• L'Histoire, matière explosive

    MiniverChaque nation tente de tirer l’Histoire à elle, et même d’intervenir dans l’histoire des autres comme dans sa géographie avec la pulsion irrésistible d'arranger le passé pour justifier le présent sans hésiter à en effacer des pans. Une "cancel culture" historique en quelque sorte. Dans une exposition à l’Institut du monde arabe financée par l’Arabie Saoudite en 2019, Israël avait disparu de la carte géographique. Le Louvre d’Abu Dhabi a refusé le remplacement du terme « Iran » par celui d’« Asie Centrale » demandé par les autorités locales. Il est évident que l’histoire de la colonisation n’est pas vue de la même façon par les anciens colonisateurs et par les anciens colonisés. Bien sûr, les Turcs contestent le génocide arménien historiquement démontré pour le monde entier, et Erdogan ne se prive pas d’intervenir dans les affaires intérieures françaises, considérant chaque diaspora turque comme une enclave nationale en pays étranger, en s'attribuant un droit de regard sur les musulmans français. Les dictatures s’appuient fermement sur l’histoire nationale, véritable colonne vertébrale du nationalisme. Les historiens chinois semblent être passés maîtres dans les manipulations historiques à l’égal des employés du « Miniver » (Ministère de la Vérité dans le roman 1984 de George Orwell) et ne font pas dans la nuance. Ils affirment ainsi que l’action de la Chine fut déterminante par sa confrontation avec le Japon lors de la IIe Guerre mondiale, et cruciale pendant la Première en raison des milliers de travailleurs chinois envoyés en France et en Russie. Mais là où ils font fort, c’est en tentant de faire disparaître Gengis Khan de l’Histoire, c’est tout de même un gros morceau : « Une ambitieuse exposition sur Gengis Khan et l'histoire de l'empire mongol devait ouvrir en octobre au musée d'Histoire de Nantes. Elle avait déjà été reportée en raison de la pandémie, elle est désormais annulée car la Chine, qui devait envoyer 225 pièces en provenance de son musée de la Mongolie intérieure, est intervenue auprès du musée français d'une manière qui ressemble, à s'y méprendre, à de la censure. Le Bureau national du patrimoine de Pékin a en effet souhaité contrôler et réécrire les textes et les documents, supprimant, par exemple, le nom de Gengis Khan du titre et recentrant le point de vue sur l'empire des Han au détriment des Mongols. La direction du musée nantais a refusé d'obtempérer » (Le Point le 19/10/20). L'Histoire a toujours eu un rôle politique, c'est un facteur d'union lorsque les citoyens d'un pays admettent une histoire commune, souvent façonnée dans ce but. Lorsque les citoyens ne s'accordent plus sur une histoire commune, lorsque des groupes se réclament d'histoires différentes souvent importées, l'Histoire devient matière explosive, une bombe à fragmentations. En France, nous avons des groupes hostiles (une hostilité qui peut aller jusqu'au crime en cas d'adhésion à l'islamisme), nés sur le sol français, mais qui, non seulement n'adoptent pas l'histoire du pays où ils vivent, mais considèrent cette histoire comme coupable à perpétuité de racisme, d'esclavagisme et d'une colonisation disparue depuis plus d'un demi-siècle mais dont ils se prétendent être encore les victimes. Nous assistons de plus en plus à l'intrusion de l'Histoire dans le présent et à l'intrusion du présent dans l'Histoire lorsque l'on cherche à modifier ses traces pour respecter la doxa du moment. Illustration : J'ignore le nom de l'artiste qui a peint ce tableau de "rat de bibliothèque".

    « 343. La liberté de contaminer et d'être contaminé344. Le droit de dire n’importe quoi »

  • Commentaires

    1
    Souris donc
    Dimanche 25 Octobre 2020 à 08:32

    Pas seulement chaque nation, mais aussi chaque fraction.

    Aubaine, alibis : actuellement, la repentance.

    Un trésor inépuisable. Pour justifier tout et n'importe quoi, du néoféminisme contre le mâle blanc, violeur, colonisateur et saccageur de planète à l'islamogauchisme de votre nouvelle rubrique SOS obscurantisme. En passant par l'immigration incontrôlée, l'infiltration, l'entrisme, le noyautage de toutes les instances de la République pour la pervertir.

