• La banalité du viol

    En Afrique noire le viol des femmes fait partie des armes utilisées pour s’assurer la maîtrise d’un territoire : familles disloquées, les violées étant considérées comme coupables, fuite des populations laissant le libre champ pour l’exploitation des ressources.

    Le viol existe partout, mais s’il est sévèrement puni en occident, à condition que le violeur soit recherché et retrouvé, ailleurs il l’est beaucoup moins et la culpabilité retombe sur la femme que l’on va jusqu’à accuser de provocation. Le terme encore utilisé : « elle s’est fait violer » comporte la même connotation.

    Les Nations Unies ont menée une enquête sur 10178 hommes dans neuf pays d’Asie du sud-est : Cambodge, Chine, Bangladesh, Sri Lanka, Papouasie, Nouvelle Guinée, Jakarta, Java, Jayapura. Le questionnaire ne comportait pas le mot « viol » mais mettait en évidence l’absence de consentement et les circonstances du viol. Cette enquête révèle que 24 % des hommes de ces pays reconnaissent avoir déjà violé une femme. Près de la moitié d’entre eux étaient mineurs au moment des faits, et 45% ont récidivé.

    Le viol et sa récidive sont favorisés par une habituelle impunité dans ces pays. Au Sri Lanka, seulement 2% des violeurs sont emprisonnés et 15% en Chine. Au Bangladesh, si un violeur sur deux dit avoir été arrêté, seul un sur quatre a fait de la prison.

    D’après cette étude la première motivation avancée par les violeurs, 7 fois sur 10 et même 9 cas sur 10 en Chine, est le « droit sexuel » : la femme doit se soumettre aux volontés d’un homme, et pour 59% des violeurs le viol est perpétré pour « se distraire et s’amuser » (en particulier au Bangladesh et en Chine), et dans 40% des cas pour se venger. Dans presque un tiers des cas, ces hommes seraient sous l’emprise de l’alcool.

    Bonne journée.

    (Source : Docbuzz.fr)

    Rubens : "Diane et ses nymphes surprises par des satyres"


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  • "Goya et la modernité" fait partie de la triple exposition "Les peintres témoins de leur temps" à la Pinacothèque de Paris. Goya a une place privilégiée comme témoin de l'époque où il vécut. Non pas comme peintre de la cour d'Espagne sous trois rois de la famille des Bourbon, mais dans ses estampes et ses gravures. Parmi les portraits des grands de la cour, je me suis arrêté devant le portrait en chasseur de Charles III, personnage maigre et plutôt laid, mais il a posé pour le peintre l'année même de sa mort (1788). Ce roi parait un peu benêt mais c'était en fait un despote éclairé.

    L'exposition Goya

    Une série de petits tableaux a pour sujet les jeux d'enfants. Des enfants en guenilles.

    L'exposition Goya

    La série sur la tauromachie ne m'a guère intéressé. Mais y on voit parfois la vengeance du taureau

    L'exposition Goya

    Par contre les "Caprices" sont des satires parfois cruelles de son époque. Sur de nombreux sujets de société dont la prostitution, le mariage ou l'Eglise (il ne faut pas oublier que si Charles III avait chassé les Jésuites d'Espagne, Ferdiand VII, lui, avait rétabli l'Inquisition et n'avait guère de sympathie pour Goya). Ci-dessous : "Les monstres apparaissent quand la raison sommeille" et le caprice n°8 : "Ils l'ont enlevée"

    L'exposition GoyaL'exposition Goya

    "Les Désastres de la guerre" est une série qui comporte des oeuvres sans le moindre fard et même des scènes de torture comme ce "Que peut-on faire de plus ?"

    L'exposition Goya

     


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  • On peut visiter à la Pinacothèque de Paris, jusqu'au 16 mars, une triple exposition intitulée "Les peintres témoins de leur temps". Sont exposés des tableaux de Chu Teh Chun, de Goya et des Bruegel (nom francisé en Breughel et l'exposition utilise une synthèse : Brueghel).

    A l'entrée figure un arbre généalogique impressionnant de la famille des Bruegel. Beaucoup de tableaux exposés ont été peints par Bruegel le Jeune (Pieter II dit d'Enfer), quelques-uns de Bruegel l'Ancien (Pieter) et de Jan 1er Bruegel dit de Velours

    L'exposition des Bruegel

     

    L'impression globale est celle d'une merveilleuse bande dessinée aux personnages mutiples et ciselés racontant la vie des Flandres à cheval sur le XVIème et le XVIIème siècle.

    De la rixe (Bruegel l'Ancien) à la "Danse de noces paysannes" (Bruegel le Jeune)

    L'exposition des BruegelL'exposition des Bruegel

     

    Quelques beaux paysages en petit format qui montrent l'habileté et la précison de ces peintres, comme dans le "Paysage d'hiver" (Bruegel le Jeune)

    L'exposition des Bruegel

     

    Il m'a paru souhaitable de placer après "Les flatteurs" ce magnifique bouquet de fleurs (les deux de Bruegel le Jeune)

    L'exposition des Bruegel
    L'exposition des Bruegel

     


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  • 155. L’eugénisme doux

    L’eugénisme (terme introduit par Galton, cousin de Darwin) a pour ambition d'améliorer le patrimoine génétique de l’humanité comme on peut améliorer celui des animaux. Les conditions de cette « amélioration » consistant à écarter des groupes humains en leur interdisant de se perpétuer (étaient visés les classes sociales et races « inférieures », les handicapés, les psychiatriques, les alcooliques, les victimes de certaines infections, les homosexuels…). Le choix des groupes visés étant le plus souvent arbitraire pour ne pas dire scandaleux, et les moyens utilisés ayant été souvent inhumains, cette idéologie a derrière elle un lourd passé quand elle fut appliquée (internement, stérilisation, avortements, élimination) notamment dans des pays protestants ou asiatiques et bien sûr en Allemagne nazie. La sélection des populations est aujourd’hui, en principe, interdite dans la plupart des pays.

