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Mémorial.
Les hommes sèment pour leur pardon
Des pierres gravées de noms disparus,
Des noms sans tombe ou des tombes sans nom
De morts inconnus.
Les hommes sèment dans le temps
Des plaques sur les murs des rues,
Sur les façades des places publiques,
Des listes de tués sur des monuments
Appelés à la mort par ordre alphabétique,
Des mémoriaux où les noms tournent par milliers,
Sans corps, dans le néant,
Jusqu’à donner la nausée.
Les hommes sèment dans les champs
Des noms dans les cimetières militaires,
Alignés en ordre par les survivants
Sur des tombes uniformes à l’infini.
Une armée en rangs serrés dans la terre,
Corps disciplinés dans la mort comme dans la vie.
Vaines semailles sans moisson.
La mémoire des massacres passés
N’empêche pas les massacres à venir,
La mémoire en pierre des assassinés
N’empêche pas les hommes de mourir,
Pour des causes inutiles,
Pour des causes futiles,
Ou d’être exterminés sans raison
Paul Obraska
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Commentaires
1PanglossSamedi 14 Août 2010 à 17:17Et pour appeler à la vengeance leurs survivants et leurs enfants au cas (fort improbable, bien sûr!), où les nouveaux amis qu'on veut leur léguer redeviendraient les ennemis dont on a hérité.RépondreQuel beau poème Doc.... Je viens de le faire lire à mes "Tipiak" qui ont beaucoup apprécié. Bises
ZAZACe poème est très beau.Beau poème qui semble avoir été écrit dans la foulée de la colère d'hier.En fait, je l'avais écrit auparavant mais il m'a semblé indiqué de le mettre en ligne après "A l'inconnu".
Dr WO
J'aime beaucoup ce poème qui traduit parfaitement l'émotion ressentie dans votre billet précédent.Merci. Le billet précédent est, en effet, l'illustration de ce texte, mais sans préméditation.
Dr WO
La memoire du passé n'empeche pas les massacres à venir ; mais elle ne doit pas pour autant disparatre ..La mémoire s'impose mais elle est malheureusement impuissante ou utilisée à mauvais escient.
Dr WO
Très juste. Très beau.16leonieLundi 7 Janvier 2013 à 16:15Moi aussi j'ai fait le rapprochement avec le post précédent. Ce poème est vraiment beau et triste, on sent l'amertume de ne pouvoir faire comprendre aux hommes que les tueries sont inutiles. L'éternel recommencement fait prendre conscience de l'amnésie qui touche l'être humain à un certain moment.
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