• 289. Handicap extrême

    Chacun a pu voir sur nos lucarnes les manifestations de joie, que j’ai trouvées déplacées pour ne pas dire indécentes, de ceux qui soutiennent les parents de Vincent Lambert lorsque le 20 mai la cour d’appel de Paris a ordonné la reprise de l'alimentation et de l'hydratation maintenant en vie cet homme de 42 ans, tétraplégique en état végétatif irréversible depuis dix ans, et qui avaient été arrêtées le matin même par les soignants du CHU de Reims.

    Le CDPH, comité de l'ONU, avait demandé à la France de suspendre l'arrêt des traitements dans l'attente d'un examen du dossier sur le fond. L’ONU, dont on a pu admirer à plusieurs reprises et dans bien des domaines le degré d’absurdité des décisions, tient à examiner sur le fond un dossier qui a été examiné et réexaminé depuis 10 ans !

    Les juges de la cour d’appel se référant à cette décision onusienne (qui n’a aucune force juridique en France et le gouvernement français vient de déposer un pourvoi en cassation) ont estimé que l'Etat français devait "faire respecter les mesures provisoires demandées par le Comité international des droits des personnes handicapées le 3 mai 2019 tendant au maintien de l'alimentation et l'hydratation" de Vincent Lambert.

    On considère donc ce pauvre homme tétraplégique, sans aucune conscience (ou "minimale") et sans espoir de la retrouver, simplement comme un handicapé ! Jusqu’où peut aller un handicap ? Quand je dis "aucune conscience", à vrai dire, je n'en sais rien, mais si la conscience persiste chez cet homme, elle devrait être insupportable pour lui.

    Ceux qui s'opposent à l'euthanasie passive parlent de respect de la dignité humaine, mais je ne vois pas en quoi on respecte la dignité de cet adulte en le maintenant dans un état bien inférieur à celui d'un nourrisson, et si sa conscience est suffisante pour qu'il s'en rende compte, cet amour que l'on entend lui prodiguer en le maintenant de force dans cet état de dépendance absolue me semble proche du sadisme. En fait, ses parents tiennent à le maintenir en vie non pas pour lui, mais pour eux.

    Cette affaire est évidemment dramatique. Une famille déchirée autour d’un être humain perdu et dont la sépulture provisoire est depuis dix ans un lit d’hôpital. Il faut admirer au passage le travail des soignants du CHU de Reims qui ont maintenu les fonctions vitales de ce patient en évitant les complications du décubitus. On discute, en effet, de savoir si l'alimentation et l'hydratation sont des soins ou pas, mais l'intervention régulière (probable) des kinésithérapeutes est évidemment un traitement. Le maintien en vie de cet homme perdu a dû coûter fort cher à la collectivité. Dans notre société, on admet ce coût lorsqu’il persiste un espoir, ce qui ne semble pas être le cas ici. On peut se demander, avec une certaine cruauté, si les parents de Vincent Lambert ne devraient pas prendre eux-mêmes en charge leur fils à leur domicile, et à leurs frais, afin de le maintenir dans son état végétatif jusqu’à leur propre mort.

    Bernard Buffet : "L'enterrement"

    « RéactionsBrèves du 4.06.19 »

  • Commentaires

    1
    Souris donc
    Dimanche 2 Juin 2019 à 08:33

    Qu'il soit maintenu "en vie", mais pas aux frais du con-tribuable. Que les parents soient tenus de payer, et on en reparlera.

    J'ai calculé qu'en 10 ans il avait coûté 5000 € en couches-culottes.

      • Dimanche 2 Juin 2019 à 08:48

        Je pense que dans d'autres pays, comme les USA par ex, ma proposition aurait été adoptée depuis longtemps, y compris par les parents, les frais médicaux n'étant pas pris en charge par le contribuable et les assurances privées auraient eu leur mot à dire.

      • Souris donc
        Dimanche 2 Juin 2019 à 09:08

        En plus, les parents, si propres sur eux, ont été de joyeux loustics en leur jeunesse. 

      • Dimanche 2 Juin 2019 à 09:18

        Et bien on en apprend de belles, ça sent un peu le dessous de soutane.

        NB. Il me semble que les dépenses en couche-culottes seraient plus proches de 10000 € que de 5000 €.

    2
    Dimanche 2 Juin 2019 à 11:28

    J'ai toujours pensé, en voyant la gueule de la mère (oui, je suis un adepte de la morphopsychologie smile)  qu'elle faisait cela ou pour punir son fils de quelque chose ou par haine de sa belle-fille.

    Les infos apportées par Souris donc me laisse penser que c'est la première option qui est la bonne.  Ce pauvre garçon est en train  d'expier le péché de sa mère. 

     

      • Dimanche 2 Juin 2019 à 11:34

        Elle parle plutôt d'amour pour son fils, mais l'amour chrétien prend parfois des voies impénétrables.

    3
    Dimanche 2 Juin 2019 à 16:22
    Pangloss

    Un truc qui n'a aucun rapport quoique ... Le "Pacte de Marrakech" qui, dit-on n'a pas plus de pouvoir que le comité de l'ONU dont vous parlez sera-t-il considéré lui aussi comme contraignant par les tribunaux français?

      • Dimanche 2 Juin 2019 à 16:38

        Il est possible que la  cour d'appel de Paris ait profité de cette recommandation onusienne pour passer la patate chaude à un autre tribunal. Une recommandation n'a pas force de loi, mais on peut s'en servir pour les besoins politiques.

    4
    Mardi 4 Juin 2019 à 14:49

    Je me disais "Ben... Alors, le docteur WO...?"

    Bon, alors, maintenant:

    Bien que très modérément (ouch) partisan de l'actuel président de la République, j'ai trouvé ignoble l'ultimatum qui lui a été lancé de se prononcer sur cette affaire privée: soit il ne s'exprimait pas et passait pour un monstre insensible, soit il restait évasif et semblait se désintéresser de la question, soit il prenait position et selon les cas devenait un défenseur et porte-parole de "l'euthanasie" ou un adepte mercantile de l'acharnement thérapeutique...

    De la même façon, j'ai été scandalisé par le rapprochement fait, par certains partisans du contre les adversaires du "maintien en vie" en évoquant les consignes données par les dignitaires nazis concernant l'extermination des handicapés physiques et mentaux : "Quand nous voyons un malade incurable se tordre de douleurs indicibles sur sa couche, avec pour toute perspective celle, misérable, de longs mois de dépérissement, sans espoir de guérison, quand nous traversons les salles d’un asile et que la vision (...) du paralytique nous emplit de toute la pitié dont l’homme est capable, cette idée ne peut que surgir en nous malgré tous les préjugés dont nous sommes pétris : 'ces gens n’ont-ils pas droit à la mort, la société humaine n’a-t-elle pas le devoir de leur accorder cette mort avec le moins de souffrance possible ?'"

    Et je ne dirai rien des vidéos frisant une certaine forme de pornographie montrant Vincent (je peux t'appeler Vincent ?) dans des situations indignes d'un être humain.

      • Mardi 4 Juin 2019 à 15:09

        Même dans ce cas difficile, le point Godwin a été rapidement atteint notamment par la mère de V. Lambert dont l'amour pour son fils me parait discutable. Je ne lui souhaite pas de vivre ce que vit son fils depuis 10 ans dans le cas où il lui reste un petit peu de conscience et s'il ne lui en reste plus, la dignité qu'on lui doit est de faire cesser ce spectacle.

        NB J'avais déjà fait un article à propos du cas Lambert il y a 5 ans : "151 On achève bien les chevaux" (3)

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