• Accablement

    J’ai sorti cette photo que j’avais prise il y a quelques années dans le sud-ouest de la France pour ressentir pendant quelques instants un sentiment de paix.

    Le monde semble se déglinguer de façon bizarre. Plus la technologie progresse, plus les forces obscures surgissent du passé. L’Histoire marche à reculons mais après avoir prélevé dans le XXIème siècle ses trouvailles sophistiquées.

    Les guerres de religions que l’on pensait démodées refleurissent dans le monde. L’Islam radical veut s’imposer par la violence dans chaque pays où il se trouve, et éradiquer les autres religions dans une « guerre sainte », effroyable oxymore surgi de l’époque des croisades. Des hommes du Moyen Âge armés de missiles et téléphones portables à l’oreille coupent les têtes au sabre et indiquent par une marque la maison des chrétiens de Mossoul.

    Des nationalistes forcenés font exploser un avion civil volant à dix mille mètres d’altitude comme on abat un oiseau à la chasse, prouesse de demeurés à qui on a confié un engin de mort sophistiqué.

    Un pays attaqué écrase un lambeau de terre sous les bombes et les missiles sans atteindre vraiment ceux qui l’attaquent, cachés parmi les civils transformés de force en martyrs. Dieu reconnaîtra les siens. Le sang versé des innocents exposé aux yeux du monde est la réplique la plus efficace des fanatiques impuissants.

    L’ancestral « mort aux juifs » retentit à nouveau dans les rues de Paris. Il n’a jamais cessé de retentir en Europe, même lorsqu’il n’y avait plus grand monde à tuer.

    L’Histoire marche à reculons ou peut-être ne fait-elle que du sur place, les barbares ne l’ont jamais quittée, mais ils sont mieux armés.


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    LA TRICOTEUSE

     

    Une maille à l’endroit, une maille à l’envers

    Tête penchée, visage serein

    Les fines aiguilles entre les doigts fins

    Une pensée à l’endroit, une pensée à l’envers

    La femme au pull-over rouge rêve

     

    Elle démaille sa vie encore brève

    Un souvenir à l’endroit, un regret à l’envers

    Peut-être celui d’anciennes amours

    Et les doigts se croisent et courent

    Pendant que défilent les souvenirs

     

    Le tricot sort peu à peu de ses mains

    Et elle tricote à présent son avenir

    En suivant le fil des jours incertains

    Un désir à l’endroit, une crainte à l’envers

    Est-ce la pensée de l’enfant à venir ?

    Le visage lisse est nimbé de lumière

     

    Paul Obraska

    Moïse Kisling : « La femme au pull-over rouge »


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  • « L'Observatoire syrien des droits de l'homme a dénoncé vendredi le "massacre" d'au moins 90 personnes la veille par les djihadistes de l'État islamique (EI) lors de la prise d'un champ gazier à Homs dans le centre de la Syrie. "Les exécutions sommaires de combattants ou de civils sont un crime de guerre, quelle que soit la partie qui les commet dans le conflit. Ce sont des prisonniers de guerre et ils ne doivent pas être exécutés", a affirmé le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. "L'État islamique a commis un nombre incalculable de crimes de guerre", a-t-il ajouté […]. Une vidéo, prise par les djihadistes de l'EI sur le champ gazier et distribuée sur YouTube, montre des dizaines de corps, certains semblant avoir reçu une balle dans la tête, d'autres étant mutilés, gisant dans le site désertique. L'un des djihadistes frappe avec sa chaussure la tête d'un cadavre ». (Le Point.fr).

    Nous attendons une manifestation des musulmans de Paris pour protester contre ces crimes à nouveau perpétrés par des musulmans contre d’autres musulmans.


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    Pétards

     

    14 juillet. J’entends l’explosion des pétards lancés par quelques jeunes gens. Je me suis toujours demandé quel était le plaisir que pouvait retirer un lanceur de pétard. Le bruit sans doute, comme celui qu’éprouve le motard qui fait hurler sa machine sans nécessité. Du bruit pour rien, une façon d’exprimer sa connerie. Et ça continue. Ils ne se lassent pas de ce jeu débile comme un succédané de guerre. Il arrive même qu’ils blessent un passant, ce qui est regrettable, ou qu’ils se blessent eux-mêmes, ce qui est bien fait.

