• La danseuse de l’Europe

    Dans son bloc-notes du Point du 29/11/12, Bernard-Henri Lévy parle de la Grèce : « Pour que revive le philhellénisme ». Il remarque qu’au XIXe siècle de grands esprits volaient au secours de ce pays et militaient pour sa liberté, alors qu’aujourd’hui les Européens le stigmatisent, lui imposent une austérité et l’abandon de fait de sa souveraineté. Mais, souligne-t-il, la Grèce est responsable de la situation dans laquelle elle se trouve « Honte à votre classe politique insouciante, pour ne pas dire irresponsable, qui s’est depuis des décennies, avec votre complicité, vautrée dans le clientélisme, puis servie de l’euro comme d’une machine à créer de la richesse fictive et de la rente…Honte à ce parti néonazi, Aube dorée, qui est en passe d’attirer selon les sondages de 10 à 15% de votre électorat… ». Ce seraient les termes utilisés par BHL devant une assemblée de Grecs dans un centre culturel d’Athènes. Rien à dire sur leur exactitude, mais en les formulant il participe lui aussi à « les jeter plus bas que terre », ce qu’il reproche justement aux Européens dont les mesures conduiraient à la déchéance de la Grèce et la pousseraient à sortir de l’Europe, ce qui ne serait bon pour personne.

    Il est incontestable que la culture européenne est largement imprégnée de la culture grecque antique et la pensée occidentale lui doit beaucoup. C’était d’ailleurs un des  arguments pour l’entrée de la Grèce dans l’Europe, puis dans la zone euro, en fermant probablement les yeux sur ses malversations. Ainsi le peuple grec d’aujourd’hui, qui n’a pas grand-chose à voir avec le peuple grec d’il y a 2500 ans, peut se prévaloir d’un riche héritage ancestral au point que BHL affirme qu’il serait inconcevable que la Grèce du XXIème siècle ne fasse plus partie de l’UE au nom de la mémoire de ce qu’elle était il y a 25 siècles, et du symbole que représente ce pays

    Bien sûr, BHL n’a aucune solution et ce n’est pas son rôle d’en avoir une. Mais après avoir montré  la responsabilité des élites de la Grèce, avoir souligné la complicité des Grecs eux-mêmes, tout en reprochant la dureté aveugle des mesures européennes et la stigmatisation dont ils sont l’objet, que reste-t-il ? Entretenir une danseuse décrépie, malgré ses frasques, en souvenir de la beauté de sa lointaine jeunesse ?

    « Les dents de l’AmerC'est bientôt Noël »

  • Commentaires

    1
    Lundi 3 Décembre 2012 à 19:32
    L'Egypte revendique l'héritage des pharaons, l'Irak celui de Babylone et l'Iran celui de la Perse. Nostalgie d'un passé qui n'est pas celui des actuels occupants de ces pays.
    BHL est bien gentil mais, si j'ai bien compris, il faut entretenir la Grèce actuelle au nom d'Homère et d'Aristote?
    Au XIXème siècle on soutenait la Grèce chrétienne contre les Turcs musulmans. Aujourd'hui, on n'ose plus soutenir personne contre l'impérialisme musulman. Même pas nous!
    2
    Lundi 3 Décembre 2012 à 19:52

    Malheureusement pour BHL, on ne peut pas jouer au Byron dans la Grèce d'aujourd'hui. BHL ne propose rien, mais en raison du titre de son papier et de son contenu, il sous-entend que la Grèce devrait être entretenue au nom d'Homère et d'Aristote. Ce que j'ai trouvé un peu  irritant.

    3
    Lundi 3 Décembre 2012 à 21:28
    La Grèce n'a pas le privilège des civilisations antiques qui ont formaté le monde actuel. Elle est tout comme les autres pays de l'Europe, soumis aux exigences économiques définies par la CEE. BHL peut brailler tout ce qu'il veut, la Grèce reste un sujet très préoccupant pour l'Europe. Ce pays est un gouffre abyssinal qui décourage actuellement les meilleures volontés. La culture est une une chose, l'économie en est une autre....!!! Bonne soirée Doc - ZAZA
    4
    Mardi 4 Décembre 2012 à 07:53
    Peut-être suffirait-il de presque rien, Quelques années peut-être... dix..; non quarante... pour que je te dises je t'aime... ? (Serge Réggiani)
    Peut-être suffirait-il à la Grèce, un peu de respect et de compréhension, et surtout de se souvenir que ce n'est pas eux qui ont voulu se planter dans notre merdier commun ?
    Bonne journée Paul
    Nettoue
    5
    Mardi 4 Décembre 2012 à 11:07

    D'où le titre de mon billet.

    6
    Mardi 4 Décembre 2012 à 11:14

    Non, c'est la Grèce qui désirait entrer dans l'UE et on comprend pourquoi : elle a vécu à ses crochets pendant longtemps. Pendant un de mes voyages en Grèce, il y a pas mal d'années, un marchand grec désespéré par l'inertie de ses compatriotes m'avait dit : "ils attendent les cadeaux Delors"

    7
    Mardi 4 Décembre 2012 à 11:34
    les avis sont partagés à ce sujet Paul, mais quand bien même, les touristes n'en ont ils pas usés et abusés à moindre frais ? Les intellectuelles ne se sont-ils pas gorgés de son passé, ne s'en sont-ils pas servi à outrance pour parfaire leur savoir ? et les philosophes pour se forger une assise ou un commencement de sagesse ? Sans la Grèce, serions-nous devenus aussi vite ce que nous sommes dans ces domaines ?
    Bonne journée à vous
    Nettoue
    8
    Mardi 4 Décembre 2012 à 12:17

    J'ai bien dit que la Grèce d'il y a 2500 ans a beaucoup apporté à la culture, mais ce n'est pas la Grèce d'aujourd'hui. Les touristes ne viennent pas dans ce pays "à moindre frais", il ne vit d'ailleurs que par le tourisme. Les armateurs, eux, ne payent pas d'impôts, ce qui est le cas également de l'Eglise, le plus grand propriétaire terrien de la Grèce.

    9
    Mardi 4 Décembre 2012 à 19:05
    Bon, ça nous coûte un peu cher mais quand on aime on ne compte pas...et puis, on n'est pas tellement mieux, nous autres.
    Amitiés.
    10
    Mardi 4 Décembre 2012 à 19:26

    Ce n'est pas Périclès que l'on aide. Espérons qu'un jour nous ne serons pas amenés à demander de l'aide à la Grèce (il devrait y avoir du pétrole dans la mer Egée, mais quel désastre ce serait pour le paysage)

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :