• 293. Vincent Lambert : fin et suites

    Vincent Lambert, en état végétatif depuis presque onze ans est donc décédé le 11 juillet après arrêt de la nutrition accompagné de sédation. Il ne faut pas entendre par état végétatif celui qui s’apparenterait à l’état d’un végétal. Ce contresens est fréquemment commis , alors qu'il s’agit d’un état où seul le système neurovégétatif (système nerveux autonome, parasympathique et sympathique, indépendant du système nerveux central qui, lui, est en relation avec le monde extérieur) est fonctionnel, permettant de maintenir les fonctions vitales comme la circulation et la respiration.

    Vincent Lambert aurait été victime d’après l’écrivain Michel Houellebecq d’une surmédiatisation. Il a surtout été victime d’un accident de la route le laissant tétraplégique et dans un état de conscience dite « minimale ». Mais la surmédiatisation est incontestable, surtout entretenue par le combat juridique de ses parents qui ont plus tenu compte d’eux-mêmes que de leur fils pour lequel il n’y avait aucun espoir d’amélioration.

    Michel Houellebecq s’est insurgé dans Le Monde : “Il m’est difficile de me défaire de l’impression gênante que Vincent Lambert est mort d’une médiatisation excessive, d’être malgré lui devenu un symbole”… “l’Etat français a réussi à faire ce à quoi s’acharnait, depuis des années, la plus grande partie de sa famille : tuer Vincent Lambert”. Et curieusement l’écrivain s’en prend à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qu’il accuse d’avoir voulu “ouvrir une brèche” et “faire évoluer les mentalités” pour ce qui concerne la fin de vie. Or, il me semble que la décision de laisser mourir Vincent Lambert a été prise par une partie de ses proches, les juges et les médecins et aucunement par Agnès Buzyn.

    L’écrivain regrette cette décision car : “Vincent Lambert n’était nullement en proie à des souffrances insoutenables, il n’était en proie à aucune souffrance du tout (...) Il n’était même pas en fin de vie. Il vivait dans un état mental particulier, dont le plus honnête serait de dire qu’on ne connaît à peu près rien”…“La dignité ne peut en aucun cas être (altérée) par une dégradation, aussi catastrophique soit-elle, de son état de santé ». En effet, on peut dire que l’on ne sait « à peu près rien » de ce que ressentait Vincent Lambert, mais dans un état de conscience minimale, on estime que des émotions et des douleurs peuvent être ressenties, et Houellebecq devrait pouvoir imaginer (c’est son métier) ce que ce patient entièrement dépendant des autres devait ressentir lors des moments d’éveil, peut-on affirmer qu’il ne souffrait pas de son état de totale impuissance, même s’il ne souffrait pas physiquement ? Si les soignants respectaient sa dignité (c’est leur métier), peut-on penser que Vincent Lambert dans sa faible conscience, si elle existait, pouvait estimer que sa vie de pantin manipulé depuis près de onze ans restait digne ?

    Surmédiatisation, sûrement, car on assiste à l’invraisemblable. Le procureur Matthieu Bourrette n’hésite pas à ouvrir une enquête : “Le 11 juillet 2019 peu après 8H30, j’ai été avisé par le centre hospitalier universitaire de Reims du décès de Vincent Lambert (...) j’ai immédiatement décidé de l’ouverture d’une enquête en recherche des causes de la mort”, en saisissant même un service de police et en prévoyant une autopsie et des analyses toxicologiques ! Rechercher les causes de la mort ! S’assurer que le patient est bien mort selon la loi : “Cette enquête a pour seul objet de connaître les circonstances du décès de Vincent Lambert et de vérifier que les opérations médicales ont bien été réalisées conformément à la loi”. On croit rêver. Va-t-on relever les empreintes digitales et demander à la « scientifique » de passer le lieu du crime au « peigne fin » (expression qui ne manque jamais dans les séries policières). Bon, Mathieu a le trouillomètre à zéro, les parents de Vincent ne sont pas des tendres, ils pourraient bien accuser les médecins d’avoir poignardé leur fils dans son « sommeil » puisqu’ils parlent de « crime d’Etat ».

    « Le Monde délireLe placebo de l’Education nationale »

  • Commentaires

    1
    Souris donc
    Samedi 13 Juillet 2019 à 08:30

    J'espère qu'ils vont enfin cesser de nous pomper l'air avec cette histoire. Tout le monde s'en fout, au fond. Vincent Lambert a juste été récupéré à des fins idéologiques, y compris par ses parents, ces joyeux lurons dans leur jeunesse, convertis à des intégrismes genre Caritas et autres Fraternités Saint-Pie X. Plus cathos, tu meurs.

