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Le calvaire d’un veinard
Dans Le Point du 16/01/20, je suis tombé sur un article où le journaliste Michka Assayas, que je ne connais pas car il semble surtout s’être exprimé sur la musique rock, mais qui vient de se faire connaître en déclarant avoir été touché par le récit de Vanessa Springora sur l’emprise qu’exerça sur elle Gabriel Matzneff (encore !). Et le pauvre chou en profite pour témoigner de ce qu’il a vécu à l’adolescence. Il proclame, ému : « mon « prédateur » était une « prédatrice ». Et que lui a donc fait cette cruelle « prédatrice » : l’amour, alors qu’il avait 15 ans. Ecrasons une larme, pleurons sur cette victime qui fut invitée à s’allonger sur une de ses professeurs (32 ans) et gentiment guidée par elle vers l’orgasme. Ce qui avoue-le est particulièrement déplaisant. Notre pauvre victime a trouvé cette épreuve « déconcertante » et la commente ainsi : « Cependant, assez vite, je me laissai emporter par cette vague folle qu'elle avait soulevée en moi, source à la fois de désir et de dégoût ». Du dégoût ? Diantre, le pauvre garçon.
Dans l’article notre victime cite l’avis de la pédopsychiatre Marie-Rose Moro (paru dans Libération, journal que l’on a connu plus permissif) : « quel que soit le contexte, avoir des relations sexuelles sous emprise quand on est adolescent reste violent et déstructurant » et que « ça reste des expériences traumatisantes dont on ne se remet jamais », et celui qui fut dépucelé aimablement à l’âge de 15 ans ajoute : « je ne peux que lui donner raison ». Reste à définir exactement ce qu’est l’emprise lorsqu’il n’y a ni violence ni chantage.
Mais je me rends compte à présent à quoi j’ai échappé, car à 15 ans j’aurais rêvé de faire l’amour avec une femme de 32 ans. Ce rêve ne s’étant jamais réalisé, j’ai eu la chance de ne pas subir ce traumatisme violent et déstructurant dont je ne me serais jamais remis alors que j’avais l’inconscience d’en rêver, comme probablement beaucoup d’autres, les imprudents !
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Commentaires
Si ça peut l'aider à surmonter son traumatisme, rappelons-lui qu'il y a des précédents célèbres. Louis XIV, par exemple, déniaisé à 15 ans par Cateau-la-Borgnesse, 40 ans, envoyée par la reine-mère ! Il s'en est jamais remis, le pauvre !
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Jeudi 16 Janvier 2020 à 20:47
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4OrageJeudi 16 Janvier 2020 à 23:04Quand je pense qu'autrefois on portait Françoise Dolto aux nues, maintenant elle n'a que des détracteurs.
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Jeudi 16 Janvier 2020 à 23:17
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5AristarkkeVendredi 17 Janvier 2020 à 00:056AristarkkeVendredi 17 Janvier 2020 à 00:077Souris doncVendredi 17 Janvier 2020 à 11:31Pudibonderie à la mode, dans le sillage des femmes voilées traumatisées à vie, ainsi que leur fils, à la moindre réflexion. Il n'est plus joyeusement interdit d'interdire. Faut être triste et compassé. Et vaguement menaçant, comme ces clientes sortant d'un magasin bio, conscientes de sauver la planète, contrairement à vous dans l'embouteillage avec votre 4x4 diesel. Prête à dépuceler le premier Michka Assayas venu.
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Vendredi 17 Janvier 2020 à 12:00
Les relations entre les hommes et les femmes deviennent bizarres. De plus en plus sur le mode agression-victime (je ne parle pas de crimes). La relation devient facilement inappropriée et traumatisante. Vient d'apparaître la notion fertile d'emprise à qui je prévois un grand avenir car on peut très bien considérer que l'amour, l'amitié, l'admiration sont des emprises susceptibles de modifier votre comportement. Werther n'était-il pas victime de l'emprise de l'amour ?
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8BrindamourVendredi 17 Janvier 2020 à 12:56-
Vendredi 17 Janvier 2020 à 16:49
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11AndréSamedi 18 Janvier 2020 à 11:42Ce journaliste essaie peut-être de surfer sur la vague du misérabilisme et de la position victimaire? Ca semble marcher très bien. Aujourd'hui, tout le monde est victime et si on veut obtenir quelques petits avantages, on a intérêt à se dire traumatisé parce que si on essaie de rester debout devant les épreuves de la vie, on passera pour un affreux réactionnaire, voire un sale facho. Revendiquons, exigeons, chouinons, c'est ce qui marche le mieux. Lutter ne sert désormais plus à rien. Sauf à garder un peu de dignité.
Je n'ai jamais lu d'ouvrage de Françoise Dolto. Je sais juste qu'elle s'occupait de l'enfance maltraitée alors qu'est ce qui a cloché par la suite? J'ai aussi appris que l'être humain pouvait se relever malgré toutes les tuiles qu'il a pu se prendre sur la tête à condition de trouver l'aide et les personnes nécessaires pour surmonter les épreuves de la vie. Dolto était-elle de ceux-là? Je veux dire: a-t-elle donné des exemples où des enfants maltraités avaient quand même pu se rétablir?
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Samedi 18 Janvier 2020 à 13:00
Dans nos démocraties l'individu ne résiste plus, il réclame. Et souvent les récriminations masquent les échecs. En effet, aujourd'hui tout est bon pour rechercher le statut avantageux de victime : le sexe, le genre, la couleur de la peau et bien entendu l'histoire; ceux qui n'ont jamais connu la colonisation se considèrent toujours comme des colonisés et même les gouvernements des pays anciennement colonisés attribuent leurs échecs aux anciens colonisateurs partis depuis des décennies.
Pour Dolto, je ne peux pas répondre précisément à votre question. Elle s'est évidemment intéressée à tous les problèmes psychologiques de l'enfant, mais ses interprétations théoriques ont été parfois un peu farfelues au point d'attribuer à des difficultés psychologiques infantiles des maladies organiques survenant sur le tard.
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