• Le cinquième commandement

    Le cinquième commandement

    Le besoin de légiférer sur la fin de vie vole en France comme un corbeau au-dessus de tous les mandats présidentiels, d’autant plus que plusieurs pays en Europe ont leurs lois et leurs pratiques depuis longtemps, notamment en Belgique où l’on a été jusqu’à abréger la vie pour souffrance mentale d’une jeune femme âgée d'une vingtaine d'années.

    Nous avons la loi Claeys-Leonetti qui n’abrège pas la vie mais accélère la mort par une sédation profonde et l’arrêt de tout traitement y compris l’alimentation et l’hydratation. On voit que dans cette loi la frontière entre donner la mort et respecter la vie est fragile, pour ne pas dire hypocrite. Une hypocrisie qui convient aux religieux car il n’y a pas de geste qui tue, mais des conditions défavorables à la vie.

    Emmanuel Macron envisage une loi permettant d’interrompre la vie dans des conditions précises que l’on pourrait résumer (peut-être à tort puisque rien n’est décidé) en l’interruption d’une maladie douloureuse et mortelle à plus ou moins brève échéance.

    Dans le domaine de la mort on se heurte toujours aux religions et les politiques sont obligés de tenir compte de leur avis. La mort est une chasse gardée des religions, elles sont d’ailleurs là pour nous consoler de notre disparition programmée en nous promettant une présence dans l’au-delà, le lieu de cette présence étant incertain et pas toujours souhaitable.

    Mais pour une législation de fin de vie les religions ne s’attachent pas à la mort, mais à la vie, autre chasse gardée, qu’il ne faudrait pas sciemment interrompre pour respecter le cinquième commandement de la bible hébraïque et ses transcriptions ultérieures : « Tu ne tueras point ».

    Les religions nous encouragent à nous accrocher à la vie et l’interrompre est mal vu tout en glorifiant les martyrs pour leur cause. Les monothéismes prétendent que la vie est un don de Dieu et on ne peut pas en faire ce que l’on veut, ne pas s’y accrocher serait une ingratitude disent les prêtres, mais peut-être, qu’au fond, malgré les promesses, ils ne savent pas ce qui se passe après la vie, ils ne font que le supputer en l’absence du moindre témoignage crédible, et c’est une raison de plus de conseiller pour eux comme pour les autres de s’y accrocher.

    Quand je dis « les autres », je m’avance un peu car la vie de ceux que les fanatiques religieux considèrent comme hérétiques ou mécréants ne mérite à leurs yeux que la mort. Comme quoi il manque un codicille au cinquième commandement des Testaments pour en préciser les exceptions. Trop souvent les religieux dans un esprit d’initiative sûrement condamné en haut lieu (du moins, je l’espère) ont fait comme s’il existait et ont laissé leurs fanatiques multiplier les exceptions à leur convenance.

    Illustration : Marc Chagall "Les dix commandements"

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  • Commentaires

    1
    Souris donc
    Jeudi 21 Mars à 10:02

    Je préfère le vin d'ici à l'eau delà, boutade attribuée tantôt à Pierre Dac, tantôt à Francis Blanche.

    La Suisse et la Belgique prospéraient sur l'interdiction de l'euthanasie en France. 

    Maintenant, les choses changent : analyse nuancée de Philippe Juvin, chef des urgences à l'hôpital Pompidou.

      • Jeudi 21 Mars à 10:55

        Il est. vrai que je ne me serais pas vu achever un malade, je n'ai pas été programmé pour tuer, mais j'ai été amené à laisser mourir. Les personnes opposées à l'interruption de la vie mettent toujours en avant l'insuffisance des soins palliatifs. Quelle est la différence entre endormir un malade jusqu'à la mort, et achever son agonie plus rapidement surtout s'il souffre ? Pour le malade, cela ne change rien, ceux qui sont concernés sont avant tout les soignants et la famille qui répugnent à le faire. Si la loi s'adresse à des malades conscients, je ne vois pas trop en quoi l'amélioration des soins palliatifs modifierait la situation, elle laisserait la décision au malade sur sa vie qui n'appartient qu'à lui. Il y a beaucoup d'hypocrisie autour de la fin de vie et de faux problèmes essentiellement idéologiques. La question est différente lorsqu'il s'agit d'un malade apparemment perdu et incapable de prendre la moindre décision.

