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277. A votre santé
Le plan pour rénover notre système de santé a donc été dévoilé ces jours-ci. J’avoue que l’intitulé de ce plan m’a un peu irrité, sans préjuger de son contenu : « Ma santé 2022 ». Un intitulé qui cède à la mode du possessif imbécile au même titre que les jeans troués ou la barbe de trois jours. On ne met plus une chose à votre disposition mais on vous attribue « ma chose », mon espace, mon compte etc…Evidemment « Ma santé 2022 » ne veut rien dire, on serait bien en peine de la prévoir dans 4 ans, et il ne s’agit pas de ma santé mais de la réforme du système de santé destiné à toute la population. Bien sûr, c’est un procédé de communication pour montrer que ce plan est un cadeau qui m’est fait personnellement et pour lequel je devrais être reconnaissant.
« Ma santé 2022 » rétablit ce qui existait lors de mon activité : hôpitaux de proximité (avec attribution d’un label), et retour de la place qu’avaient auparavant le service et la commission médicale d’établissement dans les hôpitaux. Outre le retour à l’ancien, « Ma santé 2022 » ne contient par rapport aux plans précédents instaurés ou prévus que deux innovations :
D’abord, une réforme des premiers cycles des études des professions de santé avec en particulier la suppression prévue du numerus clausus pour la médecine mis en place par Simone Veil en 1971. Ce plafond limitant le nombre d’étudiants à poursuivre les études avait été instauré avec l’idée, tout de même un peu saugrenue, qu’en limitant l’offre on diminuerait la demande, mais il faut savoir qu’en limitant le nombre de médecins, on ne limite pas pour autant le nombre de malades (le même raisonnement a conduit à supprimer des lits dans les hôpitaux, or un lit vide mais disponible ne coûte rien). La conséquence de ce numerus clausus n’a aucunement limité les dépenses de santé mais a poussé des jeunes gens qui avaient la vocation à faire leurs études à l’étranger, et à encourager des médecins étrangers à s’installer en France. Reste que l’on ne sait pas par quoi remplacer le numerus clausus, et il est envisagé de remplacer le plafond par un plancher.
La seconde innovation est l’introduction auprès des médecins de 4000 assistants médicaux pour les aider et notamment pour les débarrasser des tâches administratives afin qu’ils puissent se consacrer davantage aux malades et augmenter le nombre de consultations (bonjour le stakhanovisme). Là, on doit s’émerveiller de la chose car l’Etat par se plans successifs n’a pas cessé d’augmenter la paperasse à remplir par les médecins et à présent il est amené à créer ces postes (onéreux) d’assistants médicaux pour les aider. Notons tout de même que leur nombre est nettement inférieur au nombre de médecins, à moins de les destiner uniquement aux cabinets de groupe.
Enfin, je sais au moins où va passer une partie des sommes supplémentaires obtenues par l’augmentation du prélèvement par la CSG sur ma retraite. Si c’est pour aider des confrères…
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Commentaires
Où passent les "rapports humains" dans ce genre de consultations pré-mâchées par un "assistant médical" ou "super infirmier" qui (je cite) pourra "épauler le généraliste ou le spécialiste dans son cabinet" et "à travers la réalisation d’actes simples (préparation de la consultation, accueil du patient, gestion d'une partie de son dossier administratif, prise de tension, de température…).
Dites-moi si je me trompe, mais s'il n'y prend garde ou s'il suit trop aveuglement les nouveaux processus, le médecin, généraliste ou spécialiste, n'est-il pas en train de devenir un préposé à lire les résultats d'analyses ou les comptes-rendus d'examen les plus complexes ou les plus vitaux et à signer les ordonnances crachées par un logiciel d'intelligence artificielle, bientôt étranger au geste manuel, au toucher, au rapport physique ?
En attendant les perfectionnements à venir...
... entre le distributeur de boissons et le terminal du parcmètre.