    Dessin de Geluck

     


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  • « Selon Le Figaro, la ministre de la justice veut également « pousser au maximum le principe de l’« excuse de minorité », qui prévoit une justice spécifique et des peines allégées pour les mineurs. Le projet propose « d’étendre les prérogatives du juge des enfants dans le suivi des jeunes majeurs de 18 à 21 ans », selon le document préparatoire cité par le quotidien. » (Le Monde.fr, le 12/07/14).

    On reconnait bien là la pusillanimité du gouvernement, car pourquoi limiter « l’excuse de minorité » jusqu’à 21 ans ? Et pourquoi pas jusqu’à 30 ans ou 40 ans ou même jusqu’à l’âge de la retraite ? Car à quoi reconnait-on un enfant ?

    Si l’on se réfère à la taille et à la force physique, dès la fin de la puberté un mineur acquiert rapidement la taille et la force d’un adulte avec de surcroît plus de souplesse et de vélocité, et à 21 ans on peut devenir une armoire à glace capable de vous étrangler d’une seule main. La corpulence semblant croître de génération en génération, les adultes finissent aujourd’hui par paraître les enfants de leurs descendants mineurs.

    L’état infantile est un état d’esprit et un comportement : une immaturité avec un sens des responsabilités limité, un sens moral qui reste à acquérir, une opposition à l’autorité, le désir d’obtenir ce qui plait en utilisant les moyens à disposition comme la colère ou même le vol, une tendance à la violence qui s’exprime fréquemment dans les cours des écoles…

    Il me semble que beaucoup de délinquants ont un comportement semblable quel que soit leur âge, et restent infantiles, sinon débiles jusqu’à la tombe ou jusqu’à la prison où pendant leur séjour une conversion possible donnera un sens à leur vie ou à leur mort sans pour autant entamer leur débilité et avec le risque de l’accroître.

    L’infantilité étant moins déterminée par l’âge que par le comportement, la plupart des délinquants (surtout les « petits », qualificatif adapté) dont l’immaturité est évidente devraient comparaître sans limitation d’âge devant les juges des enfants. Si l’on dit communément qu’il n’y a plus d’enfants, on peut aussi constater qu’il y a de moins en moins d’adultes, et il serait juste dans ces conditions de revendiquer l’état infantile pour tous et l’excuse pour chacun.

     


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  • Des chercheurs français (Inserm) et américains (université George Washington, Washington, USA) semblent avoir découvert la zone du cerveau dont la stimulation provoque le passage de la conscience à l’inconscience. C’est en tentant de traiter une patiente atteinte d’une épilepsie par stimulation cérébrale par des électrodes, en stimulant le claustrum, fine bande de matière grise (dont la particularité est d’être en relation étroite avec presque toutes les régions du cortex), ils se sont aperçus qu’elle perdait progressivement conscience, celle-ci a été récupérée après arrêt de la stimulation mais sans aucun souvenir de ce qui s’était passé. La patiente ne s’est pas endormie, elle est restée vigile, mais sans interagir avec le monde extérieur. Abolition de la conscience-expérience, de l’expérience vécue et de la conscience de soi.

    La conscience consisterait en l'intégration de l'activité des différentes parties du cerveau, rassemblant toutes nos perceptions pour n'en faire qu'une seule et unique expérience. Ce rôle de centralisation et d’intégration pourrait donc être rempli par le claustrum.

     

    161. l’interrupteur de la conscience.

     

    Je note cependant ce paradoxe que c’est en stimulant cette zone qui serait le « chef d’orchestre » de la conscience que l’on provoque justement l’inverse, c'est-à-dire l’inconscience, probablement en perturbant par la stimulation électrique la synchronisation des régions du cerveau impliqués dans la conscience. Le claustrum, plus que son siège ne pourrait être qu’un «interrupteur » de la conscience.

