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Autisme
Je me pose la question : les gouvernants n’ont-ils pas une forme mineure[1] d’autisme ? Enfermés dans leur monde depuis des années, ils semblent avoir du mal à communiquer avec l’extérieur. Sinon pourquoi la plupart des gouvernants feraient-ils appel à des « spécialistes » de la communication et le titre qu’on leur donne : « spin doctors » est manifestement médical. Ces soignants (dont les honoraires varient de 5000 à 10000 € par mois)[2] se penchent sur le patient pour lui apprendre les attitudes à avoir, les paroles à prononcer, la façon de le faire, les petites phrases qui font mouche, les slogans à utiliser, les thèmes à aborder, souvent d’une grande originalité comme ceux conseillés à notre ministre de l’Education nationale par son praticien préféré : « cartable trop lourd », « produits pas chers pour la rentrée » etc…Il est dommage que les parents ne soient pas rémunérés pour conseiller au ministre d’aborder ces thèmes qui ne lui viendraient pas tout seul à l’esprit, alors qu'il est passé - comme la plupart de ses confrères - par "les Grandes Ecoles" (ce qui, paradoxalement, n'est pas toujours le cas de ceux qui leur servent de précepteurs).
On comprend pourquoi les hommes politiques du passé ont parfois échoué malgré leur personnalité et leur éloquence naturelle. Avec un « communicant », Clémenceau, le « Père la Victoire », aurait sûrement été élu Président de la République, Churchill ne se serait pas retrouvé dans l’opposition après avoir gagné la guerre et De Gaulle ne se serait pas retiré après l’échec du référendum sur la « régionalisation », facilement acceptée par la suite.
[1] Il est possible que certains soient atteints d’une forme plus sérieuse.
[2] Le Point du 12 mars 2009.
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Commentaires
1Le HuronMardi 17 Mars 2009 à 19:25C'est une forme d'autisme collectif: ils refusent de voir la réalité qui les assiège à la porte de leurs palais et d'entendre le peuple qui, pour eux, représente un danger. Fièvre obsidionale?RépondreEt ils pensent que les "communicants"permettront de lever le siège. C'est grave et ils se soignent mal.
Dr WOIls ont tellement l'habitude de la langue de bois qu'ils ne comprennent plus le langage "populaire". De plus, des hauteurs où ils siègent, ils n'ont pas l'ouïe assez fine pour bien entendre.J'ai plein de trucs à dire sur ça mais je vais laisser passer un début de semaine un peu fatigant.
Juste une chose: du temps de Clémenceau, le Président était élu par le Parlement. Je pense qu'un communicant au sens actuel du terme ne lui aurait pas été d'une grande utilité.En effet, Clémenceau n'a pas été élu aussi bien par la droite que par la gauche du parlement en raison de son fichu caractère. Bien sûr, mon dernier paragraphe était ironique et visait à montrer que les véritables hommes d'état n'avaient pas besoin de "communicants" pour communiquer.
Dr WOLes "spin doctors" étant eux-même apparemment autistes, on n'est pas prêt de s'en tirer !Je me demande si, sous d'autres formes évidemment, les communicants n'ont pas toujours existé auprès des gens de pouvoir. Ou si les gens de pouvoir n'ont pas toujours eu besoin d'être des communicants. "La poule au pot chaque dimanche pour tous les Français", "Du haut de ces Pyramides (je ne sais plus combien) siècles vous contemplent", "Paris vaut bien une messe", "Lève-toi et marche", etc...
Les gouvernants ont toujours eu un problème de perception du peuple, ils ont toujours été isolés et entourés de courtisans, l'opinion publique n'est pas une nouveauté et, très tôt, des mouchards ont été installés pour la capter. Les méthodes évoluent, pas les objectifs.Vous avez sans doute raison. Toutefois, je ne pense pas que l'on faisait répéter les grands hommes comme s'ils devaient jouer un spectacle bien réglé. Je pense qu'ils ne l'auraient pas permis.
Dr WOLes grands hommes sans doute. Même si, par exemple, je crois qu'il n'y a pas eu qu'une seul "prise" pour l'Appel du 18 juin.
Mais, grands hommes et hommes de pouvoir (ou femmes), deux catégories se recoupant fortuitement. Il m'étonnerait que vous disiez le contraire...Mais je ne pense pas que quelqu'un ait dit à De gaulle ce qu'il devait dire et comment le dire. Plusieurs prises, peut-être, mais par autocritique.
Ces deux catégories se rencontrent en effet fortuitement. Il faut y ajouter une troisième figure : l'évènement historique. Nombre d'hommes auraient pu être grands s'ils avaient été là au bon moment et au bon endroit.
Dr WOJe me demande en voyant les noms cités dans votre dernier paragraphe si tout simplement, ils n'ont pas "échoué" parce qu'à l'époque, il y avait encore une certaine déontologie et qu'ils n'auraient pas pu rouler les peuples dans la farine avec autant d'aisance que le font ceux qui de nos jours ont été formatés pour ça... attention, je n'ai pas dit qu'ils étaient incapables de mentir, mais je crois pas à cette échelle..Je pense que le peuple avait moins d'influence autrefois. Les moyens d'expression de celui-ci sont aujourd'hui plus importants. Par contre, comme vous le dites, la déontologie des hommes politiques était plus contraignante, moins de désinvolture, moins de mensonges flagrants, moins de comédie (ce qui ne veut pas dire qu'ils n'existaient pas).
DR WOIl y a eu de tels changements... autrefois, pour faire campagne, ils s'adressaient à la raison, ils faisaient appel à la faculté de réflexion de leurs interlocuteurs... maintenant, surtout depuis l'avènement de la télé, les campagnes se sont peoplelisées, et il est fait appel aux sentiments.
Combien votent pour quelqu'un qui fait semblant de leur ressembler, pleure en parlant des handicapés (je connais un petit vieux qui a voté Sarko pour ça), ont leurs enfants dans leurs bureaux (la fameuse prise de vue avec les enfants Kennedy jouant sous le bureau de leur père a parait'il nécessité 3 heures de mise au point, les enfants n'ayant pas l'habitude d'aller dans cette pièce) et Bush qui a consolé cette gamine dont la mère était morte a conquis à ce moment là des tas d'électeurs
ils se font retoucher pour avoir une allure plus séduisante...
Les gens marchent à la séduction maintenant... je me souviens des meetings où mon père m'emmenait toute gamine, et où il m'expliquait sur le chemin du retour...il y avait de vrais débats, pas des montages comme aujourd'hui où tout est préparé...
Je vois de nos jours des gens qui ne s'intéressent à ceux qui voudraient les diriger que dans la dernière étape de la campagne électorale, comment peuvent ils avoir du recul et une approche plus juste du personnage?.....En fait tout est spectacle puisque tout est image. (cf "Spectacle" dans les "Bâtons rompus")
Dr WO
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