• Les choses n'ont pas de fin

     

    Ce qui est consolant, c’est que les choses n’ont pas de fin, les choses, pas les sentiments. A condition que la matière continue d’exister. Même pour les êtres vivants. Dans les religions qui ont été faites pour ça, la mort est le début d’autre chose : l’esprit des êtres survit quelque part et la plupart offrent même l’espoir de la résurrection ou de la réincarnation. Dès que les hommes ont eu conscience de leur mort, les religions sont venues les consoler. Rien de mieux n’a été trouvé comme pompes funèbres optimistes. A cet égard la gestion de la mort la plus accomplie a été assurée par les anciens Egyptiens qui passaient leur vie à préparer leur mort, la mort étant la grande affaire de la vie. Eclairer la vie par la mort est une belle démarche surréaliste. Les autres religions ont suivi mais avec plus de timidité et d'hypocrisie sans vraiment choisir entre la Vie et la Mort.

    Pour les incroyants le devenir de leur être se présente sous un jour moins serein. Ils n’ont que leur corps qui avec le temps devient atomes et molécules (Comme le disaient les frères Goncourt - on ne sait jamais lequel - "Qu'est-ce que la vie ? L'usufruit d'une agrégation de molécules "). Les incroyants ne finissent pas pour autant : ces briques élémentaires servent à construire autre chose. Imaginons que la matière qui constituait un incroyant soit absorbée par de l’herbe et que l’herbe soit absorbée par une vache, la matière de l’incroyant devient vache (et sacrée en Inde). Qu’il le veuille ou pas, l’incroyant devrait croire en la réincarnation. L’ennui est qu’il ne se réincarne pas en une vache entière, dans le meilleur des cas il peut espérer se transformer en un bout de steak. Après avoir été amené à croire en la réincarnation (partielle), l’incroyant devrait-il devenir végétarien ? On voit que les choses ne sont pas simples pour un incroyant et on comprend le succès des religions qui organisent les choses de façon moins aléatoire et plus cohérente.

     

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 3 Octobre 2008 à 18:31
    Pauvres incroyants ! Il n'empêche que nous savons tous qu'un jour ou l'autre il faudra mourir. Sénèque disait ceci : "Qu'il y a-t-il de pénible à retourner d'où l'on vient ? Il vivra mal celui qui ne saura pas mourir." Je pense qu'il a raison. Dans un registre plus drôle, Woody Allen a dit : " L'homme ne sera jamais tout a fait décontracté tant qu'il ne sera pas immortel."
    2
    Vendredi 3 Octobre 2008 à 18:52
    Je préfère la deuxième citation : sous l'humour, il y a, comme d'habitude, une vérité. Néron n'a-t-il pas demandé à Sénèque de se suicider ?
    Dr WO
    3
    Samedi 4 Octobre 2008 à 10:44
    Cette façon de définir la réincarnation à la manière de Lavoisier "Rien ne se perd etc" est amusante. Interrogeons nous aussi sur cette sorte de "clonage" qu'est la reproduction sexuée où une moitié de l'un et une moitié de l'autre "survivent" ou "se réincarnent" dans un être nouveau.
    4
    Samedi 4 Octobre 2008 à 11:13
    La sauvegarde de la reproduction est, en effet, un des grands moteurs de l'évolution des êtres vivants et c'est une demi-réincarnation bien supérieure en quantité et en qualité au bout de steak de la "réincarnation moléculaire". Il est donc naturel d'aimer ses enfants comme on s'aime soi-même. A condition de ne pas se haïr.
    Dr WO
    5
    Samedi 4 Octobre 2008 à 11:28
    Vous avez raison, cher Docteur ! Chez nous les Vietnamiens, même les incroyants pratiquent le "culte des ancêtres", ce qui permet aux trépassés de ne jamais disparaître, du moins dans la mémoire des survivants de la famille. Bon week-end, bien amicalement.
    6
    Samedi 4 Octobre 2008 à 11:51
    C'est une réincarnation dans la pensée des autres. Cela existe aussi en Occident, mais sans les rites d'un culte véritable et les bienfaits que cela peut apporter. mais je suis trop ignorant en la matiére.
    Merci de votre visite.
    Dr WO
    7
    Samedi 4 Octobre 2008 à 16:51
    Pour qui sait se livrer à un peu d'introspection, il est quelquefois troublant d'analyser le sentiment qu'on éprouve à constater les ressemblances qu'on a avec les membres de sa famille. Frères et soeurs mais aussi cousins, oncles et grands-parents. Ressemblances physiques mais de comportement, d'attitudes, de mimiques ou de goûts alimentaires. Même quand les individus en question ont vécu loin les uns des autres et n'ont jamais partagé les mêmes expériences.
    8
    Samedi 4 Octobre 2008 à 17:45
    C'est le grand débat de l'inné et de l'acquis. Tous les membres d'une même famille ont un lot génétique commun, même si chacun d'entre eux est unique. La génétique a cela d'effrayant qu'elle donne beaucoup d'arguments au déterminisme et on peut se poser la question du degré de notre liberté avec le risque de justifier les monstres.
    Dr WO
    9
    Samedi 4 Octobre 2008 à 17:51
    Je ne voulais pas aller jusque là. Je voulais juste parler du sentiment que l'on a d'avoir en face de soi un miroir où l'on voit à la fois son image et celle d'un autre.
    10
    Samedi 4 Octobre 2008 à 17:54
    La liberté ne se trouverait-elle pas dans l'acquis? C'est à dire dans les normes sociales (sauf pathologie psychiatrique grave)?
    11
    Samedi 4 Octobre 2008 à 18:04

    Bien sûr, c'est troublant, mais la question est : est-ce agréable ou est-ce gênant ?. Il n'est pas certain que le clonage humain, s'il se réalise un jour, ne soit pas intolérable pour les clonés.
    Dr WO

    12
    Samedi 4 Octobre 2008 à 18:12
    Vaste débat. C'est possible. Mais on pourrait rétorquer que la programmation génétique permet l'acquis et que la liberté s'exprime dans le choix et la décision, que ceux-ci dépendent de la personnalité et que la personnalité dépend des gênes. mais tout se passe comme si on était libre, alors parions pour la liberté.
    Dr WO
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    13
    Dimanche 5 Octobre 2008 à 09:27
    Relevé dans un bouquin dont j'ai parlé il y a quelque temps(voir notes de lecture): "Vous croyez au libre-arbitre? - Je n'ai pas le choix" Je pense que ça résume bien le débat, non?
    14
    Dimanche 5 Octobre 2008 à 09:41
    C'est excellent. Cette réponse conclue bien le débat et illustre avec humour le pari sur la liberté.
    Dr WO
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