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Hugo et l’Euro
Hugo dans un discours de 1855 avait rêvé de l’Euro : « Une monnaie continentale ayant pour point d’appui le capital Europe tout entier et pour moteur l’activité libre de 200 millions d’hommes, cette monnaie une, remplacerait et résorberait toutes les absurdes variétés monétaires d’aujourd’hui, effigies de princes, figures des misères ; variétés qui sont autant de causes d’appauvrissement ; car, dans le va-et-vient monétaire, multiplier la variété, c’est multiplier le frottement ; multiplier le frottement ; c’est diminuer la circulation. En monnaie comme en toute chose, circulation, c’est l’unité » (cité par Michel Winock, historien).
Il est vrai que l’on lit peu Victor Hugo sauf pour faire un film ou une comédie musicale d’une de ses œuvres. Lorsque l’on demanda à Gide quel était le plus grand écrivain français, il répondit : « Victor Hugo, hélas ! ». Je crois que l’on ne lit plus beaucoup Gide non plus.
Evidemment, j’ai retranscris cette citation car nous sommes à la veille des élections européennes que les Français bouderont sans doute, et nombre de ceux qui iront voter, voteront pour les partis qui vouent l’UE aux gémonies, qu’il s’agisse des anticapitalistes génétiques qui ne savent pas trop par quoi remplacer le capitalisme honni et qui devraient se souvenir de la prédiction de Marx : « Ce qui survient une première fois comme tragédie se répète comme farce », ou les fervents de la ligne Maginot, symbole grandiose d’une France en retard d’une guerre , et qui refusent de voir que le monde a changé autour de l’hexagone.
Mais ceux qui crachent sur l’UE, ne crachent pas sur les émoluments qu’elle leur accorde si généreusement, même s’ils ne mettent que rarement les pieds, après leur élection, au Parlement européen.
On sait où mènent les nationalismes exacerbés, et sans l’UE qui pourrait-on accuser de tous les maux ? Le boche ou la perfide Albion ? Je les encourage donc à voter pour l’UE, bouc émissaire tout trouvé et moins dangereux, même si sa course est parfois un peu folle, qu’ils prennent soin – dans leur propre intérêt - de ne pas le tuer.
Tags : UE, élections européennes, Victor Hugo
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Commentaires
Pour la citation vous avez peut-être raison, car s'il s'agit d'un écrivain, Gide aurait tendance à penser que c'était lui.
Dans ces élections on ne sait pas exactement pour quoi on vote. Pas de programmes précis. Etre pour ou contre l'UE n'a en effet plus de sens, mais restreindre le rôle de l'UE ou la suppression de l'Euro, serait une régression et un retour des nationalismes.
Ah le vote... oui mais se demander pourquoi... En bon animal je m'en tiens à ma prime intuition. Un bien coûteux manège qu'internet achève de saccager. Opinion minoritaire
En politique, par contre, la question ne se pose pas : il était très mauvais ! Sa posture d'indigné et ses pamphlets contre "Napoléon le petit" ne laissent pas le souvenir d'un grand visionnaire politique ! Les anti-sarkozystes primaires ont d'ailleurs découvert il y a quelques années qu'ils pouvaient les reprendre à leur compte sans changer un mot, ce qui prouve bien qu'il s'agit d'un texte polémique certes brillant mais creux et passe-partout !
On pourrait dire la même chose de cette curieuse proposition de "monnaie continentale" que vous nous faites découvrir. Elle est vraiment amusante. Mais ne correspond à rien. L'euro d'aujourd'hui répond à un projet daté et précis et suppose une foule de conditions (économies ouvertes sur le monde, suppression des frontières européennes, flux financiers dématérialisés, nécessité de créer un grand marché intérieur etc.). La proposition du grand écrivain n'avait pas plus de sens à son époque qu'une proposition de créer aujourd'hui une monnaie commune à la Chine et au Brésil.
Néanmoins, proposer une monnaie unique en Europe en 1855 est tout de même étonnante, d'autant plus étonnante qu'à l'époque c'était impossible. Comme quoi des utopies invraisemblables peuvent parfois se réaliser; il suffit d'attendre.
@ la démocratie. Je garde ma voix pour des débats à mon échelle. Je ne sache pas que les urnes ont jamais tenu le monde en leur sein. J'ai néanmoins été tenté plus d'une fois de militer. Un vil non inscrit n'ayant jamais voté, mais qui je vous rassure se porte bien mal...
Les urnes sont les outils principaux de la démocratie. Des gens meurent pour que l'on puisse les installer chez eux.
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Je crois que Gide répondait à la question " Quel est le plus grand poète français".
La (très discrète) campagne électorale pose le problème de manière simpliste en obligeant les électeurs à être "europhiles" ou "eurosceptiques" en accusant les sceptiques d'être "contre l'Europe". Comment peut-on être "contre" l'Europe?!
Ce qui fait qu'on en arrive à voter non pas tant pour des hommes ou des programmes ni pour ou contre l'Europe mais pour ou contre cette Europe-là. Y envoyer des députés peut-être aussi le moyen de changer ce qui ressemble à une dictature bureaucratique menée pas des politiciens cooptés.
Depuis quelque temps, les sondages annoncent une poussée des "eurosceptiques". C'est peut-être l'explication de la timidité de la campagne. Puisqu'on nous dit que seuls les eurosceptiques seraient motivés et que l'abstention toucherait surtout les partis de gouvernement, on se dit qu'il serait de leur intérêt que cette abstention touche aussi le FN et le Front de Gauche. La comparaison de la soirée électorale des européennes à la télé avec celles des autres élections est éclairante. Pourquoi parler d'un événement qui n'a concerné que moins de la moitié des électeurs et n'en a passionné qu'un faible pourcentage?