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Les voleurs d’enclumes à la sauvette
L’atelier d’Anselm Kiefer a été cambriolé. Artiste d’origine allemande mais vivant en France, ses œuvres se vendent à un prix élevé. Cependant ce n’est pas l’une de ses œuvres qui fut volée mais une partie du plomb qui la composait.
L’oeuvre elle-même n’a pas intéressé les voleurs, alors que son prix dépassait très largement celui du plomb volé. Le plomb étant très lourd, les voleurs ont été obligés d’en laisser une partie et c’est cela qui m’a fait penser au « vendeur d’enclumes à la sauvette », expression dont l’auteur est Pierre Dac, le maître de l’absurde.
Les ferrailleurs ne s’intéressent pas à l’art mais à la matière. Imaginons des voleurs brisant le « David » de Michel Ange pour récupérer le marbre afin de construire une salle de bain. Il est vrai qu’il peut également se produire l’inverse puisque Duchamp a fait d’un urinoir une oeuvre d’art (dont l’un des exemplaires a été vendu à 1 million 677 € !!!).
Voilà des morceaux abandonnés de l’œuvre de Kiefer dont la représentation des livres est une constante dans son expression artistique. Les ferrailleurs ont sans doute pensé, ne sachant peut-être pas lire, qu’il s’agissait de simples couches superposées de plomb qui ne demandaient qu’à être prélevées.
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Commentaires
2Souris doncVendredi 2 Septembre 2016 à 19:19Les cambrioleurs ont transformé le plomb en or, selon une alchimie qui est l'un des thèmes de Kiefer. J'ai vu l'expo du Centre Pompidou : lugubre.
Chers Roumains, venez plutôt démanteler les éoliennes qui défigurent la campagne, il y a dedans des métaux rares à revendre.
Et vive Pierre Dac !
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Vendredi 2 Septembre 2016 à 19:26
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En tout état de cause, les voleurs de plomb sont des petites frappes qui n'ont pas les réseaux très spécialisés nécessaires pour écouler une oeuvre d'art volé.
PS : En voyant la photo, j'ai envie de conseiller à l'artiste de laisser les morceaux abandonnés tels quels, de leur trouver un intitulé un peu abscon ("fragments en-volés") et il trouvera forcément un riche mécène grand amateur d'art qui, bouleversé jusqu'aux larmes devant un tel chef d'oeuvre, en fera l'acquisition pour un prix supérieur au prix de l'oeuvre originale
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Vendredi 2 Septembre 2016 à 23:38
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6Souris doncSamedi 3 Septembre 2016 à 08:50Cote de l'œuvre : 1,3 millions d'euros.
Poids de plomb volé : 6 tonnes. Quand même !
Cours du plomb : 1670 € la tonne.
Décidément, trafiquant de métaux non-ferreux ne nourrit pas son homme. Mieux vaut être collectionneur.
Dr Wo, je n'aime pas l'art à message trop obsessionnel, trop manifeste. Chaque œuvre fait référence au nazisme. La forêt calcinée. La dernière salle où les citations positives sur l'Allemagne, Mme de Staël, mais aussi d'autres intellectuels (écrivains, historiens...) étaient méthodiquement renvoyés aux nazis : oppressant. Le nazisme omniprésent finit par occulter les catégories propres de l'œuvre d'art (le plomb en tant que matière, couleur, la façon de le travailler).
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Samedi 3 Septembre 2016 à 09:24
Pauvres ferrailleurs ! C'est beaucoup de travail, beaucoup de sueurs pour un gain minable.
Oui Kiefer est obsédé par la culpabilité (bien que né en 1945). Pour ma part j'ai regardé son oeuvre en dehors de sa signification, disons littéraire, seulement sur le ressenti et la force de l'image. Pour l'émotion esthétique, le pourquoi de l'oeuvre passe pour moi au second plan, même si elle m'intéresse sur le plan historique.
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Moi, Souris, ce n'est pas l’obsession ou la culpabilité qui me dérangent (ce sont des boosters artistiques très efficaces, après tout). Ce qui me dérange, c'est que chaque manifestation de sa culpabilité lui rapporte un million d'euros.
Un million d'euros, de son vivant A ce tarif-là, il ne guérira jamais de son obsession, le pauvre !
