• Vacances romaines

    Vacances romaines

    Non, je ne suis pas à Rome mais à Noirmoutier. Néanmoins un texte de François-Guillaume Lorrain paru dans Le Point, se référant à l’ouvrage de Alberto Angela « Une journée dans la Rome antique », m’a permis de faire un saut très bref dans la Rome antique, un séjour dépaysant par les temps qui courent car les Romains ne connaissaient ni les microbes, ni les virus et leur ignorance leur permettait de ne pas les craindre comme le montrent ces quelques extraits dans le désordre :

     « En l’an 115, sous Trajan, Rome, cinq fois plus petite que Paris en surface, compte près de 1 million d’habitants. D’où ces plaies qui nous sont familières : encombrements géants, terribles nuisances sonores, prix exorbitant des loyers, crise du logement. Il y a cependant plus de lupanars (46) que de bibliothèques (28). Dix fois plus de bains publics (1 000) que de temples (100). Malgré cet engorgement, les espaces verts occupent un cinquième de la surface, quelques places sont des îlots de calme. Mais l’impression qui domine est la cohue peuplée de gens de toutes les origines, les esclaves, clé de voûte du système, provenant de nombreux pays. Les élèves ajoutent leurs décibels en suivant à l’extérieur les leçons de leur professeur (grammaticus), assis sous un portique, lisant à voix haute.

    Le plus surprenant est l’omniprésence des « gratte-ciel » : les insulae. Des immeubles de cinq à sept étages. Il y en avait près de 50 000, contre seulement 1 800 domus, maisons particulières. Gardés par un ostiarius, un concierge muni d’un bâton dissuasif en bois d’olivier, composés d’appartements de trois pièces fermées, ils abritaient l’essentiel de la population, qui y mangeait assise autour d’une table, et non alanguie sur des lits, comme le Satiricon le laisserait penser. Espace cuisine et toilettes coexistaient, les Romains ignorant l’existence des microbes. Autre réalité aussi envahissante que nos terrasses actuelles : les tabernae, boutiques qui colonisent les trottoirs. Il y en a pour tous les métiers : chaudronnier qui tape comme un sourd avec son marteau, confiseur, miroitier, marchand de perles, de couronnes funéraires, fabricant de sandales. Chacune se distingue par son enseigne, mais la plupart affichent un phallus en bronze doté d’un grelot, des tintinnabula porte-bonheur, que les Romains accrochaient aussi autour de leur cou ou qu’ils effleuraient au fond d’une niche, afin de conjurer le mauvais sort.

    On commence vers 6 heures du matin pour le réveil du maître, on termine à la nuit tombée dans les alcôves, où le mâle romain, apprend-on, peut faire à peu près ce qu’il veut avec une relation, femme ou homme, pourvu qu’elle soit socialement inférieure. Ce qui n’empêche pas une certaine émancipation de la femme, qui, à cette époque, peut hériter, divorcer, vivre en concubinage.

    Que mangeaient les Romains ? Au petit déjeuner, pain, figues sèches et fromage. Au déjeuner, brochette, poisson grillé, olives, œufs durs, légumes et garum, condiment à base de poisson dont ils raffolaient. Le tout servi dans les popinae, tavernes où l’on mangeait sur le pouce, en demandant parfois des faveurs sexuelles à la serveuse, qui emmenait le client à l’étage ou dans l’arrière-boutique. La pudeur n’était pas le fort des Romains. Quand on a bien bu et bien mangé, il faut soulager sa vessie : à l’angle des rues, on disposait de grandes amphores ouvertes sur le côté. Elles étaient collectées par les employés des fullonicae, les blanchisseries, en quête de cette urine qu’on déversait sur le linge, qui était ensuite foulé. Pour la grosse commission, direction les milliers de latrines, finement décorées, lieu de rendez-vous amicaux, comme les thermes. Aucune séparation n’était prévue entre les sièges alignés en rang, chacun disposant pour la toilette intime d’un bâton muni d’une éponge qu’on jetait après usage. Terminons sur une note culturelle : les librairies. Elles étaient nombreuses, propriétés des affranchis. Rouleaux de papyrus, tablettes de bois, parchemins dépliants format livre de poche, produits dans l’arrière-boutique par des copistes… tous esclaves »

    Me voilà pleinement déconfiné, non seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps.

    « Proposition de conciliation dans l’affaire DarmaninQu’arrive-t-il aux USA ? »

  • Commentaires

    1
    Pangloss
    Dimanche 26 Juillet 2020 à 20:44

    Le best-seller indétrônable sur le sujet reste La Vie quotidienne à Rome à l'apogée de l'Empire de Jérôme Carcopino.

      • Dimanche 26 Juillet 2020 à 21:40

        Encore une de mes lacunes.

      • Kobus van Cleef
        Vendredi 31 Juillet 2020 à 14:33
        Vous aurez noté que carcopino fut ministre de Pétain
      • Vendredi 31 Juillet 2020 à 14:41

        N'insistez pas sur mes ignorances.

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    2
    Souris donc
    Lundi 27 Juillet 2020 à 09:23

    Les latrines n'étaient-elles pas des vespasiennes, du nom de l'empereur Vespasien, comme à Paris, les hidalgiennes ?

      • Lundi 27 Juillet 2020 à 10:03

        Ces amphores-urinoirs paraissent être la première mouture des hidalgiennes, l'urine des premières servaient au linge, celle des secondes à faire du compost. Les vespasiennes  avaient servi à enrichir le trésor impérial. J'ignore si le produit des latrines servait à faire de l'engrais. Questions matinales de première importance.

         

    3
    Lundi 27 Juillet 2020 à 13:57

    De l’inconvénient ( et parfois de l'avantage) d'emporter en vacances un bon bouquin avec soi : plus tard, on se souvient davantage de l'ambiance du bouquin que de celle des vacances. 

      • Lundi 27 Juillet 2020 à 16:04

        Mais les bouquins sont aussi des vacances.

      • Kobus van Cleef
        Vendredi 31 Juillet 2020 à 14:36
        Les vacances sont avant tout des bouquins
      • Vendredi 31 Juillet 2020 à 20:00

        D'accord

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