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Le lynchage électronique
Hier, au cours du débat entre Fillon et Juppé, à propos de l’IVG sur laquelle Fillon est volontiers attaqué alors qu’il ne cesse de répéter qu’il n’est pas dans ses intentions de modifier la loi, il finit par dire, en substance : « je suis un homme et l’IVG est l’affaire des femmes ».
Ce matin une journaliste sur France inter a rapporté avec gourmandise ces propos comme s’il s’agit dune incongruité misogyne et scandaleusement « genrée », en ajoutant, satisfaite : « et les réseaux sociaux se sont déchaînés ».
Je trouve, au contraire, que Fillon est là pleinement réaliste. Si la législation est l’affaire de tous, interrompre volontairement sa grossesse est évidemment décidé dans l’incertitude, la douleur, et parfois les regrets par la femme, et dans l’immense majorité des cas par elle seule lorsqu’il ne s’agit pas d’un avortement thérapeutique.
Je ne sais pas de quelle façon « les réseaux sociaux se sont déchaînés » à ce propos de bon sens. Je ne ramasse pas les crottes d’oiseau lâchées par twitter et s’il m’arrive d’en voir, c’est parce qu’elles sont volontiers étalées dans les médias à titre de pseudo information.
C’est ainsi que la foule s’est réfugiée dans les réseaux sociaux – confortablement assise - où elle peut se permettre, le plus souvent anonymement, de déverser sa haine et parfois ses mensonges sur un individu dans un substitut virtuel du lynchage, mais qui peut devenir mortel pour celui ou celle qui le subit. La corde est ici remplacée par des phrases ou des images assassines lancées dans l’ombre par quelques meneurs quasiment certains de leur impunité, et que la foule de pseudonymes suit courageusement avec délice.
Dessin de Steinlen, La Feuille n°6 du 21 janvier 1898
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Commentaires
2Souris doncSamedi 26 Novembre 2016 à 08:31Je ne comprends pas bien le lien entre la première partie de votre papier concernant Fillon, le lynchage électronique et la diatribe contre le pseudonymat. A qui et à quoi faites-vous allusion ? S'il s'agit de Riposte Laïque, tout ce qui est excessif est insignifiant. Les hommes politiques ont le cuir épais, c'est même un préalable obligé. Juppé se lamente beaucoup et reproche à Fillon de ne pas l'avoir soutenu contre les dégueulasses.
Personne n'a relevé un passage assez savoureux du dernier débat de la primaire :
Juppé : "...les attaques dont je suis l'objet par Riposte Laïque"
Et Fillon, qui n'a entendu que le mot "laïque", embrayant sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat et les convictions relevant de la sphère privée.
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Samedi 26 Novembre 2016 à 09:15
Le lien est : "les réseaux sociaux se sont déchaînés" à propos de la remarque de Fillon sur l'IVG. Combien de fois ai-je entendu parler de ce "déchaînement" qui a toutes les caractéristiques du lynchage par une foule déchaînée dont on ne connait ni le nom ni même les visages des tueurs. Ce n'est pas une diatribe sur l'anonymat mais sur la haine et la grossièreté qui peuvent se cacher derrière l'anonymat des "corbeaux" lâchant leurs tweets. Ce n'est pas la même chose que l'expression d'une opinion argumentée et publiée sous un pseudonyme (ce qui n'a alors aucune importance) que j'ai le plaisir de lire sur les blogs.
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3Souris doncSamedi 26 Novembre 2016 à 09:13Relativiser.
Les classements d'audience des sites et blogs, comme celui d'Alexa placent Marmiton.org, Leroy-Merlin, Upornia, vice.com, radin.com, loin devant les sites et blogs d'opinion.
Sur 500 références, les pure players politiques sont relégués aux dernières places. Slate 267e, Médiapart 306e. Fdesouche : 480e/500.
Les classements plus ciblés blogs incitent eux-aussi à la modestie, les blogs de mamans, modeuses, viennent devant Bilger (107e/300), et Rioufol (121e).
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Samedi 26 Novembre 2016 à 09:23
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Et si Fillon avait dit que l'avortement était également l'affaire des hommes et qu'il ferait voter une loi exigeant l'accord des deux géniteurs pour avorter, cette dame aurait également affirmé qu'il s'agissait d'une décision scandaleuse et genrée ( et là, elle aurait eu raison)
PS : avant on disait "les Français, dans leurs immense majorité, refusent..." , aujourd'hui on dit "les réseaux sociaux se sont déchaînes" Dans un cas comme dans l'autre, insignifiant !
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Samedi 26 Novembre 2016 à 15:26
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Les réseaux sociaux ne se sont peut-être pas tant déchaînés que le dit la journaliste. Mais en le disant, elle accrédite l'image d'une levée d'innombrables boucliers Elle assoit ainsi son opinion sur un fait qu'elle invente ou dont elle exagère à dessein l'importance. Dans le même genre on se réfère à "l'opinion publique" ou on attribue -comme dans le cas de Fillon- une opinion condamnable à son adversaire.
Si c'est le cas, c'est encore plus pervers. Nous vivons de plus en plus dans l'irrationnel amplifié par la puissance des moyens de communication.