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« People »
Il est tout même curieux d’utiliser le mot « people » pour désigner des individus plutôt fortunés qui n’ont rien à voir avec le peuple : acteurs, chanteurs, vedettes des médias, écrivains à la mode, fils et filles à papa, grandes fortunes, nobles résiduels, personnages extravagants et même politiques qui ne négligent rien pour se faire voir, y compris à jouer les clowns à la télévision.
« Peuple » - masse anonyme et sans visage – ou « gens » pour désigner un groupe de personnes indéterminées, alors que les « people » sont connus de beaucoup car l’un de leurs objectifs est de se montrer devant celui des photographes afin de continuer à l’être, et pour cela courir les manifestations les plus diverses et répondre aux invitations où ils rencontreront plus ou moins les mêmes personnes mijotant en vase clos dans la consanguinité du champagne.
Détournement du sens d’un mot, mais peut-être cette usurpation a-t-elle été faite initialement par ironie : désigner par le mot « people » ce qui est tout son contraire, comme les régimes dictatoriaux ont tendance à inclure le mot « démocratie » dans leur désignation, ce que ne font pas les démocraties authentiques. A leur époque, les « démocraties populaires » ajoutaient un pléonasme à la double usurpation de sens. Par contre, les « people » sont réellement populaires, car une partie conséquente du bon peuple d’en-bas suit avec fascination et envie leurs ébats mondains et leur vie dorée dans les magazines spécialisés : coucheries, mariages, divorces, grossesses, enfantements, habitats, confessions, et étalage de leurs écarts, certains d’entre eux finissant par se consumer à la lumière jusqu’à disparaître.
Illustration : Jack Vettriano
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Commentaires
1DANY SAILLYMardi 9 Août 2011 à 06:41Maintenant tout le monde devient people , le commun des mortels qui passe à la télé pour un jeu ,le devient Les peoples de magazines sont une race à part et ne vivent que parceque les gogos achétent ce genre de torchon ,faut-il avoir une vie triste pour avoir besoin de lire de tels feuilles !!!!!!!RépondreJ'espère que c'est par ironie, car l'humour n'y a pas sa place.
Si les journaux "people", justement n'avait que moi pour cliente, ils seraient contraint de revenir aux gardes champêtre et à leur < Avis à la population > : Chose, somme toute, charmante !
Merci docteur Wo.
NettoueSuperbe illustration de votre excellent article! Le côté malsain de la notion de "people" saute aux yeux.Merci d'avoir mis le nom du peintre.
J'aime votre choix des formules comme "nobles résiduels" ou "consanguinité du champagne"; percutant et imagé.
Je me demande si l'emprunt "people" ne vient pas, à l'origine, de "particular people" à qui on a enlevé tout bêtement le "particular" pour ne laisser que le nom qui les rend... Populaires.
En fait, on ferait mieux de les surnommer les "popus". C'est, d'ailleurs, vous avez raison, le "people" qui les rends si populaires, grâce à leur avidité d'histoires qu'ils imaginent belles.
Laissons-leur ces images glacées de chaudes étreintes sur fond de luxe puisque cela les fait rêver dans l'antichambre de votre cabinet.Il ne reste qu'à regrouper tous ces gens dans un boat-people et de les diriger vers la Somalie pour qu'ils retrouvent le sens de la mesure.C'est une explication plausible. Il aurait été plus juste de retenir "particular" plutôt que "people". Dans Le Point, il y a une page consacrée aux "people", mais elle est intitulée : "Ces gens-là" (sans doute en référence avec la chanson de Brel).
Dr WO
bsr et bravo pour votre blog intéressant et varié
je vous invite à visiter ou à revisiter le mien
à bientotUn paradoxe qui rend bien compte d'une constante : il faut toujours occuper le bon peuple pour le distraire des sujets qui le concernent et laisser le champ libre aux politiques de tout poil qui profitent de sa naïveté...Les médias vendent du people parce que ça se vend bien, il faut des acheteurs, c'est une question de commerce pure et je ne pense pas qu'il y ait un complot des pouvoirs.
Dr WO
Je persiste à penser que les pouvoirs ont besoin d'une médiocrité ambiante capable d'avaler des couleuvres. La presse, la pub et le business en général en sont les outils.Que les pouvoirs aient besoin d'une médiocrité ambiante, c'est certain, mais elle existe sans que l'on ait besoin de la provoquer. Personne n'oblige les gens à acheter des journaux stupides, les journaux intelligents existent aussi.
Dr WO
La pub dirigée vers les enfants notamment conditionnent les adultes qu'ils deviendront sans même qu'ils s'en aperçoivent, certes avec la négligence, voire la complicité des parents.. heureusement qu'il existe encore quelques journaux intelligents mais pour y avoir accès où les découvrir encore faut-il avoir bénéficié de bons guidesLa pub dirigée vers les enfants, c'est pour vendre des produits. L'argent a détrôné la politique en terme de pouvoir.
Dr WO
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