    Christoph Koch, l'un des auteurs de cette étude (parue dans la revue Epilepsy & Behavior et rapportée par Sciences et Avenir) s'enthousiasme de cette découverte :"Au final, en sachant comment la conscience est créée et quelles parties du cerveau sont impliquées, nous pourrions déterminer quels êtres sont doués de conscience et lesquels ne le sont pas. Les robots l'ont-ils ? Les foetus ? Les chats, les chiens et les vers de terre ? ».

    J’avoue que cet enthousiasme me laisse perplexe (mais c’est lui le spécialiste). Les robots sont jusqu’à présent dépourvus de cerveau et donc de claustrum. J’ignore si les animaux ont une « conscience de soi », mais ils ont sûrement une conscience-expérience, une intégration de leurs perceptions qui les met en relation avec le monde extérieur et leur permet d’agir et de réagir, même pour le ver de terre qui veille à sa survie. Et je suppose que ce chercheur n’a ni chien, ni chat.


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  • Le Derby du Président

    Il serait étonnant que les bookmakers britanniques, qui organisent des paris sur tout et n’importe quoi, ne s’intéressent pas un jour ou l’autre au Derby du Président où sera sans doute engagé l’étalon Sarko après avoir été mis à un repos relatif à la suite de son rejet par les turfistes. Il ne s’agit pas cette fois d’une course en terrain plat mais d’une course d’obstacles. Les juges du parcours ont donné un nom à chacun des obstacles qui lui sont réservés : « écoutes », « sondages de l’Elysée », « Bygmalion », « comptes de campagne » (où il avait déjà chuté), « Tapie », « Libye », « Karachi », un nouvel obstacle du nom de « fisc » pourrait être ajouté par les organisateurs.

    Les parieurs devraient également tenir compte des autres handicaps qui pèsent sur cet animal politique : il sort d’une défaite, sa course précédente n’a pas été d’une grande efficacité malgré une énergie apparente mais dépensée en pure perte, et il a ruiné son staff par ses extravagances. Une partie de ses compagnons d’écurie préfèrerait qu’il se dispense de prendre le départ et aimeraient le remplacer. Toutefois, il conserve des fans qui continuent à l’encourager, en lui pardonnant tout, malgré ses échecs, ses ruades et son agitation.

    En admettant que cet étalon, monté par Carla, puisse franchir les obstacles sans chuter, pourra-t-il gagner la course ? Les parieurs devraient alors tenir compte de ses adversaires en lice. Son principal concurrent éventuel : le « Hollandais à terre », parait mal parti car il est maladroit dans les courbes qu’il a du mal à redresser, et s’avère un peu trop léger en terrain lourd. Ainsi Sarko pourrait très bien se retrouver seul contre l’outsider Marine, or c’est une pouliche dont les œillères surdimensionnées risquent de l’égarer sur une piste désaffectée.

    On voit que les parieurs ont de quoi hésiter. Ils ne sont pas à l’abri d’une surprise et les surprises ne vont pas manquer.

    Magritte : « le jockey perdu »


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  • Idolâtrie

    On sait que le pape s’est élevé récemment contre les méfaits de la mafia en Italie en déclarant que les mafieux mériteraient d’être excommuniés. Il semble bien que la parole du chef de l’Eglise catholique n’est guère de retentissement sur ses ouailles qui estiment plus prudent d’honorer les chefs mafieux et de prouver leur allégeance aux parrains du crime avec lequel ils sont confrontés quotidiennement. Le pape est loin, le parrain est un voisin.

    « Le Quotidien de la Calabre » rapporte (article traduit par le « Courrier international ») que le 2 juillet dernier, au cours d’une procession où l’on promenait la statue de la Vierge dans les rues d’un village de Calabre, le cortège, prêtres et conseil municipal en tête, s’est arrêté une trentaine de secondes devant la maison où est assigné à résidence le patron de la mafia local (la « Ndrangheta) et les porteurs ont incliné la statue en son honneur, témoignant ainsi « d’une soumission collective et d’une reconnaissance sociale de la pègre » (une centaine d’assassinats, dont certains d’une particulière cruauté, ont été recensés dans cette bourgade calabraise en mars 2012).

