• La cause et l'effet

     

    La cause et l'effetEn lisant un article du sociologue Gérard Bronner paru dans le Point de cette semaine, j'ai appris avec étonnement que si beaucoup de personnes croient aux lignes de la main comme marqueurs de leur destin, les Japonais vont plus loin dans leur  superstition en pensant qu'en modifiant chirurgicalement ces lignes (pour 655 euros) ils changeront leur destinée dans le sens favorable imposé par la pointe du bistouri.

    Je trouve que cette démarche est d'une touchante absurdité : en changeant le signe, ces Japonais espèrent changer ce qui l'a provoqué. Manipuler l'effet pour modifier ou masquer la cause. Si tenter d'inverser la cause et l'effet paraît être une stratégie absurde, elle est pourtant bien courante.

    Notamment en médecine. Il arrive souvent que l'on traite les symptômes sans traiter la cause, soit parce qu'elle n'est pas connue, soit parce que l'on ne possède pas son traitement. C'est une démarche qui paraît justifiée : soulager le malade quant on n'a pas le traitement de la cause de la maladie. Traitement dit symptomatique en espérant que la maladie disparaîtra d'elle-même. Mais dans nombre de cas se contenter de traiter les symptômes sans en rechercher la cause peut s'avérer dangereux et inefficace.

    Bronner cite ce traitement chirurgical japonais du destin pour parler des objectifs que se donne l'enseignement en France. On sait que l'obtention du bac pour 80% des candidats était un objectif que l'on dépasse largement chaque année, à tel point que l'on pourrait contester l'utilité de cet examen. La seule utilité que j'y vois est la joie que manifestent les candidats et leur famille lors du résultat qui ne fait pourtant guère de doute pour 90% des postulants.

    Bronner cite le « Rapport sur la stratégie nationale de l'enseignement supérieur  » qui propose de porter 60% d'une classe d'âge à obtenir un diplôme de l'enseignement supérieur. Objectif endossé sans hésitation par François Hollande. Le nombre de diplômés n'est-il pas le signe de la valeur de l'enseignement d'un pays ? Fastoche ; il suffit d'abaisser le niveau.

    L'inversion de la cause et de l'effet en matière de gouvernance est malheureusement trop courante. La manipulation des statistiques, qui ne trompe personne, en est un exemple. Mais dans tous les domaines les gouvernants français s'attaquent plus volontiers aux effets plutôt qu'à la cause, et s'étonnent que leurs efforts sur les effets ne font pas disparaître leur cause.

    « Nous sommes de bons petitsComment être soi-même »

  • Commentaires

    1
    Vendredi 16 Octobre 2015 à 17:58

    Ils finiront bien par avoir la peau de la langue française, dans un manuel scolaire, les éditions Magnard, ont conjugué le verbe voir au passé simple comme ci-dessous :

    Je vus, tu vus, il vut... dans un premier temps, les éditions avaient répondu sur BMTV, qu'ils ne corrigeraient pas cette énorme coquille...heureusement, les réseaux sociaux se sont chargés de rapporter la chose, ils rappellent donc les bouquins de grammaire afin de les corriger!!!

    Bravo ! Continuons, et nous parlerons arabe!

      • Vendredi 16 Octobre 2015 à 18:07

        Je  vois. yes

    2
    Vendredi 16 Octobre 2015 à 18:16

    Sont fous ces nippons Doc ! Pour ce qui concerne les objectifs du gouvernement en matière d'obtention de diplômes, il est certain qu'aujourd'hui, les niveaux sont tellement bas que ce n'est pas trop difficile d'obtenir un Baccalauréat ou un BTS. Je suis toujours atterrée par le manque de vocabulaire des jeunes. Quant aux règles de grammaire, n'en parlons pas. Je n'irai pas aussi loin que Liviaaugustae ! Bonne soirée Doc.

      • Vendredi 16 Octobre 2015 à 19:18

        D'autant plus que l'arabe n'est pas si facile. sarcastic

    3
    Samedi 17 Octobre 2015 à 08:43

     

    Il existe encore une autre méthode pour supprimer la cause en s’attaquant à l’effet : casser le thermomètre. Dans les classements internationaux (Shanghai, OCDE…), nous sommes dans les derniers ? C’est parce que notre génie n’entre pas dans les critères.

     

    Suggestions.

    Faire figurer dans les items :

     

    Le système le plus démagogique

    Les diplômes les plus démonétisés

    Le nivellement par le bas

    L’exploitation de la crédulité des jeunes

    Les filières sans débouché (sauf quelques politiques sortis du syndicalisme étudiant, mais là, on est déjà dans l’élitisme)

    Les parkings à chômeurs les faisant sortir de la statistique.

     

    4
    Samedi 17 Octobre 2015 à 09:02

    On peut aussi ne plus prendre sa température pour ne plus avoir de fièvre. Mais l'ignorance ne peut être qu'à consommation interne, avec la mondialisation cela devient difficile.

    5
    Samedi 17 Octobre 2015 à 10:18

    Récemment, on a vu des manifestations d'étudiants. Ils réclament plus d'amphis. Forcément, ça déborde. Donc on chante sur l'air des sardines de Sébastien.

    Ils s'insurgent contre le fait que 50% des étudiants doivent travailler pour financer leurs études. Je ne sais pas vous, mais moi, les petits jobs ne m'ont pas empêché d'obtenir mes diplômes. On se débrouillait avec les polycops, on jonglait avec les horaires, on prenait des jobs d'été. Il me semble que les jeunes ont infiniment plus de facilités avec internet, les cours sont retransmis.

    Ils attendent quoi ? Que le contribuable leur offre leur cursus de psycho-socio ?

      • Samedi 17 Octobre 2015 à 11:02

        Le financement des études est toute de même plus agréable qu'aux USA. Avec 90% de réussite au BAC et avec un objectif de 60% de diplômés, il ne faut pas s'étonner que les amphithéâtres soient combles. Mise à part les filières de santé, ce n'est pas le cas des filières scientifiques. Avoir un diplôme est sûrement un atout, mais faire des études est le meilleur moyen de retarder le chômage. La situation actuelle ne peut pas être comparée à celle que j'ai vécue et peut-être à la vôtre (car j'ignore votre âge). A présent l'adolescence se prolonge très longtemps.  

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