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348 « Médicocratie »
On a toujours parlé du pouvoir médical, mais irait-on consulter un médecin s’il n’avait aucun pouvoir ? Dans une relation, celui qui sait plus a, de fait, un pouvoir sur celui qui sait moins, c’est aussi le pouvoir d’un ingénieur capable de faire construire un pont sur celui qui n’en est pas capable. Mais le pouvoir de l’expertise en médecine peut aussi être vécu de la part du patient comme une relation dominant-dominé car la pouvoir d’un médecin ne s’exerce pas sur la matière mais sur l’être humain, sur le devenir de son corps et en définitive sur la vie de l’autre. Il s’agit aussi d’une relation entre une personne souvent affaiblie et inquiète qui vient solliciter le secours d’une personne qui, en théorie, ne l’est pas. ////// Ces dernières décennies on a tenté de donner du pouvoir au malade en l’engageant à « s’approprier » sa maladie, ce qui est une formule grotesque, en étant « maître de son mal », ce qui n’est pas impossible pour certaines maladies chroniques comme le diabète, mais illusoire pour la plupart d’entre elles car on ne maîtrise pas son mal, on le subit, et prétendre choisir librement son traitement est aussi une illusion, même si l’on peut refuser tout traitement ou choisir entre des alternatives proposées par le médecin, mais c’est encore ce dernier qui les proposent. Ce pouvoir médical peut être rejeté pour se tourner vers des médecines dites parallèles et qui sont, en effet, parallèles à la médecine. ////// Du pouvoir médical légitime et recherché, on assiste aujourd’hui avec cette pandémie à une prise de pouvoir de la médecine sur la société, ce qu’un philosophe allemand a appelé une « médicocratie ». L’exécutif est obligé de s’entourer de médecins et de suivre leurs conseils car ne pas les suivre serait se condamner en cas de catastrophe sanitaire. On reprochera plus à un gouvernement la mort de malades que l’on n’a pas pu soigner que la mort de l’économie qui peut toujours renaître. Ainsi les médecins sont aujourd’hui au cœur du pouvoir exécutif, et ils sont aussi au cœur du pouvoir médiatique puisqu’ils défilent massivement sur les plateaux TV avec pour la plupart le même discours répétitif, et pour certains un discours opposé qui fait la joie des journalistes. L’exercice du pouvoir par les médecins les met en danger car ils subiront les attaques que subit tout pouvoir. Ce pouvoir même sera mis en doute et discuté, voire agressé et la perte de confiance dans le médecin finira par se retourner contre le malade.
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Commentaires
Prise de pouvoir de la médecine? Les médecins sont dans leur rôle quand ils informent et expliquent. Ils ne le sont plus quand ils servent la soupe aux médias avides de polémiques.
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Dimanche 15 Novembre 2020 à 11:11
il y a d'une part ce défilé de médecins sur les plateaux qui n'informent pas mais ne font que répéter la même chose depuis des mois, et quelques autres qui ont quitté le champ de la médecine pour le vedettariat. D'autre part, une prise de pouvoir involontaire par nécessité qui montre à quel point notre société a besoin de maternage et de sécurité. Ce n'est pas une critique mais un constat, et si j'ai regretté parfois la médicalisation excessive de la société, cette pandémie ne peut que la justifier.
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Il n'y a aucun pouvoir des médecins devant ce nouveau phénomène.
Les Diafoirus passent leur temps dans les merdias pour se contredire.
Le vrai problème, n'est pas le pouvoir, mais l' IMPUISSANCE de ce corps médical.
Spectacle grotesque !
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Dimanche 15 Novembre 2020 à 14:08
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4Souris doncDimanche 15 Novembre 2020 à 15:24Les professeurs de médecine vont de congrès en congrès. Ils ne voient plus un malade de près : à fuir ! Dangereux.
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Dimanche 15 Novembre 2020 à 15:40
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Souris doncLundi 16 Novembre 2020 à 14:35
Vous qui êtes de ce monde (médical), comment se fait-il que certains Diafoirus caractériels patentés deviennent chefs de service ? Quels sont les critères d'avancement ?
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Lundi 16 Novembre 2020 à 15:12
Je ne peux vous parler que du monde ancien. Il fallait passer par deux concours hospitaliers et parvenu au post internat (clinicat ou assistanat) l'accession au professorat (et éventuellement la chefferie) dépendait des titres et travaux et bien plus du hasard : être dans le bon service et surtout connaître les bonnes personnes. On voit qu'il y a nombre d'aléas, et que si certains sont à leur place, on peut s'étonner parfois que d'autres y soient parvenus.
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Lundi 16 Novembre 2020 à 16:42
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Lundi 16 Novembre 2020 à 17:00
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On dit couramment que "la nature a horreur du vide"
Peut-on imaginer que devant le vide laissé par le pouvoir politique en grand désarroi face à la multiplicité des problèmes nationaux et internationaux (pas seulement en France, pas seulement sanitaires, et pas seulement économiques, pas seulement migratoires, pas seulement sécuritaires, etc...) et quelles qu'en soient les causes profondes ou immédiates, d'autres groupes ou structures ou individus accèdent au pouvoir (rarement sans le rechercher !) ou tentent d'y accéder ?
(Si j'osais, je dirais que la "médicocratie" remplace provisoirement une sorte de "médiocratie")
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Dimanche 15 Novembre 2020 à 17:37
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Que le pouvoir politique s'entoure de médecins pour gérer une crise sanitaire me parait plutôt sain. Et ceux qui, en France aujourd'hui, conseille le pouvoir le font avec discrétion et laisse le dernier mot au politique.
Ce qui donne, de mon point de vue, cette impression de médicocratie c'est l'alliance de quelques vedettes médicales en mal de notoriété et des chaînes d'information en continu dont la survie dépend de leur capacité à créer le buzz.
Mais je constate que jusqu'ici la caravane a continué à passer son chemin.
Ce qui est, en effet, le plus irritant est cette médiatisation excessive des médecins voulue par les chaînes d'information continue. L'intervention des médecins au plus au niveau dans une pandémie est évidemment indispensable, mais elle n'est pas si discrète et elle ne peut pas l'être car les politiques doivent justifier leurs décisions dont l'impact est tout de même considérable. Reste que la médecine a pris le pouvoir - sans le rechercher - dans la plupart des pays, même si ce pouvoir est plus ou moins occulte et cela ne sera pas sans conséquence pour l'avenir.