• 151. "On achève bien les chevaux" (3)

    Depuis la présidence socialiste les lois sociétales se succèdent, projetées sur le devant de la scène, et conduisant immanquablement à diviser la société.

    L’euthanasie, selon toute vraisemblance, sera le prochain sujet de mécontentement pour les uns et de satisfaction pour les autres, d’autant plus qu’elle a été légalisée et depuis au moins une décennie dans les pays voisins, légalisation qui n’a guère fait de vagues dans ceux-ci alors que l’on peut s’attendre en France à de vives protestations au besoin dans la rue.

    Dans le milieu médical, en dehors des erreurs commises par les médecins eux-mêmes, il y a trois façons de faire mourir un patient selon son état :

    La première est le suicide assisté, le patient en pleine conscience demande à être tué par un médecin qui admet les raisons du suicide, mais qui se comporte nécessairement en bourreau. En fait, le patient aurait la possibilité de se suicider lui-même mais préfère la méthode douce.

    La deuxième est l’interruption active de la vie d’un patient ayant un handicap majeur sans aucun espoir de récupération et réclamée par le patient lui-même alors que sa vie n’est pas directement menacée à moyen terme.

    La troisième est de laisser mourir un patient plus ou moins végétatif et dont l’état n’a aucune chance de s’améliorer après un temps d’observation suffisamment long qui peut se compter en années. Cette forme d’euthanasie passive est courante en France depuis longtemps et renforcée par la loi Léonetti qui prévoit en outre que la cessation du traitement peut être réclamée par le patient lui-même lorsqu’il peut s’exprimer ou lorsqu'il l'a fait de façon anticipée. La décision est toujours collégiale.

    L’affaire Vincent Lambert est donc des plus curieuses. Tétraplégique proche de l’état végétatif, il est nourri et hydraté depuis cinq ans, ses fonctions vitales ne sont pas maintenues artificiellement (en dehors de la nutrition), mais sans espoir de récupération selon l’équipe médicale. Celle-ci, en accord avec la plus grande partie de la famille, a jugé licite d’interrompre l’alimentation artificielle. Cette interruption a été considérée comme illégale par une ordonnance prise par le tribunal administratif de Chalons en Champagne saisi par une partie (minoritaire) de la famille, considérant que nourrir le patient n’était pas maintenir sa vie artificiellement. Le Conseil d’Etat devrait trancher.

    On voit que dans ce cas (comme dans d’autres), la justice prend une décision médicale, compétence qu’elle n’a pas, en opposition avec l’équipe médicale. Ce qui est ahurissant, et qui vient à l’appui de ceux qui veulent légiférer sur l’euthanasie, jugeant la loi Léonetti insuffisante.




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  • Commentaires

    1
    Jeudi 30 Janvier 2014 à 20:53

    Ne connaissant pas le fond du dossier et sa composante médicale, je ne peux juger des arguments pour et contre. Cependant, je me pose une question: vous dites que cet homme est "proche de l'état végétatif". "Proche" me semble important comme cette autre manière de le décrire: "en état de conscience amoindrie". Il n'est donc pas totalement inconscient et peut ressentir des sensations.

    Qu'on abrège son calvaire peut être envisagé mais pourquoi en interrompant l'alimentation artificielle? Il n'y a pas d'autre moyen que de le faire mourir de faim et de soif, sensations qu'il ressentira dans son état "proche du végétatif" ou de "conscience amoindrie?

    2
    Jeudi 30 Janvier 2014 à 20:56

    Le jugement rendu concernant cette affaire Vincent Lambert est complètement incompréhensible. Cette famille qui s'acharne à vouloir le maintenir en vie me fait penser aux égyptiens qui momifiaient leurs morts pour leur donner une vie éternelle. Cette partie de la famille qui s'acharne à tout prix à ce maintient en vie a-t-elle conscience des souffrances de Vincent ??? Que l'on ne me dise pas que cet homme  tétraplégique, proche de l'état végétatif, ne souffre pas. Merci Doc d'avoir soulevé un sujet qui risque de faire encore couler beaucoup d'encre et d'échauffer les esprits en France ! Bonne soirée. ZAZA

    3
    Jeudi 30 Janvier 2014 à 23:14

    @ PANGLOSS. Vous soulevez de bonnes questions. C'est l'ambiguïté de la loi Léonetti : pas d'obstination thérapeutique, donc arrêt du traitement qui prolonge la vie, mais pas d'acte entraînant la mort. En fait, dans la pratique on peut suffisamment droguer le patient pour qu'il ne souffre pas s'il lui reste un peu de conscience. 

    4
    Jeudi 30 Janvier 2014 à 23:22

    @ ZAZA. Le débat va s'ouvrir en France et pourtant les voisins comme la Belgique ou les Pays-Bas ont déjà une longue expérience de l'euthanasie et même du suicide assisté (des Français vont mourir en Suisse)

    5
    Vendredi 31 Janvier 2014 à 08:28

    Votre article montre bien la difficulté de rédiger un texte de loi sur un sujet aussi difficile.

    A noter, pour les parents cathos de Vincent L, que Jean-Paul II, à la fin de sa vie, a refusé d'être hospitalisé, ce qui revenait, compte tenu de son état de santé, à du suicide par refus de soins (ce que semble souhaiter ce malheureux jeune homme, selon ses proches)

    Question : vous semblez regretter que la justice ait pris une décision médicale en opposition à l'équipe médicale. Souhaitez-vous vraiment que ce soit les médecins qui  tranchent en dernier ressort en la matière ?

    6
    Vendredi 31 Janvier 2014 à 09:12

    Non, la décision est toujours collégiale : accord de l'équipe médicale et accord de la famille. Dans le cas Lambert les parents se sont opposés au reste de la famille et aux médecins, d'où l'intervention de la justice qui n'a aucune compétence pour juger en la matière. Dans ce cas précis, c'est l'avis des médecins qui devrait primer et non celui des juges.

    NB. Le problème législatif a été résolu dans les pays voisins, ce qui n'exclut pas la possibilité de dérives.

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