    Les participants de la procession qui, comme chaque année, aéraient la statue de la mère de Dieu, se sont étonnés de voir les carabiniers, furieux, quitter le cortège, d’autant plus que son chef avait demandé au préalable de ne pas faire halte.

    Mgr Nunzio Galantino, évêque de Cassano allo Ionio et secrétaire général de la Conférence épiscopale italienne, a réagi au sujet de la procession d’Oppido Mamertina : "La Vierge ne s’incline pas devant la pègre. Ceux qui ont fait s’incliner la Vierge l’ont obligée à un geste que la mère de Dieu n’aurait jamais commis. C’est la statue qui s’est inclinée, et non la Vierge". Il fallait le préciser.


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  • Dans le monde actuel les choses qui paraissaient les plus évidentes, et qui semblaient ne souffrir aucune discussion, sont susceptibles d’être remises en question. C’est ainsi que la différence des sexes sur laquelle se fonde notre espèce et qui permet sa perpétuation se couvre d’un flou artistique dont nous n’avons pas encore appréhendé toutes les conséquences possibles.

    Une des conséquences commence à apparaître : faut-il séparer les toilettes des hommes de celles des femmes ? Ce n’est pas un problème secondaire sur lequel, avec une légèreté coupable, nous pourrions tirer la chasse d’eau, et passer notre chemin en laissant une pièce à la gardienne des lieux, car comme vous l’avez remarqué, ces lieux sont presque toujours gardés et nettoyés par une femme. Mais je glisserai sans insister sur cette inégalité flagrante entre les sexes.

    Pour montrer l’acuité de cette question, je vous demande d’imaginer l’embarras d’un travesti ayant conservé les attributs de son sexe mais avec l’apparence du sexe opposé : dans quelles toilettes doit-il (elle) se rendre ? Et pour les personnes dont le sexe est indéterminé (X) ? Et ne parlons pas des hermaphrodites. On ne peut que plaindre leur hésitation légitime, une hésitation qui, si elle se prolonge, risque d’avoir une fin catastrophique. Vous le comprendrez aisément, plus qu’une question d’hygiène, il s’agit là d’une question existentielle à ne pas traiter par-dessous la jambe.

    Enfin, puisque l’on parle de promouvoir l’égalité des sexes en commençant dès la fin de l’allaitement ou du biberon, qu’en est-il de l’égalité devant les toilettes ? Je vous le demande en votre âme et conscience. Les hommes ne font habituellement pas la queue pour se rendre aux WC, alors que les femmes se bousculent et souffrent pendant un temps cruel avant de pouvoir enfin y accéder. Seules des toilettes communes permettraient de résoudre cette inégalité scandaleuse et sur laquelle devraient se pencher nos édiles démocratiques. Que le droit à se retenir soit le même pour tous !

    Illustration tirée de « WCmania »

     

    Un problème dont ne peut s’exonérer

     

     


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    De l’intérêt du casque

     

    Ce charmant bambin affublé d’un casque n’est pas un footballeur américain en herbe ou un conducteur ayant troqué sa poussette pour une moto. Non, ses parents lui ont offert ce couvre-chef de belle allure pour prévenir ou traiter les déformations de son crâne mou provoquées par la position couchée sur le dos (1 nourrisson sur 5 dans les premiers mois).

    Ce bambin le porte fièrement 23 heures sur 24 pendant 6 à 12 mois ! Et il fait partie des 1 à 2% de ses congénères qui, en Hollande, sont ainsi équipés. En est-il fier et heureux ? Il est resté muet sur ce point, mais le port du casque peut provoquer une irritation cutanée, une plus grande transpiration qui parfume le casque, sans exclure d’éventuelles douleurs. Bien que ce traitement soit onéreux (1401 € à casquer), les parents semblent plutôt satisfaits du résultat ne serait-ce que parce qu’ils sont moins anxieux.

    C’est le constat d’une étude néerlandaise récente parue dans le BMJ qui a cependant montré que le résultat du casque sur l’aérodynamique du crâne n’est guère différent de celui obtenu par l’évolution naturelle. Les auteurs de l’étude en concluent que le port du casque pour les nourrissons dont le crâne s’avère un peu trop élastique ne devrait pas être obligatoire.

     


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