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LE BATEAU SEVRE
LA COMPLAINTE DE LA PENICHE
Près de moi un bateau vient de passer
Enfilant les ombres humides des ponts
Chargé jusqu’à la gueule d’une foule ensoleillée
Les têtes tournantes à l’unisson
Ma carcasse balance à son passage
Mes chaînes cliquettent attachées au quai
Je roule mais je reste à terre, bien sage
C’est pourtant pour naviguer que j’étais fait
On m’a garni de fanfreluches et de pots de fleurs
Je porte sur mon dos tables et chaises
Aucun marin à la barre, seulement des serveurs
Et des voyageurs factices racontant des fadaises
J’ai des fourmis dans ma quille engourdie
Ma proue oscille tourmentée par des impatiences
Ma coque se ronge de rester à l’écurie
Je rêve de naviguer, je rêve de partances
Ah ! Me détacher de ce quai où je suis prisonnier
Partir sur le fleuve, longer l’histoire pétrifiée de Paris
Aller plus loin, vers Rouen où fourmillent les clochers
Au Havre ! Où je me frotterai aux gros navires surpris
Sentir l’eau clapoter et caresser mes flancs
Voir la Lune dans le fleuve naviguer devant moi
Voir défiler les berges, aller la proue au vent
Avoir des marins pour amis, un capitaine pour roi
Et pourquoi pas la mer ? Pourquoi pas l’océan ?
Plus de berges, plus de limites, que le ciel et l’eau
Les vagues joueraient de moi comme d’un enfant
Et me briseraient enfin en mille morceaux
Paul Obraska
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Commentaires
A chacun son bateau ivre.
Les péniches-restaurant me font penser à un bottier reconverti dans le talon-minute.Belle oeuvre, mes compliments.
Cela dit, la mer c'est mieux...et les vagues, si elles sont trop grosses, on reste au port.
Amitiés.....Qui parle à notre âme et la force d'aimer... "Milly ou la terre natale" une merveille de Lamartine, n'est-ce pas ?
Bonne soirée Paul
NettoueUn très joli poème Doc, quel talent.Bises et bonne soirée.
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C'est très beau
Nettoue