-
Big Brother
Un article d'Hélène Vissière, paru dans "Le Point" du 7 août 2008 n° 1873, vient illustrer de façon caricaturale mes modestes propos publiés dans ce blog (Chroniques médicales n° 19, 20 et 23). Cet article traite des mesures prises par des entreprises aux USA, pour imposer une prévention cardiovasculaire à leurs employés portant essentiellement sur la lutte contre l'obésité (2 américains sur 3 ont une surcharge pondérale), le tabagisme et la sédentarité.
Bien sûr, ce n'est pas par philanthropie. Les entreprises (surtout les grandes firmes) règlent la plus grande partie des dépenses de l'assurance-maladie et elles espèrent en outre obtenir une meilleure productivité en diminuant les arrêts de travail.
Certaines entreprises, comme IBM, incitent à suivre la prévention en versant jusqu'à 300 dollars de prime annuelle si on fait un bilan de santé ou si l'on suit les mesures de prévention, d'autres offrent des cadeaux.
Mais devant les résultats incertains de ces pratiques incitatives laissant aux employés la liberté du choix, d'autres entreprises ont opté pour des mesures dures en pénalisant ceux qui s'écartent des moyennes, par exemple : maigrir ou payer 840 dollars par an (la femme ainsi menacée a perdu 27 Kg en 1 an). Les employés doivent subir un bilan de santé et répondre à un interrogatoire intime (alimentation, mais aussi rapports avec le conjoint), les récalcitrants étant à l'amende (480 dollars). Un employé testé positif à la nicotine est averti (même s'il fume en dehors de l'entreprise) et menacé de licenciement s'il récidive. Beaucoup d'entreprises n'embauchent même pas les fumeurs.
Ainsi aux USA et peut-être un jour prochain en Europe (en France, un premier ministre, maintenant décédé, n'avait-il pas proposé que la Sécurité Sociale ne prenne pas en charge les complications de l'alcoolisme et du tabagisme ?), les entreprises deviennent « le bras armé » du « pouvoir médical ». La prévention est évidemment souhaitable, mais où va-t-elle s'arrêter ? Un modèle universel tend à être imposé à chacun, les récalcitrants montrés du doigt et marginalisés. C'est un bon début qui augure une intrusion encore plus large dans la vie des individus.
NB Dans "Le Point" cet article qui traite de la lutte contre l'obésité (aux USA) est suivi par un article intitulé "Quand le riz vient à manquer" (au Bangladesh)
-
Commentaires
1Le huronJeudi 11 Septembre 2008 à 17:00Un individu ne doit pas être estimé en fonction de son utilité sociale.En poussant (très peu)certains des raisonnements de cet article, on en arriverait à ne pas secourir les accidentés de la route qui ont dépassé la vitesse limite ou n'ont pas présenté dans les délais leur voiture au contrôle technique.RépondreL'individu sera peut-être un jour évalué selon le rapport "qualité/prix" ou "coût/efficacité"
Dr WO
Ajouter un commentaire