'en sert. Les abrutis et les incultes ont toujours existé mais les moyens de ne pas l'être n'ont jamais été aussi importants, il faut simplement donner le goût de les utiliser.

        NB Je suis navré que les notifications ne fonctionnent pas. Je suis probablement victime d'un complot.

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