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La démocratie dans les pays musulmans
La démocratie est un régime où le peuple exerce sa souveraineté soit de façon directe, soit par ses représentants élus.
En Iran. Le peuple a appelé au pouvoir en 1979 le principal opposant au Shah Pahlavi, le chef religieux Khomeini exilé en France (bien mal récompensée par la suite) qui, dès son retour, a instauré une République islamique. On connait la suite : les élections existent, mais le peuple ne peut choisir qu’entre des partis islamiques.
En Algérie. En 1992, le FIS (Front Islamique du Salut) face à un pouvoir militaire considéré comme corrompu, remporte le premier tour des élections législatives, élections qui seront annulées. Le pouvoir devra faire face pendant des années au GIA (Groupe Islamiste Armée) qui par ses crimes et ses viols montrera un aspect bien différent de celui du FIS qui, pour gagner les élections, apportait son aide à la population.
En Turquie. Le peuple a choisi à deux reprises (2003 – 2007) le parti islamique (AKP) pour être au pouvoir. Pour l’instant, l’armée, héritière d’Atatürk, veille au respect de la laïcité.
En Tunisie. Après avoir renversé un autocrate, le peuple qui avait acquis avec Bourguiba une certaine modernité a, par des élections libres, choisi comme premier parti un parti islamique (Ennahda).
En Egypte. Il est probable que lors des élections prochaines, les vainqueurs seront les Frères musulmans que Moubarak avait mis hors la loi.
En Libye. Les personnalités qui exercent transitoirement le pouvoir ne cachent pas leur attachement à l’Islam dont devrait s’inspirer la prochaine constitution.
Au Maroc. Les élections récentes mettent en tête un parti islamique (le parti justice et développement).
Ce tour d’horizon très succinct et incomplet montre à l’évidence qu’à chaque fois qu’un peuple à grande majorité musulmane avait le choix, il choisissait de mettre le pouvoir entre les mains des islamistes et que ceux-ci n’y parvenaient pas que lorsque le régime en place, en général militaire et/ou dictatorial, s’y opposait. Autrement dit, les musulmans choisissent démocratiquement un parti religieux, et de leur religion, pour les diriger, quitte à s’en mordre les doigts par la suite comme en Iran. Alors, il faut cesser de projeter notre schéma démocratique sur des pays qui ont une autre conception de la démocratie que la nôtre et où la religion irrigue la société.
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Commentaires
1nettoueSamedi 26 Novembre 2011 à 17:12A chaque fois nous voulons croire ou faire semblant que le pays musulmans raisonnent comme nous, leur façon de voir n'est pas la même, et je crois qu'ils n'en changeront jamais : Sommes-nous trop imbus de nous-même pour ne pas admettre que malheureusement ce sont les dictateurs laïques qui entre mille atrocités font avancés les mentalités ?RépondreDans les exemples que j'ai donnés, ce sont les peuples qui ont choisi les partis islamiques. Ils perdent peut-être à nos yeux, mais pas aux leurs.
Petit rappel tout a fait approprié Doc. Avec nos yeux d'occidentaux, nous voudrions bien que la laïcité s'applique dans toutes les démocraties, mais ce n'est pas la cas avec les populations islamiques qui démocratiquement allient la religion à la démocratie. Alors c'est vrai, en Iran ce n'est pas encore cela, il s'agit d'une d'une démocratie autoritaire, mais il faut
également prendre en compte dans la population cette composition de musulmans, musulmans sunnites et musulmans chiites,ce qui ne facilite pas la problématique iranienne.En Iran ce n'est plus une démocratie dans la mesure où le peuple n'a plus de choix en dehors de l'Islam.
La seule chose à souhaiter pour le bien des femmes surtout est que ce soit les religieux qui évoluent et adaptent les lois du Coran à une modernité indispensable pour les avancés de leur pays et leurs rapports avec les autres, comme avait commencé à le faire la Tunisie !En Tunisie, la liberté des femmes était plus ou moins acquise. La régression est à craindre.
Il faut noter également que ces partis islamistes qui se présentent aux élections ont également procédé à des aides sociales vis à vis des populations. En outre et comme vous le démontrez les populations de ces pays ne donnent pas le même sens au vocable "démocratie". L'avenir leur appartient. En outre vu l'état de notre démocratie je crois que nous n'avons guère de leçons à donner. Merci pour vos articles judicieux Dr WO.Il me semble que trois facteurs expliquent leur succès. D'abord l'attachement à l'Islam, religion d'Etat, ensuite l'aide sociale dans une situation économique difficile et probablement avec l'argent des monarchies pétrolières, enfin, les pouvoirs en place étant corrompus, l'espoir que les religieux le seront moins.
Les trois facteurs que vous évoquez me semblent tout à fait justes.Tres juste Doc.
Notons cependant qu'en Tunisie et au Maroc, les partis islamistes sont obligés de composer avec des partis non religieux et que cela en fait des régimes qui n'ont rien à voir avec ceux d'iran ou d'Afghanistan.
La démocratie sert quelquefois juste à sauver les meubles, ce qui est déjà pas mal !Ni les pays, ni les forces en présence sont identiques, mais les peuples sont comparables en choisissant toujours en majorité les partis islamistes lorsqu'ils ont le choix.
Sans doute faut-il leur laisser le temps d'évoluer. Cela ne me gêne pas à condition qu'ils évoluent chez eux et qu'ils s'abstiennent, avec la douceur qui les caractérise, de vouloir apporter la bonne parole au reste de la planète !
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