• PETITES REMARQUES SUR LE PLAN CANCER II

     

    On ne peut que se réjouir que le gouvernement se préoccupe de la santé des Français, même si par ailleurs des mesures ne vont guère dans ce sens.

    On peut cependant remarquer que l’annonce de ce plan, faite le 2/11/2009, vient bien à propos après quelques cafouillages de ceux qui nous gouvernent, car une telle annonce ne risque guère de soulever d’oppositions et espère peut-être estomper les erreurs passées.

    On peut craindre que ce « Plan cancer II » ait un sort semblable au « Plan cancer I » (2003-2007) qui avait été dressé par l’administration Chirac et dont seulement le tiers des 70 mesures a été réalisé.

    On peut tout de même se réjouir des sommes consacrées, ne serait-ce que pour la recherche (95 millions d’euros environ) et même si ce « plan » a une application partielle, il en restera toujours quelque chose, puisqu’il est prévu 750 millions de dépenses nouvelles sur la période 2009-2013.

    Trois objectifs principaux ont été annoncés :

    1° L´excellence des soins de demain, parce que jusqu’à présent les soins étaient bâclés (mais il est toujours souhaitable de les améliorer).

    2° la réduction des inégalités devant la maladie. Objectif difficile. S’il s’agit une inégalité géographique des équipements, il est évidemment nécessaire de la faire disparaître, mais il faut noter que le plus souvent ces équipements ne servent pas seulement pour les maladies cancéreuses. S’il s’agit une inégalité individuelle, c’est plus délicat : on ne peut pas imposer, par exemple, l’arrêt du tabac et de l’alcool à des personnes qui ne le veulent pas. Quant à l’objectif d’une augmentation de 20 % du nombre de spécialistes en lien avec le cancer, c’est tout de même un vœu pieux.

    3° L´amélioration des conditions de vie pendant et après un cancer. Cela dépend évidemment du cancer.

    Car l’intitulé même de ce plan est irritant : plan de bataille contre le cancer comme s’il s’agissait d’une maladie unique, ce qui n’est pas le cas. Certes, les cellules cancéreuses ont un trait commun : leur autonomie vis-à-vis de l’organisme. Mais il n’y a pas un cancer mais des cancers qui n’ont souvent rien à voir les uns avec les autres. Certains guérissent totalement et définitivement, d’autres pratiquement jamais et tous les intermédiaires existent, certains diffusent, d’autres rarement, tout dépend aussi de l’organe touché et même de l’âge. On peut faire des recherches sur le cancer (pourquoi la cellule cancéreuse devient-elle autonome et comment empêcher qu’elle le devienne), mais on ne lutte pas contre LE cancer, mais contre des cancers dont les difficultés diagnostiques, les évolutions et les possibilités thérapeutiques sont très différentes.


    24 commentaires

  • Dali : « Métamorphose de Narcisse »

     

    Existe !...Sois enfin toi-même, dit l’Aurore,

    O grande âme, il est temps que tu formes un corps !

    ..................................................................................................................................................................

    Mais moi, Narcisse aimé, je ne suis curieux

    Que de ma seule essence ;

    Tout autre n’a pour moi qu’un cœur mystérieux,

    Tout autre n’est qu’absence.

    ...................................................................................................................................................................
    Toi seul, ô mon corps, mon cher corps,
    Je t'aime, unique objet qui me défend des morts ! 


    PAUL VALERY (Poésies)

     

    «  Les bonnes institutions sociales sont celles qui savent le mieux dénaturer l’homme, lui ôter son existence absolue pour lui en donner une relative, et transporter le moi dans l’unité commune ; en sorte que chaque particulier ne se croie plus un, mais partie de l’unité, et ne soit plus sensible que dans le tout. »

     

    JEAN-JACQUES ROUSSEAU (Emile ou de l’éducation)


    16 commentaires
  •  
    4,2 millions de caméras de surveillance – une pour quatorze personnes –  sont opérationnelles en Grande-Bretagne. Ce réseau CCTV est installé dans les magasins, les entreprises ou au centre des villes afin de démasquer d’éventuels délinquants.

    4,2 millions de caméras ! Mais on n’en regarde qu’une sur mille d’après Tony Morgan. Celui-ci a donc eu l’idée d’utiliser les internautes pour assurer une surveillance plus serrée, 24 heures sur 24, en créant le service Internet Eyes et d’en faire…Un jeu, dès ce mois de novembre à Stratford-upon-Avon avec le projet de l’étendre à tout le pays et au-delà.

    Des milliers d’yeux sur des milliers d’écrans (en principe deux par écran) connectés au réseau CCTV. Les “joueurs” accumuleront des points en regardant les flux vidéo en temps réel des caméras et pourront cliquer sur un bouton quand ils observeront un comportement suspect et gagneront un point chaque fois qu’ils signaleront un risque de délit et trois points s’ils en sont témoins. En revanche, ils perdront des points si la personne responsable de la caméra estime qu’ils ont lancé une fausse alerte. Les joueurs qui contribueront à l’arrestation du plus grand nombre de malfaiteurs gagneront jusqu’à 1 000 livres par mois [1 100 euros]. Le site d’Internet Eyes comportera également une galerie où figureront les photos des supposés “criminels”, ainsi que la liste de leurs délits et le nom de l’internaute qui aura permis leur capture (ce qui, à mon avis n’est pas sans danger).

    Le service sera facturé 20 livres [22 euros] par semaine et par caméra à ses utilisateurs : commerçants, autorités locales ou même commissariats de police.

     

    Ce « jeu » amène quelques observations :

    1° Les délinquants dûment avertis s’arrangeront pour être méconnaissables, ce qui risque de rendre moins efficace cette toile d’araignées à l’affût.

    2° Le délit de faciès sera probablement à l’origine des clics les plus nombreux.

    3° Le vilain penchant des voyeurs sera flatté, quasi officialisé.

    4° Ce sera une excellente école pour l’espionnage et la délation, activités qui servent toujours lorsque les choses vont mal.

    5° Pour paraphraser Esope, ce genre d’application montre à nouveau que l’internet est la meilleure et la pire des choses. Et pour paraphraser Hugo, que l’œil nous suit jusque dans la tombe.


    31 commentaires