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UNE VIE TRANQUILLE
Sur les toits rouges et les murs gris
Il pleut des hommes dans les rues
Semblables aux gouttes de pluie
Gouttes noires toutes vêtues
Vêtues de vestes et pantalons
Chemises cravates et pardessus
Et coiffées de chapeaux melon
Une pluie d’hommes allant s’employer
Certains une serviette serrée sous le bras
Du travail amené chez soi pour couper
Les plaintes familiales égrenées au repas
Ils sont ennuyeux comme la pluie
Leur journée ne les intéresse pas
Et c’est ainsi que passe leur vie
En descendant ils pensent à la retraite
Qu’ils préparent soigneusement
Ils pourront regarder par la fenêtre
Tomber la pluie mélancoliquement
Paul Obraska
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En France (d’après le Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles)
¤ Jeunes filles menacées d’un mariage forcé : 70000.
¤ Femmes et fillettes excisées ou menacées de l’être : entre 55000 et 65000.
¤ Lieu de l’excision : 10% en France (clandestinement) et 90% lors de « vacances » au pays d’origine (pays africains surtout, Egypte, Irak, certaines tribus d’origine indienne)
¤ Modalités de l’excision :
- ablation du prépuce du clitoris (la « sunna »)
- ablation du clitoris et des petites lèvres
- infibulation (dans 15% des cas) : ablation du clitoris, des grandes et petites lèvres avec suture de la vulve en laissant un pertuis pour l’écoulement de l’urine et des flux menstruels. Les fils sont coupés par le mari après le mariage ou rompus de force lors des tentatives de rapports sexuels.
¤ Conséquences pathologiques nombreuses, notamment lors d’un accouchement (déchirures, hémorragies, fistules, incontinences, néomortalité…)
Mes excuses pour avoir gâché le week-end des visiteurs imprudents.
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RETOUR DE CROISADEVoilà les marches du château de mes aïeux
La grosse tour ronde à chapeau pointu
La chaleur du foyer et le calme ennuyeux
Le soldat de Dieu est de retour, fourbu
On me croyait sans doute mort
Parti depuis tant d’années loin des miens
De contrées en contrées, de ports en ports
Poussé par la Foi et l’appât du gain
Les villes terrorisées par nos fières armées
Que d’aventures, de triomphes et de peurs !
Des juifs au passage passés au fil de l’épée
Avant de délivrer le tombeau d’un des leurs
Les splendeurs de Byzance entre nos mains
Croisés, nous étions les soldats de Dieu
Mais le Diable a parfois croisé notre chemin
Que le Ciel nous pardonne, nous étions pieux
Nous avons chevauché les déserts et les monts
Dans nos armures éclatantes sous le soleil
Miroirs au galop chargeant tels des démons
Les bédouins éblouis n’avaient rien vu de pareil
Nous avons été sans merci pour les infidèles
Des Turcs rôtis à la broche en toute charité
Le Ciel, j’en suis sûr, approuvera notre zèle
Pour des soldats de Dieu, il n’y a pas de pitié
La Terre Sainte arrachée à nos ennemis
Les lieux saints désormais préservés
Des Sarrasins qui les avaient conquis
Et des Juifs, maudits pour les avoir créés
Nous l’avons prouvé par nos exploits
Nous étions les soldats du Dieu vivant
Par le torrent de sang versé pour notre Foi
Notre Foi n’est-elle pas née dans le sang ?
Voilà les marches du château de mes aïeux
Je ne ramène qu’une épée ébréchée
Des récits sans fin pour le coin du feuEt quelques blessures mal fermées
Paul Obraska
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Miroir, Ô miroir du haremDu beau Palais de Topkapi,
Tu reflètes ceux que j’aime,
Protège et prolonge leur vie,
Même s’ils te tournent le dos.
Mais c’est idiot ! – Quoi ? De souhaiter longue vie au siens ? – Non, de le demander à un miroir dont personne ne dit qu’il a des pouvoirs – Mais si quelqu’un le disait, en aurait-il ? – Comment le savoir ? – Donc, si je lui attribue des pouvoirs, personne ne peut démontrer le contraire. – Pas plus que de démontrer qu’il en a, mais avec un tel raisonnement on pourrait croire en n’importe quoi ! C’est absurde. – Pas plus que le pari de Pascal.