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Samedi 3 Septembre 2016 à 12:30
Il me semble que l'obsession de cet artiste est authentique. Qu'il s'agisse de sa source d'inspiration est une chose mais son expression en est une autre, et c'est elle qu'il faut juger. C'est comme si l'on disait que les artistes utilisaient le calvaire du Christ pour peindre des tableaux qui leur rapportaient.
Quant à l'énormité des sommes, elle provient d'un marché de l'art délirant et dont l'artiste lui-même n'est pas responsable.
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A défaut de comprendre (et de pouvoir acquérir !) l'art moderne, je préfère me moquer de ce qu'il est devenu.
Par exemple, s'agissant de lui, sa culpabilité et son obsession ne se reflètent qu'à travers le côté répétitif de l'ensemble de son oeuvre. Posséder une seule de ses œuvres (acquise un million quand même !) ne permet pas à l'heureux propriétaire d'affirmer qu'il détient une sculpture traduisant l'obsession de l'auteur.
De même, que quelqu'un qui me verrait fermer la porte une seule fois ne pourrait pas en déduire que j'ai un TOC
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Samedi 3 Septembre 2016 à 16:18
Avez-vous jeté un coup d'oeil aux quelques photos que j'ai prises lors de ma visite à l'exposition qui lui avait été consacrée au C. Pompidou ? (lien dans mon billet). Si la thématique est la même, les oeuvres sont différentes et sont figuratives du type onirique. Les tableaux sont grands et impressionnants, ce que mes photos ne peuvent pas rendre. Comme je l'ai dit dans un autre commentaire, pour moi peu importe le sujet, c'est le ressenti devant la force du tableau qui importe. La peinture, ce n'est pas de la littérature.
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9Souris doncSamedi 3 Septembre 2016 à 17:28Les catégories avec lesquels le plasticien nous "parle" sont la couleur, la matière, l'espace, le format, le geste, l'outil, le rythme. Kiefer surajoute trop de signifié. Mais peut-être son objectif est-il de nous rendre mal à l'aise ?
On pense à un autre artiste allemand, Beuys. Son langage, la matière. Pilote dans la Luftwaffe, son avion est abattu sur le front de l'Est. Recueilli par des Tatars, il a la vie sauve grâce à des couvertures en feutre, de la graisse et du miel. Son œuvre est entièrement parcourue par la matière, le recouvrement en feutre (avec la croix rouge), la graisse, le miel. Après il a tourné fou (selon moi), avec ses happenings où il se fait filmer devant des œuvres d'art en portant un lièvre dans les bras, comme un bébé.
Bref, vous avez raison, Dr Wo, c'est la force du tableau qui importe.
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Samedi 3 Septembre 2016 à 18:47
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10Souris doncSamedi 3 Septembre 2016 à 19:08Dans les années 90 au Centre Pompidou. Beuys, c'est la matière. Donc une catégorie propre à l'œuvre d'art. Or il dérape.
Duchamp a fait d’un urinoir une œuvre d’art. Tout le monde en rigole. En même temps, il invite à une réflexion sur l'art, son statut, les conditions de visibilité de l'oeuvre d'art, le rôle de l’artiste, la place de l'art dans la société.
Moins donner à voir que donner à penser : subversion, critique sociale, interrogations, dimension critique. Conceptualiser. Kiefer ?
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Samedi 3 Septembre 2016 à 19:28
Je préfère l'art, qui sollicite mes sens et mon émotion, plutôt que la réflexion sur l'art qui est intéressante en soi et utile comme toute manifestation de l'intelligence mais qui est hors de la relation "sensuelle" entre l'oeuvre et le spectateur. C'est pour cette raison que l'urinoir de Duchamp est pour moi une escroquerie qui tient du canu...l'art, mais qui a malheureusement ouvert la voie au "n'importe quoi" et à la dégradation de l'art moderne qui se trouve en quelque sorte justifiée par cet urinoir considéré par son signataire comme une oeuvre d'art, et qui, de surcroît, est d'une grande laideur.
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Des cambrioleurs incultes Doc !!!! Pas doués les gus et aucun avenir dans la cambriole à la Arsène Lupin !
Bonne soirée
Avec du plomb dans l'aile.