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426. La poche ou la vie
Les « témoins de Jéhovah » constituent une branche un peu tordue du christianisme et dont l'un des objectifs est de prédire la fin du monde et la bataille d’Armageddon qui établira le Royaume de Dieu sur Terre. Notons que bien que tout puissant, Dieu devra combattre les forces terrestres pour s’imposer, ce qui jette un doute sur sa toute puissance. Le tort des instances de cette religion est de donner imprudemment des dates pour ce combat final qui se sont révélées heureusement fausses à chaque fois, ce qui ne semble guère les préoccuper et miner un tant soit peu leurs croyances. Férus de Bible hébraïque, cela ne les a pas empêchés, pour préserver les leurs, d’envoyer une bafouille antisémite à Hitler pour qui la référence à Jéhovah devait être une preuve de l’implication des Juifs. Une flagornerie minable qui n’a nullement protégé les « témoins de Jéhovah » de la persécution par le régime nazi.
Une interprétation discutable d’un verset de la Bible les font rejeter toute transfusion de sang (ou de ses composants), autre que le leur. Ce rejet a permis à bon nombre de « témoins » de connaître la fin du monde avant l’heure, et de compliquer la tâche des médecins et surtout des chirurgiens pris dans le dilemme : préserver une croyance, aussi absurde soit-elle, ou préserver la vie. Dans ma pratique je n’ai jamais eu à trancher.
Ce dilemme a été vécu par des chirurgiens et réanimateurs du CHU de Bordeaux en 2016 où une patiente, témoin de Jéhovah, fut admise pour une ablation de la vésicule biliaire. Une blessure de l’artère iliaque droite au cours de l’intervention avait provoqué une hémorragie ayant rapidement dépassé le protocole alternatif qui avait été mis en place sur la demande de la patiente. Les conséquences de l’hémorragie ont mis la patiente en danger de mort, et des transfusions furent faites, la patiente étant inconsciente, une telle décision est prévue par la loi. En post-opératoire, une anémie profonde a mis à nouveau le pronostic vital de la patiente en jeu et une autre transfusion s’était avérée nécessaire. Devant le refus réitéré de la première intéressée qui jouait pourtant sa vie, « une transfusion sanguine a été réalisée sur la décision collégiale de deux médecins, à l'insu de l'intéressée qui a été endormie et ne l'a appris qu'un an plus tard, lorsque son dossier médical lui a été communiqué à sa demande ». Pour la Cour, cette méthode suffit à engager la responsabilité de l’hôpital « sans qu'il soit besoin de rechercher si cette intervention était justifiée par une urgence vitale. Dans cette circonstance bien particulière, le CHU a été condamné à verser la somme de 4 000 euros au titre du préjudice moral mais aussi de « troubles dans les conditions de l’existence ». Une somme qui a été augmentée en appel, le Tribunal administratif ayant en première instance accordé la somme de 1.000 euros. ».
Si chaque religion apporte son lot d’absurdités dans ses pratiques, mais la logique n’y trouve guère sa place, par contre la justice est censée être logique, mais elle ne manque pas d’absurdités. Le respect de la loi serait-il supérieur à la préservation de la vie ? Si cette patiente n’avait pas été endormie pour passer outre son refus de la transfusion, elle serait morte. La justice aurait-elle poursuivi les chirurgiens et réanimateurs pour non- assistance à personne en danger s’ils avaient respecté la volonté de la patiente ? L’attitude juridiquement valable eût été de laisser la malade tomber dans le coma pour pouvoir la transfuser sans avoir à lui demander son avis, ce qui lui aurait permis de se réveiller avec de multiples séquelles organiques notamment cérébrales probablement définitives. A mon avis, le seul tort des chirurgiens est d’avoir blessé l’artère iliaque droite qui, habituellement, n’est pas à côté de la vésicule. Une maladresse de taille.
Illustration : Jean-Claude Vernier : "la Justice"
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Commentaires
3Souris doncLundi 31 Octobre 2022 à 08:13Il fut un temps où, à la campagne, chacun laissait sa porte ouverte jusqu'au soir. Puis les démarcheurs nous ont gâché la vie, notamment les Témoins de Jéhovah, que vous retrouviez dans votre séjour, avec un sens de l'intrusion qu'on ne trouvait que chez certains représentants de commerce venus vous fourguer le dernier presse-purée.