     

      • Dimanche 25 Octobre 2020 à 09:14

        Oui, on assiste à un retour de l'histoire où la faiblesse proclamée et revendicative devient une force contre les anciens dominateurs minés de l'intérieur. Un autre aspect de la guerre asymétrique. A mon avis, si Trump malgré sa grossièreté et son incompétence a des partisans c'est, qu'à sa façon, il représente une réaction à ce phénomène.

      • Souris donc
        Dimanche 25 Octobre 2020 à 10:17

        Et cette réécriture de l'Histoire contamine des pans entiers de la culture, les titres des tableaux dans les musées, les mises en scène qui se doivent d'endoctriner en s'éloignant du répertoire (Carmen), les films et livres qui doivent être retirés (Tintin au Congo !)...

        Les thuriféraires du vivre-ensemblisme se servent du politiquement correct pour nous clouellebecq par la Soumission. Et l'enseignant d'histoire-géographie, s'il illustre son propos par des références indésirables, sera décapité.

      • Dimanche 25 Octobre 2020 à 10:29

        Le politiquement correct par ses absurdités va finir par favoriser le politiquement très incorrect. 

    2
    Dimanche 25 Octobre 2020 à 08:55

    Chacun a son Histoire. L'histoire ne peut être objective. Même les "faits bruts" sont e résultat d'un choix. Accepter que l'Histoire d'autrui s'immisce dans la nôtre, c'est renoncer à ses racines.

      • Dimanche 25 Octobre 2020 à 09:19

        Le récit national est une construction admise. C'est un fond commun, ce qui n'empêche pas l'adjonction d'une histoire personnelle.

    3
    Dimanche 25 Octobre 2020 à 10:37

    Ils vont finir par effacer complètement la notre pour la remplacer par la leur!

    Cela nous pend au bout du nez !

      • Dimanche 25 Octobre 2020 à 10:47

        En tout cas l'enseignement de l'Histoire est devenu dangereux.

    4
    Dimanche 25 Octobre 2020 à 15:08

    La tentation de revisiter l'Histoire doit être aussi vieille que l'Histoire elle-même : les seigneurs du Moyen-Âge étaient très méchants avec leurs serfs, le Peuple de Paris s'est révolté contre le pouvoir Monarchique, Napoléon était un Hitler avant l'heure, etc...

    Il n'y a pas, malheureusement, que l'Histoire qui soit remise en cause et dénoncée, et son enseignement devenu dangereux... dans le domaine scientifique, par exemple :

    - la terre est plate et immobile dans le ciel

    - les dinosaures n'ont jamais existé

    - les singes sont des humains ayant écouté de la musique

    - le lait et l'urine de chamelle sont des remèdes universels

    et gare à qui douterait...

    La preuve https://www.islamweb.net/fr/articles/34/Les-miracles-scientifiques-dans-le-Coran (et autres vérités)

     

     

    (et je ne sais pas ce qui est le plus dramatique)

     

     

     

     

      • Dimanche 25 Octobre 2020 à 16:33

        Le plus dramatique est que le ridicule ne tue plus.

    5
    Dimanche 25 Octobre 2020 à 18:34

    Ils appellent à boycotter les produits français mais, curieusement, PAS le territoire français ! 

    Alors qu'un minimum de compassion envers  leurs frères migrants musulmans aurait été de leur conseiller d'éviter à tout prix ce pays qui ne respecte pas leur prophète. 

      • Dimanche 25 Octobre 2020 à 18:47

        Mais leur objectif est de le faire respecter sur place...malheureusement.

    6
    Orage
    Dimanche 25 Octobre 2020 à 20:36

    Dans les années 1975 j'enseignais l'anglais comme coopérante dans un lycée marocain à Rabat et j'ai eu l'idée de leur apprendre en anglais les noms des pays bordant la Méditerranée. Quand je suis arrivée à Israël, il n'y a eu qu'un cri: "Israël n'existe pas!". J'ai évité de peu de me faire virer.

      • Dimanche 25 Octobre 2020 à 20:46

        Très significatif du déni de la "cancel histoire".

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