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La Citerne Basilique d'Istanbul
GOUTTESIl est joli le son de la goutte qui tombe dans l’eau en traçant un rond éphémère
Elles sont miraculeuses les gouttes humectant enfin la langue rôtie de l’assoiffé
Elle est attendue la première goutte de pluie tombant dans la poudre du désert
Elles sont bénéfiques les gouttes qui coulent une à une dans la veine de l’alité
Elle est ridicule la goutte qui pend au nez hésitant à tomber pour de bon
Elle est fâcheuse la goutte écarlate qui s’étale en rond sur la nappe claire
Elle est inquiétante la goutte métronomique qui tombe la nuit du plafond
Elle est menaçante la goutte qui fait déborder la vase poussant à la colère
Elles sont obstinées les gouttes qui taraudent patiemment la roche
Elles s’infiltrent, elles usent, elles creusent depuis des millénaires
Elles sculptent, elles piochent
Elles façonnent la Terre
Paul Obraska
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LA VILLE AUX TROIS NOMS
Nous avons été dans la ville jadis romaineA cheval sur des mers et sur deux continents
Elle est à l’Islam mais elle fût chrétienne
La ville où régnaient empereurs et sultans
Avec ses mille et mille minarets effilésComme des phallus pointant vers le ciel
Avec ses milliers de dômes en rangs serrés
Comme des ventres bombés gros de fidèles
Ses milliers de croyants appelés à la prièrePar des voix s’élevant de mosquée en mosquée
La tête vers La Mecque et au ciel leur arrière
Leurs femmes reléguées dans un coin isolé
La ville où les palais regorgent de joyauxOffrandes royales des royaumes craintifs
Dans les cours le souvenir des bourreaux
Le rouge des tulipes tel le sang des captifs
Dans les salles et les couloirs désertsDes harems aux vitraux de couleurs
Les ombres de femmes voilées errent
Spectres libérés des sultans noceurs
Nous avons été dans la grande ville multicoloreOù de vaines merveilles pendent le long des rues
Où foisonnent à la suite pacotilles et bijoux d’or
Vantés par les héritiers d’un empire qui n’est plus
Paul Obraska
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Picasso : "Les pigeons"
LES PIGEONS DE PARISA Paris, le peuple des pigeons,
Petite tête et œil de reptile,
Gros corps et ventre rond,
S’apprête à quitter la ville.
Las des petites vieilles à cabas,
Lanceuses de miettes de pain,
Ricanant devant les combats
A coups de bec assassins.
Las de la poursuite des enfants
Dans les parcs et les squares,
Des coups de pied méchants
Lancés par les petits barbares.
Las de voler autour des blocs de béton,
De s’engluer dans le bitume des rues,
De voir leurs coulées de déjections
Servant de perruques aux statues.
Las des trottoirs encombrés
De tous les mobiles à roulettes,
Des pas des Parisiens pressés
Avançant sur eux à l’aveuglette.
Las des lourds envols effrayés
A chaque pétarade incongrue,
De l’odeur des gaz empoisonnés
Au ras de leurs becs crochus.
Las des ruées de voitures
Aux pare-brise meurtriers,
De leurs roues de torture
Prêtes à les écarteler.
Le peuple des pigeons de Paris
Pourchassé et devenu amer,
Lassé d’être toujours incompris,
Quitta un jour la ville pour la mer
Paul Obraska
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L’écologie gagne du terrain. Les préservatifs eux-mêmes sont touchés par la grâce en Asie. Ils sont fabriqués en Inde et en Sri Lanka en latex naturel qui, contrairement au latex synthétique, est biodégradable et ces biopréservatifs sont estampillés « commerce équitable » car une part de la vente serait destinée à l’amélioration du sort des récoltants d’hévéa.
Aux USA, « Dreamscape » s’est penché sur le sort des jouets sexuels et propose de recycler les vibromasseurs usagés. Après les avoir toutefois nettoyés, on peut les envoyer à l’entreprise qui leur donne une seconde carrière, en offrant en sus un bon d’achat.
On ne peut qu’approuver de telles initiatives, même si elles peuvent être qualifiées de légères, ne prenant la protection de la nature que par le petit bout.
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