Il fallait dire répéter les mots d'une de leurs prières pour qu'ils consentent à partir emmerder convertir le voisin.
Avantage : chacun s'est équipé d'une sonnette à caméra "souriez, vous êtes filmés". Dissuasive. Pour tout colporteur et autre camelot.
Les Témoins de Jéhovah sont maintenant cantonnés aux jours de marché où ils sont devant une pauvre pancarte que personne ne regarde.
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Lundi 31 Octobre 2022 à 08:21
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Dans leur anciennes représentations du paradis (peut-être ont-ils changé aujourd'hui) on voyait des lions se promenant avec des gazelles, des enfants jouant avec des serpents, et des gens de tous les pays et de tous âges qui chantaient et qui riaient, qui riaient, qui riaient... Effrayant !
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Lundi 31 Octobre 2022 à 16:25
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C'est pourtant pas compliqué d'échapper à leur visite de routine :
...je dis ça, mais c'est vous qui voyez
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Lundi 31 Octobre 2022 à 18:24
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Lundi 31 Octobre 2022 à 21:22
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Lundi 31 Octobre 2022 à 22:53
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6PanglossMardi 1er Novembre 2022 à 11:43Je m'interroge sur ces "troubles dans les conditions de l'existence" qu'aurait provoqués la transfusion, la non-transfusion ayant, si j'ai bien compris, mis un terme à l'existence de la patiente.
Les témoins de Jehovah sont une preuve de la fragilité des témoignages.
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Mardi 1er Novembre 2022 à 14:16
La justice a en effet estimé que les troubles n'auraient pas existé en l'absence d'existence. Ce sont peut-être des témoins appelés à la barre pour tenter de défendre un Dieu que le monde pourrait mettre en accusation. Et comme dit Woody Allen : "si Dieu existe, j'espère qu'il a une bonne excuse".
NB. Votre pseudo ne comporte pas de lien vers votre blog.
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7jakob falaiseMardi 1er Novembre 2022 à 20:23la plaie de l'artère iliaque, loin située de la vésicule comme vous le savez, a probablement été occasionnée par la réalisation du pneumopéritoine préalable à la réalisation de la coelioscopie pour la cholécystectomie
le chirurgien a probablement dit à la patiente "on fera ça sous coelio pour minimiser la taille de l'ouverture, les soins post opératoires et les saignements per opératoires, vous êtes d'accord?"
et la patiente a dû répondre "banco, on fait comme ça"
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Mardi 1er Novembre 2022 à 20:55
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jakob falaiseJeudi 3 Novembre 2022 à 13:28
je pense que c'est le trocart utilisé pour insufler le co2 dans la cavité péritonéale qui a dû blesser une artère, probablement l'épigastrique superficielle, comme ça reste en sous péritonéal, ça n'apparaît pas lors de la coelio exploratoire, ça reste localisé ou ça diffuse lentement, on s'en apperçoit une fois refermé...il faut alors réouvrir pour cliper l'artère, décailloter (je n'ai pas dit décalotter, ha ha ) et compenser les pertes
j'ai eu connaissance d'un cas tout à fait intéressant, lorsque j'étais, bref, la gynéco qui était une camarade d'internat, avait piqué direct, par quel manque de bol on ne saura jamais, une varice pelvienne qui circulait trop près de la paroi, mais ça s'est bien résolu
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Jeudi 3 Novembre 2022 à 14:10
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8jakob falaiseJeudi 3 Novembre 2022 à 21:08possible qu'il y ait eu une variante anatomique ou une boucle de l'iliaque ou même un anévrysme
ou alors, lors des manoeuvres, l'ancillaire de la caméra a réussi a éroder une paroi artérielle pas bien portante
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Jeudi 3 Novembre 2022 à 23:31
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Les témoins de Jéhova sont une secte et ne sont absolument pas affiliés au christianisme, et comme vous le faites remarquer, ils sont bourrés de sottises à deux balles !