• 126. Perception trouble de la contraception

    L’accident vasculaire cérébral survenu chez une jeune femme suivant une contraception orale par une pilule de 3ème génération a donné lieu à une plainte en justice, suivie par d’autres plaintes de la part de jeunes femmes ayant été victimes d’accidents thrombotiques liés à une contraception du même ordre.

    Médiatisation extrême, discrédit jeté sur la pilule contraceptive, laboratoires montrés du doigt (car les pilules de 3ème [G3] et 4ème génération [G4] sont, certes, mieux tolérées au quotidien, mais plus onéreuses), médecins généralistes jugés incompétents pour les prescrire, abandon de la contraception par les femmes inquiètes dont la moitié prenaient ces G3 ou G4.

    Panique à bord pour la ministre de la Santé qui entrevoit le spectre des scandales du sang contaminé et du médiator (qui ont été le fait des défaillances des autorités de contrôle) et prend comme décision d’avancer la date de déremboursement des G3 et G4. Il n’y a pas de petites économies, d’autant plus que le coût des avortements vient d’être pris totalement en charge et que leur nombre augmente déjà depuis ce vent de panique. Décision curieuse, car de deux choses l’une : ou les G3 et G4 sont dangereuses par rapport à leur intérêt et il faut les retirer du marché, ou ce n’est pas le cas et il faut continuer à les prendre en charge, au besoin en encadrant leur prescription.

    Or, on sait depuis toujours que la contraception orale comporte un risque de thrombose surtout veineux mais aussi artériel. Ce risque est plus élevé chez certaines, en particulier lorsqu’il existe une anomalie de la coagulation comme ce fut le cas chez cette jeune femme dont l’accident a déclenché l’affaire (anomalie plus ou moins passée sous silence par les médias). Mais pour dépister une telle anomalie, il faudrait réaliser des examens sanguins approfondis, ce qui n’est guère possible pour chaque candidate à la contraception orale et on est obligé en pratique de se contenter de l’interrogatoire (antécédents personnels et familiaux) et de quelques examens de base.

    Toutes les méthodes de contraception comportent des risques, mais les complications possibles sont inférieures à celles des avortements (225000 en France) ou à celles des grossesses (où le risque de phlébites est plus élevé).

    En 27 ans et pour des millions de femmes, il a été déclaré 567 cas d’effets indésirables pour les pilules contraceptives et malheureusement 13 décès survenus presque tous chez des femmes atteint d’une anomalie de la coagulation de détection difficile, 7 utilisaient une pilule G1 ou G2 et 6 une pilule G2 ou G4.

    Le risque serait doublé avec les G3 et G4 par rapport aux G2, c’est impressionnant, mais le risque absolu est faible passant de 2/10000 à 4/10000 (dont 2% d’accidents graves), estimation peut-être même discutable car faite à partir de registres (qui introduisent de nombreuses causes d’erreurs). A noter que l’on déplore 12 décès pour 100000 femmes enceintes.

    Avec cette médiatisation d’un accident iatrogène chez une femme qui n’aurait pas du être mise à une contraception orale et la réaction un peu affolée de la ministre de la Santé (se tournant même, mais en vain, vers la commission européenne), les médecins se voient déjà accusés d’avoir prescrit un poison, avec la permission sûrement achetée des autorités de contrôle, et conséquence funeste, les avortements augmentent après abandon de la pilule contraceptive par des femmes terrorisées.

    A quand le prochain scandale et la prochaine plainte en justice à l’occasion d’une complication iatrogène ? Le Vidal et les notices qui accompagnent les médicaments regorgent de possibilités. Pour la contraception, on peut toujours essayer de l’homéopathie.

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