    L’eugénisme est né au XIXème siècle alors que la génétique était balbutiante. Aujourd’hui nous pouvons connaître le génome, non seulement de chaque individu né, mais aussi de l’individu à naître, au stade embryonnaire (notamment en cas de PMA). Nous connaissons certains profils génétiques à risque et nous sommes capables de suivre le développement fœtal in utero.

    Tous ces progrès scientifiques auxquels les premiers eugénistes n’auraient pas osé rêver (ils attribuaient souvent à l’hérédité des « tares » qui étaient en fait acquises) entre-ouvrent aujourd’hui la porte à un eugénisme doux.

    Sélection du sexe.

    En Asie et notamment en Inde, les filles sont sacrifiées par millions. Dans certaines régions de Chine ou d'Inde le déséquilibre peut atteindre 125 garçons pour 100 filles. Cette sélection peut continuer en Occident. Une étude de l'université d'Oxford paru en juin 2007 a montré que les mères d'origine indo-pakistanaise qui accouchent en Grande-Bretagne ont à partir du 3ème enfant,  un ratio garçon-fille déséquilibré (113 garçons nés pour 100 filles pour les naissances entre 1990 et 2005 contre 105 garçons pour 100 filles pour la moyenne nationale).

    Sélection des caractères.

    Dans l’objectif d’avoir un « enfant parfait » ou du moins selon ses désirs. Aux USA un établissement voulait, il y a quelques années, recueillir du sperme de « prix Nobel » pour le mettre à la disposition de femmes enfantant par fécondation in vitro ou par insémination. Je ne sais pas ce qu’il est advenu de ce projet mais les détenteurs d’un prix Nobel étant en général assez âgés, je doute que leur sperme soit de bonne qualité, même s’ils avaient voulu se prêter à ce jeu. Un objectif semblable est aujourd’hui poursuivi en Chine qui a lancé début 2013 un grand programme de séquençage de l'ADN des surdoués (QI au moins égal à 160).  « L'objectif des Chinois est de déterminer les variants génétiques favorisant l'intelligence, en comparant le génome des surdoués à celui d'individus à QI moyen afin de sélectionner les embryons disposant du meilleur patrimoine ».

    Une méthode de sélection des gamètes des donneurs proposant aux parents de choisir certains traits spécifiques chez leurs enfants à naître a été récemment brevetée par la société 23andMe aux Etats-Unis. Cette méthode vise à améliorer les chances de produire un bébé ressemblant aux caractéristiques souhaitées par le couple bénéficiaire. Parmi celles-ci, peuvent figurer la taille, le sexe, la couleur des yeux, certains traits de personnalité ou encore les risque de développer une dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) et certains types de cancer.

    Sélection sanitaire.

    Pour les grossesses normales, la surveillance échographique et les tests permettent de dépister in utero des anomalies qui peuvent pleinement justifier un avortement. Le diagnostic préimplantatoire (DPI), dans le cas d’une assistance médicale à la procréation, permet de dépister des maladies héréditaires graves et ce type de sélection est un progrès lorsque le profil génétique correspondant est bien identifié et que la probabilité d’avoir la maladie est forte. Mais cette sélection est susceptible de s’étendre. En Angleterre le strabisme est reconnu comme une raison valable de procéder à un DPI. En Australie dans les familles où il existe des cas d’autisme on trie les embryons mais comme on ne connait pas le gène de l’autisme, les garçons sont éliminés car trois fois plus atteints que les filles.

    A la certitude, on en vient à la probabilité ce qui peut conduire à éliminer des embryons qui aurait un risque, mais aucune certitude, d’avoir telle ou telle maladie. Sauf accidents mortels ou meurtres nous auront tous une ou plusieurs maladies, avec la connaissance de plus en plus approfondie du génome il ne restera plus beaucoup d’embryons à implanter en toute quiétude, mais dans le monde on dispose à présent de milliers d’ovules et des milliards de spermatozoïdes conservés dans des cuves d’azote liquide dont on peut se demander ce qu’il en sera fait.

    Le rôle du médecin est de prévenir ou de traiter des pathologies. Au lieu de tenter de trouver et de traiter les causes de la stérilité, il est intervenu directement dans le processus de la procréation. Le désir d’enfant a été pris en charge par la société dans de nombreux pays, faisant de ce désir quasiment un droit, et ouvrant ainsi la porte à l’eugénisme qui ne consiste plus à écarter des individus et à s’opposer à leur perpétuation comme au XIXème et au XXème siècle, mais à les empêcher de naître s’ils ne correspondent pas aux désirs éventuels d’un couple ou à privilégier la procréation d’individus au génome « performant ». Notons qu’il est probable que le grand physicien britannique Stephen Hawking ne serait pas né si l’on avait pu dépister, lorsqu’il n’était qu’un embryon, sa sclérose latérale amyotrophique future qui, aujourd’hui, le paralyse entièrement.

    Magritte : « Perspicacité »


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