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Mardi 25 Septembre 2018 à 20:59
Tout dépend du médecin. Ce qui semble dévolu à l'assistant parait accessoire mais prend du temps. Les assistants médicaux existent dans d'autres pays et en France nous avons les assistants dentaires. Reste qu'après l'aide prévue de l'Etat, la rémunération devra être assurée par les médecins et comme la plupart n'arrivent pas à avoir une secrétaire...Ce sera une option pour les cabinets groupés qui en général disposent déjà d'une secrétaire. Beaucoup de médecins sont au bord su burn out, alors voir encore plus de malades est sans doute une vue de l'esprit de gens qui ne connaissent pas le terrain.
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4OrageMardi 25 Septembre 2018 à 21:00Une bonne idée, cette histoire d'assistant médical. Il pourrait rencontrer mon assistante santé (ma femme, en l’occurrence) pendant que dans la pièce d'à côté je parlerais enfin à mon médecin sans être sans cesse interrompu !
Il est fort , ce Macron !
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Mercredi 26 Septembre 2018 à 09:07
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Mercredi 26 Septembre 2018 à 18:03
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Mercredi 26 Septembre 2018 à 18:27
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J'ignorais que le numerus clausus avait été instauré par Simone Veil… merci de me l'apprendre !
Ceci dit, assistants médicaux, ça fait plus chic que secrétaires, quand même !
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Mercredi 26 Septembre 2018 à 17:47
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7Souris doncMercredi 26 Septembre 2018 à 18:34Il y a aussi un peu de corporatisme chez nos spécialistes. Qui se débrouillent pour interdire certaines professions intermédiaires en France. Exemple, l'optométriste, ravalé au rang d'opticien, alors qu'il a un master ou doctorat de physique, option optique.
Les Suisses nous les prennent. Encore eux... L'optométriste peut y prescrire des lunettes et s'il décèle une pathologie, il envoie le patient chez l'ophtalmo. En France, nous devons attendre des mois et des mois pour avoir une consultation ou ruser avec de fausses urgences (genre je vois des éclairs).
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Mercredi 26 Septembre 2018 à 18:49
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Souris doncLundi 8 Octobre 2018 à 18:04
La Cour des Comptes préconise la possibilité pour les optométristes (encore faudrait-il qu'ils aient pignon sur rue) de prescrire.
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Lundi 8 Octobre 2018 à 18:15
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Je renchéris sur Bedeau: mon médecin reste derrière son bureau devant son écran me prescrit régulièrement un hypotenseur sans prendre ma tension et me fait faire une analyse de sang tous les six mois. Je perds un après-midi dans sa salle d'attente et nous gagnerions du temps tous les deux s'il me faxait son renouvellement d'ordonnance. S'il avait un assistant, celui-ci s'approcherait-il de moi?
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Mercredi 26 Septembre 2018 à 20:46
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Les Suisses ont tout compris. Le corps médical et les soignants (kinés, infirmières...) sont formés dans les pays voisins, France, Autriche, Italie. Les Suisses les attirent avec des salaires mirobolants, aucun frais de formation, les transfrontaliers font le trajet journalier, par exemple Annemasse-Genève.
Et la France importe des Roumains.
Et encore quand ils veulent rester après avoir encaissé les avantages proposés pour qu'ils s'installent.
Mais chère Souris, la France a également tout compris !!!
Le corps médical et les soignants (kinés, infirmières...) sont formés dans les pays périphériques, Espagne, Roumanie, Hongrie, etc... Nous les attirons avec des salaires mirobolants/ ceux du tiers monde, aucun frais de formation.
Et ils s'installent dans le pays pour y consommer parce que pas de transfrontaliers journaliers, donc une signature carbone moindre que pour les Suisses !
Bon, maintenant, comment les Roumains, etc... compensent eux-mêmes tous ces départs, je ne sais, mais ce n'est pas non plus mon problème...
Dans les hôpitaux on trouve beaucoup plus de personnel venant du Maghreb que des pays frontaliers.