    2
    Souris donc
    Jeudi 21 Mars à 10:15

    Je préfère le vin d'ici à l'eau delà, boutade attribuée tantôt à Pierre Dac, tantôt à Francis Blanche.

    La Suisse et la Belgique prospéraient sur l'interdiction de l'euthanasie en France. 

    Maintenant, les choses changent : analyse nuancée de Philippe Juvin, chef des urgences à l'hôpital Pompidou.

    L'au-delà fait le bonheur de tout un monde alternatif de guérisseurs :

    Le figaro magazine Le retour des mondes occultes mars 2024 - Photo 1/1

    3
    Jeudi 21 Mars à 11:17
    Pangloss

    Sédaté mais ni alimenté ni hydraté, le patient ne ressent rien; ni faim ni soif, en est-on sûr?

      • Jeudi 21 Mars à 12:19

        Je ne peux pas vous répondre, je n'en ai pas encore l'expérience.

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    4
    Souliko2
    Jeudi 21 Mars à 11:42

    Drôle de sujet pour célébrer votre anniversaire ! Je vous le souhaite très joyeux, plein de jolies surprises et entouré de l'affection des vôtres.

    Et comme chaque 21 mars je vous embrasse délicatement ! 

     

      • Jeudi 21 Mars à 12:20

        Je suis très touché que vous songiez encore à moi. Une preuve de vie réciproque.

    5
    Souris donc
    Jeudi 21 Mars à 12:00

    Que l'année entière vous soit douce et légère ! 

    Le quartett qui chante : on dirait des quadruplés tant ils sont identiques (encore un coup de l'IA ?)

      • Jeudi 21 Mars à 12:24

        Merci de vos voeux. Douce et légère dans une atmosphère rugueuse et pesante. Inquiétante cette ressemblance.

    6
    Jeudi 21 Mars à 14:42

    Vincent Lambert

     

     
      • Jeudi 21 Mars à 15:17
      • Jeudi 21 Mars à 16:52

        Disons aussi (et surtout) que  pendant qu'on légifère à tour de bras, ça occupe les gens et ça leur évite d'évoquer d'autres problèmes comme la faillite du pays qui n'a jamais connu un tel déficit et une telle dette, pour ne parler que de cet aspect de la vie politique sous le Mozart de la Finance

        Dans le prochain épisode, nous saurons tout sur le projet de loi contre la discrimination capillaire, encore un domaine où la France est pionnière au nom des valeurs de la République

         

         

      • Jeudi 21 Mars à 17:03

        En cela je suis d'accord avec vous. Non pas que les lois dites sociétales ne sont pas importantes puisqu'elles intéressent tout le monde, mais elles ne donnent que l'illusion de gouverner en occupant la scène médiatique.

    7
    Jeudi 21 Mars à 17:45

    Je ne sais plus quel "défenseur de la vie" opposé à l'euthanasie (y compris l'auto-euthanasie) proposait de condamner les suicidés à une peine exemplaire pouvant aller jusqu'à la peine de mort. 

      • Jeudi 21 Mars à 18:10

        La double peine en quelque sorte.

      • Vendredi 22 Mars à 10:52

        Quelle folie que de dépenser de l'argent pour aller en Suisse alors qu' il suffit d'aller en Russie dans un lieu public et de crier "A bas Poutine" pour bénéficier d'une euthanasie rapide et gratuite.

      • Vendredi 22 Mars à 11:22

        Il est vrai que Poutine n'hésite pas à faire tuer des malades comme dans le cas de Navalny.

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