    A ce propos, je vous conseille le J. Fourquet " L'archipel français". Chapitre 1 : dislocation de la matrice catholique. En résumé : en fin de vie, maintenue en état de conscience minimale, végétative. Derniers soubresauts, illustrés par les parents Lambert.

     

      • Samedi 13 Juillet 2019 à 08:42

        Ce qui m'étonne un peu est que Michel Houellebecq est venu apporter sa pierre à la matrice catholique en dislocation. Je l'aurais plutôt imaginé partisan de l'euthanasie.

      • Souris donc
        Samedi 13 Juillet 2019 à 11:07

        Une découverte extraordinaire a eu lieu en 1804 : celle de la morphine. En résumé, la souffrance n’est plus un problème, c’est ce qu’il faut répéter, sans cesse, aux 95 % de personnes qui se déclarent favorables à l’euthanasie. Moi aussi, dans certaines circonstances (heureusement peu nombreuses) de ma vie, j’ai été prêt à tout, à supplier qu’on m’achève, qu’on me pique, tout plutôt que de continuer à supporter ça. Et puis on m’a fait une piqûre (de morphine), et mon point de vue a changé radicalement, du tout au tout. En quelques minutes, presque en quelques secondes. Bénie sois-tu, sœur morphine.

        Houellebecq, Tribune du Monde.

        Simpliste, nul. On peut être auteur culte et sortir des platitudes. Un peu plus loin, il évalue le coût de cette hospitalisation. A rien : un peu d'eau et d'alimentation par sonde.

      • Samedi 13 Juillet 2019 à 11:29

        Il est possible que la morphine l'ait fait délirer. Ce qu'il dit n'a évidemment aucun sens, et depuis pas mal d'années, on hésite pas à "sédater" les patients si nécessaire. J'ai préféré commenter ses remarques sur la souffrance et la dignité.

    2
    Samedi 13 Juillet 2019 à 11:26

    Je n'ai jamais compris comment les parents de Vincent Lambert, "fervents catholiques" et "proches des milieux intégristes" pouvaient ne pas accepter la volonté divine de rappeler leur fils auprès de Lui et préféraient le recours à la science, à la justice, à l'ONU et autres institutions terrestres plutôt qu'à la prière et à la pénitence pour leur péché de jeunesse ?

      • Samedi 13 Juillet 2019 à 13:04

        On comprend mal que des parents aimants se soient acharnés à maintenir leur fils dans un tel état. Attitude encore plus incompréhensible s'ils pensaient que leur fils était conscient comme ils l'affirmaient.

    3
    Samedi 13 Juillet 2019 à 11:31

    Pour moi (modestement) Houellebecq est trop cynique, trop pragmatique dans sa vision du monde pour penser vraiment une connerie comme ça. 

    En fait, il est peut-être victime d'un phénomène qui semble toucher tous ceux qui se sont fait connaitre au départ pour leur anticonformisme : le syndrome de la fuite en avant ! Et parmi eux des gens de talent : Zemmour,  Onfray, Soral,  

    Dire toujours le contraire de ce que dit le populo, prendre systématiquement le contre-pied des "bien-pensants", faire de la provoc systématique, rechercher le buzz sur YouTube, Twitter et Facebook.  

      • Samedi 13 Juillet 2019 à 13:06

        Hypothèse plausible...Ce qui prouve son pragmatisme.

      • Dimanche 14 Juillet 2019 à 00:29

        qui est donc ce Houellebecq dont vous faites si grand cas? l'incarnation du vent Paraclet? 

      • Dimanche 14 Juillet 2019 à 08:28

        J'avoue que je ne vois pas trop le rapprochement avec l'abbaye d'Abelard. J'avoue également en toute honnêteté que j'ai cherché dans le dictionnaire la signification de Paraclet.

    4
    Samedi 13 Juillet 2019 à 15:15

    J'aime bien Houellebecq...

    Mais quand il écrit: "Vincent Lambert vivait dans un état mental particulier dont le plus honnête serait de dire qu'on ne connait à peu près rien. Il n'était pas en état de communiquer avec son entourage, ou très peu (ce qui n'a rien de franchement original: cela se produit, pour chacun d'entre nous, à peu près toutes les nuits)", j'ai comme un doute sur son état mental particulier et sur celui des journalistes et rédacteurs du Monde qui continue son délire...

     

      • Samedi 13 Juillet 2019 à 16:50

        Peut-être était-il en train de fumer la moquette ou était-il mal réveillé en rédigeant de telles âneries.

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