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La volonté populaire
« Les Français ont exprimé par leur vote aux législatives le désir de limiter le pouvoir du chef de l'État qu'ils avaient élu sept semaines auparavant. Mais ils seront prompts, s'ils le jugent bon, à dénoncer les lenteurs sinon la paralysie de l'exécutif. Prompts aussi à dénoncer les blocages d'une opposition qui resterait trop obstructive, trop sectaire » (Michèle Cotta).
Cette déclaration est à peu près celle faite par la plupart des commentateurs après les élections législatives. Elle suppose une volonté populaire concertée, une stratégie réfléchie, c’est à dire une pensée. Pourtant le peuple n’a pas de cerveau global, il aurait même plutôt tendance à être écervelé, avec une propension à l’émotion et au lynchage plutôt qu’à la réflexion. La capacité cognitive d'une foule est inversement proportionnelle au nombre de cerveaux réunis.
En outre s’il y a un acte éminemment personnel et même secret c’est bien l’acte de mettre un bulletin de vote dans l’urne. Ce n’est pas le peuple qui vote, ce sont des individus, et même s’il existe des consignes de vote, l’électeur n’en fait qu’à sa tête. Aussi attribuer à l’ensemble des votants une volonté quelconque tient de l’anthropomorphisme en donnant à la foule les caractéristiques d’un être humain qui agirait après réflexion alors qu'elle exprime tout et son contraire. Cette élection des députés n’est pas le fruit d’une pensée politique concertée mais de pulsions telles qu’on les observe dans les mouvements de foule : haine, peur, ressentiment, approbation, enthousiasme ou résignation, même si chaque individu qui la compose exprime une volonté, mais était-ce celle de choisir son député ou de limiter l'action du président nouvellement élu ?
Illustration : John French Sloan : « Nuit d’élections »
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Commentaires
Pour le moment l'état va un peu en marche arrière, les anciens ministres qui avaient été remerciés sont repris pour faire du neuf paraît-il !!!
Et notre première ministre (qui ressemble à une vieille fille), évite le vote de confiance, sachant pertinemment qu'on ne lui le offrira pas!
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Mardi 5 Juillet 2022 à 14:58
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A l'époque de Charlemagne déjà, certains affirmaient : "Vox populi, vox Dei".
PS : Si c'est le cas , force est de constater, au vu du résultat des dernières élections, que les voies (et les voix) du peuple sont aussi impénétrables que celles du Seigneur.
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Mardi 5 Juillet 2022 à 20:04
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4Souris doncMercredi 6 Juillet 2022 à 07:30Du temps de la monarchie, on appelait le peuple "la gueuse".
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Mercredi 6 Juillet 2022 à 08:09
Sous la monarchie la distinction était simple entre la noblesse, la bourgeoisie et la "gueuse". Aujourd'hui les catégories sont différentes et plus nombreuses. La distinction peut se faire par les revenus, les professions, les diplômes, les religions, le lieu d'habitation etc...Aussi parler "au nom du peuple" n'a plus guère de sens devant "l'archipélisation" de la société.
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Et pourtant, notre système "démocratique" repose sur cette fiction: la somme des votes exprime la volonté de tous.
Votre captcha est particulièrement long. Au point de décourager.
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Jeudi 7 Juillet 2022 à 08:53
Il n'y a pas de mode électoral satisfaisant, soit il est juste mais inefficace comme la proportionnelle intégrale, soit il est efficace mais injuste car non représentatif. Mais les décisions par referendum peuvent être désastreuses. La représentation démocratique est difficile, certains pensent qu'il serait tellement plus simple de confier la gouvernance à un autocrate.
Quant à la captcha, j'ignorais même son existence, a fortiori sa complexité. C'est fâcheux.
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Jeudi 7 Juillet 2022 à 09:23
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Ben voyons...
Excellentes citations.