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Un message mal reçu
Alors que nos lucarnes publicitaires dégoulinent de graisses et de sucreries, l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) cherche depuis des années à lutter contre l’obésité en imposant des messages en petits caractères qui défilent promptement au bas de l’écran pour nous encourager à ne pas céder aux tentations. Il y a là la preuve de la schizophrénie et de l’hypocrisie de nos sociétés marchandes car les armes sont inégales ne serait-ce que par leurs dimensions.
En 2008 dans « Recommandation », je me posais la question de la réalisation pratique de l’un de ces messages: « Manger 5 fruits et légumes par jour ». Le « et » implique qu’il faut manger les deux. Mais comment ? 5 fruits et 5 légumes par jour ? 5 fruits, c’est beaucoup, gare aux troubles intestinaux. 5 fruits différents, il faut avoir les moyens, 5 fruits identiques, c’est indigeste. Quant aux légumes, faut-il manger 5 plats de légumes dans la journée ? Bigre ! Je préfèrerais m’acquitter de ma tâche avec 5 petits pois ou 5 haricots verts, mais ce serait tricher et je suis un citoyen responsable. Faut-il simplement atteindre le chiffre 5 ? Mais comment ? 1 fruit + 4 légumes, 2 fruits + 3 légumes, 3 fruits + 2 légumes, 4 fruits + 1 légume ? Le choix laisserait alors un espace de liberté.
La lutte entreprise par l’INPES étant manifestement inégale contre la publicité et ses messages si ambigus que j’ai toujours douté de leur efficacité. Par contre, je ne pensais pas qu’ils pouvaient être nocifs. Or, une étude de l’Ecole de management de Grenoble tendrait à le prouver : en présentant « à 130 personnes des publicités identiques pour des produits riches : les unes portaient le bandeau de prévention, les autres non. Après la diffusion des premières, avec le message, les participants privilégiaient une nourriture grasse plutôt qu'une nourriture saine. A l'inverse, sans le message de prévention, ils avaient tendance à rechercher une alimentation équilibrée ». Pour l’une des directrices de l’étude : « En associant des messages sanitaires à des produits alimentaires hédoniques (glaces, hamburgers...), les individus perçoivent ces informations comme une solution potentielle à la prise de poids (...). Cela a pour effet de les déculpabiliser au lieu de les inciter à manger sainement. ». Bien sûr, il ne s’agit que d’une petite étude et sans doute non dénuée de biais, ne serait-ce que parce qu’elle a été effectuée par une école de management.
Botero : « Famille »
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Commentaires
Le message joue le rôle d'une sorte d'antidote au produit qu'il condamne et rassure son consommateur.J'ai du re formater l'ordi, le voici tout jeune à nouveau, du moins j'espère ? Nous prend-on pour des enfants incapables de décider par nous-même ? Les conseils fusent de toutes parts, et visiblement écrits pas des gens qui sont payés au mot écrit ! Le pis sont les conseils pour préparer sa peau au soleil des vacances. Je me suis posée des questions identiques aux vôtres au sujet des fruits et légumes !
Bonne soirée PaulPour avoir la conscience tranquille, on permet la publicité pour la malbouffe, tout un imposant aux publicitaires d'y inclure un message contraire. C'est, en effet, prendre les gens pour des imbéciles.
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Bonne soiée
Nettoue