• LE BATEAU SEVRE

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    LA COMPLAINTE DE LA PENICHE

     

    Près de moi un bateau vient de passer

    Enfilant les ombres humides des ponts

    Chargé jusqu’à la gueule d’une foule ensoleillée

    Les têtes tournantes à l’unisson

     

    Ma carcasse balance à son passage

    Mes chaînes cliquettent attachées au quai

    Je roule mais je reste à terre, bien sage

    C’est pourtant pour naviguer que j’étais fait

     

    On m’a garni de fanfreluches et de pots de fleurs

    Je porte sur mon dos tables et chaises

    Aucun marin à la barre, seulement des serveurs

    Et des voyageurs factices racontant des fadaises

     

    J’ai des fourmis dans ma quille engourdie

    Ma proue oscille tourmentée par des impatiences

    Ma coque se ronge de rester à l’écurie

    Je rêve de naviguer, je rêve de partances

     

    Ah ! Me détacher de ce quai où je suis prisonnier

    Partir sur le fleuve, longer l’histoire pétrifiée de Paris

    Aller plus loin, vers Rouen où fourmillent les clochers

    Au Havre ! Où je me frotterai aux gros navires surpris

     

    Sentir l’eau clapoter et caresser mes flancs

    Voir la Lune dans le fleuve naviguer devant moi

    Voir défiler les berges, aller la proue au vent

    Avoir des marins pour amis, un capitaine pour roi

     

    Et pourquoi pas la mer ? Pourquoi pas l’océan ?

    Plus de berges, plus de limites, que le ciel et l’eau

    Les vagues joueraient de moi comme d’un enfant

    Et me briseraient enfin en mille morceaux

     

    Paul Obraska

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 6 Décembre 2012 à 17:57
    Je comprends sa détresse, être à deux doigts du bonheur et ne pas pouvoir l'atteindre, il lui reste ses rêves la mer, et ses espoirs pouvoir y aller un jour peut-être, en étant très prudente ?
    C'est très beau
    Nettoue
    2
    Jeudi 6 Décembre 2012 à 18:06

    "Objets inanimés avez-vous donc une âme ?"

    3
    Jeudi 6 Décembre 2012 à 19:36
    A chacun son bateau ivre.
    Les péniches-restaurant me font penser à un bottier reconverti dans le talon-minute.
    4
    Jeudi 6 Décembre 2012 à 19:57
    Belle oeuvre, mes compliments.
    Cela dit, la mer c'est mieux...et les vagues, si elles sont trop grosses, on reste au port.
    Amitiés.
    5
    Jeudi 6 Décembre 2012 à 19:57
    ....Qui parle à notre âme et la force d'aimer... "Milly ou la terre natale" une merveille de Lamartine, n'est-ce pas ?
    Bonne soirée Paul
    Nettoue
    6
    Jeudi 6 Décembre 2012 à 19:59

    Un ersatz de croisière immobile

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    7
    Jeudi 6 Décembre 2012 à 20:35
    Un très joli poème Doc, quel talent.Bises et bonne soirée.
    8
    Jeudi 6 Décembre 2012 à 22:50

    Merci. La péniche serait d'accord avec vous.

    9
    Jeudi 6 Décembre 2012 à 22:56

    Allusion respectueuse aux grands : Rimbaud et Lamartine.

    10
    Jeudi 6 Décembre 2012 à 22:57

    Merci. Bonne nuit.

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