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Nombrilisme
Souvent un mot en « isme » traduit une idéologie, système d’idées qui concerne l’ensemble d’une société ou même le monde entier. Le nombrilisme a ceci de particulier qu’il ne concerne qu’une seule personne : soi-même, ce qui peut-être irritant pour les autres mais pas dangereux. Il peut cependant s’étendre à sa ville ou à son pays pour se grandir soi-même en s’attribuant de cette façon les qualités supposées et parfois erronées du milieu dans lequel on vit.
L’axe de la Terre passe par le nombril de chacun. Et le monde tourne autour de son nombril. C’est un moteur puissant. C’est un composant de l’Histoire qui n’est plus à la mode, on parle plus volontiers de forces économiques, d’évolution sociale, mais sans le nombril tordu d’Hitler la deuxième guerre mondiale aurait-elle eu lieu ?
Il n’est donc pas étonnant que chacun regarde son nombril et avec la caution philosophique du « connais-toi toi-même » de Socrate. Il le regarde avec attendrissement ou désespoir. Après tout le nombril est unique et périssable et le temps est limité pour le regarder.
La tendance est de le montrer, on ne perd pas une occasion pour le faire et le mettre en valeur. Les pipoles en ont fait leur activité principale, et les voyeurs de leur nombril doré largement étalé dans la presse ou sur internet, sont innombrables et le regardent avec avidité et envie.
Il y a peu, la mode pour les jeunes filles était de le laisser à l’air, ce qui a entrainé sa banalisation, conscientes du phénomène, elles ont maintenant tendance à l’enfouir à nouveau pour le garder pour soi, en ne le révélant qu’à bon escient.
La littérature est d’une autre portée, et surtout la poésie qui est l’expression littéraire la plus nombriliste, le nombril étant recouvert d’un voile transparent, charmant ou amer. Les écrivains appuient souvent sur leur nombril comme sur un bouton pour exprimer le désespoir du monde qui passe forcément par leur corps, même si celui-ci vit dans le plus grand des conforts, mais les chants désespérés ne sont-ils pas les plus beaux ?
Regarder son nombril, bien que pleinement justifié, ne permet pas toujours de jeter un œil intéressé sur le nombril des autres et sur le monde qui tourne autour. Mais heureusement, il y a des spécialistes pour regarder le nombril d’autrui : notamment les psychologues et les psychanalystes. Souvent ces spécialistes ont du mal à faire le tour de leur propre nombril, alors il gagne leur vie en contemplant celui des autres.
Dali : « La métamorphose de Narcisse »
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Commentaires
Comme disait Escartefigue, il y en a même qui sont morts de
l'ambouligue (le nombril, en provençal).
Amitiés.Et comment faisait Alfred Hitchcock qui n'avait plus de nombril ??????? Bonne soirée Doc - ZAZAJolie dissertation sur le sujet ! Ou plutôt sur le nombril du sujet !
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Sans doute parce-qu'il est la preuve que l'on peut traiter un sujet sérieux avec humour et dérision.
Nettoue