-
Le congrès s’amuse
La Société européenne de cardiologie (European Society of Cardiology, ESC) a annoncé que Sa Sainteté, le pape François, fera une visite au congrès de l’ESC 2016, le plus grand sommet scientifique sur la médecine cardiovasculaire qui se déroule en ce moment à Rome
Le pape François doit prendre la parole lors de la clôture du congrès le 31 août.
« La visite du pape est la reconnaissance des efforts considérables entrepris par la Société européenne de cardiologie et les professionnels du monde médical dans le monde entier pour faire progresser la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies cardiaques », a déclaré le président de l’ESC, le professeur Fausto Pinto. « Nous sommes honorés d’accueillir le pape François. »
Cette visite prévue du pape à un congrès de médecine me semble bizarre. Le pape a sans doute pensé (bien que les pensées du pape sont aussi impénétrables que celle de Dieu dont il est le vicaire) : « Rome n’est pas loin du Vatican et je vais montrer à peu de frais aux médias que j’ai le cœur sur la main ». Quant à mes chers confrères ils ont sauté sur l’occasion pour se faire une pub d’enfer.
Parmi les 30000 participants à ce congrès, on doit compter probablement beaucoup plus d’athées et de protestants que de catholiques. Qu’importe, la religion s’infiltre partout aussi bien sur nos plages que dans les assemblées scientifiques.
Quand on connaît l’attitude de l’Eglise pendant des siècles vis à vis des savants qui osaient contester la place centrale de la Terre et de l’Homme dans l’Univers, immensité à qui l’Eglise réservait la modeste tâche de tourner autour. Quand on connaît le nombre de savants qui payèrent de leur vie ou de leur liberté la révélation de leurs découvertes lorsqu’elles ne cadraient pas avec les dogmes de l’Eglise, ce flirt avec une assemblée de scientifiques me semble un peu décalée.
Certes, on pourrait dire, et à juste titre, que c’est du passé, que l’Eglise a heureusement évolué et qu’il s’agit de parler à des professionnels de la santé, c’est à dire à de gens qui portent secours aux autres. Et il est vrai que médecins et prêtres sont sur le même créneau, les seconds intervenant quand les premiers ont échoué.
Mais s’agissant de santé, l’Eglise catholique n‘est pas toujours là, même aujourd’hui, pour la préserver. Elle a mis un certain temps à admettre l’utilité du préservatif dans les MST, et notamment pour la prévention du sida, en préconisant plutôt l’abstinence, incontestablement efficace mais à condition de ne pas avoir un problème d’observance. Son opposition ou sa réticence restent toujours vives pour admettre l’avortement lorsqu’il est nécessaire, notamment aux Amériques, comme ce fut le cas, il y a quelques années, où une filiale Sud-américaine de l’Eglise s’est opposée à l’avortement chez une fillette qui avait été violée par son beau-père.
Bref, en dehors du coup de pub mutuel de l’opération, je ne vois pas ce que ce pape vient faire dans un congrès médical où il n'est pas le mieux placé pour reconnaître les "efforts considérables entrepris par la Société européenne de cardiologie etc..."
Voir aussi « Bonté christique » et « La curette et le goupillon ».
-
Commentaires
Moi, je comprends cette démarche résolument moderne.
Comme tous les professionnels libéraux, ce pape cherche à ouvrir des centres pluridisciplinaires qui comprendraient des médecins cardiologues, des entreprises de pompes funèbres et des lieux de culte et de prière dans le but de faciliter les démarches des familles.
-
Lundi 29 Août 2016 à 20:03
-
5Souris doncLundi 29 Août 2016 à 21:41
Ajouter un commentaire
Que voulez vous Docteur, il s'agit d'un Pape progressiste, alors tous les progrès l'intéressent, fussent-ils médicaux...on ne peut tout de même pas lui reprocher de s'intéresser au cœur humain!
Je vous bénis tout de même.
Reste que les médecins freinent la montée des élus au ciel.