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L’altération de l’altérité 2
Le mois dernier j’ai commenté le rejet de l’autre en tant que différent : différence sexuelle, de couleur de peau, d’origine, de statut, de comportement, d’opinion, de religion. Un rejet qui exclue toute communication, tout débat, l’autre étant condamné pour ce qu’il est et ce qu’il pense. Sa parole devient inaudible, sa présence, son existence même n’est plus tolérée, on finit par s’en protéger comme c’est le cas dans les universités américaines, et comme nous en avons vu quelques exemples chez nous où l’on a interdit violemment à d’autres de parler, leur parole étant devenue intolérable pour des esprits sans tolérance, et pour tout dire : idiotsAvec l’épidémie actuelle, l’autre est devenu officiellement dangereux, sa présence n’est tolérée qu’à un mètre de distance, sa parole à possibles émissions virales est dangereuse, et il faut s’en méfier Cette situation liée à l’épidémie ressemble bigrement à l’intolérance identitaire décrit dans le paragraphe précédent et que l’on pourrait donc qualifier de pathologique par analogie.
La première fois que l’on m’a cédé une place assise dans le métro, j’ai appris brutalement que j’étais devenu vieux aux yeux des autres. Aujourd’hui on me le rappelle avec insistance, on stigmatise ma fragilité et cela finit par m’exaspérer. J’ai l’impression que les gens me regardent avec commisération, comme un condamné à mort à brève échéance.
Je vais aller me promener.
Illustration : Joseph Ducreux : "Peur"
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Commentaires
Vous savez, Doc, trois octogénaires (ou presque) dont l'un a fait un infarctus l'année dernière, se livrent à un match de titans pour diriger la première puissance économique mondiale. Personne ne les regarde avec commisération parce que eux-même se voient comme des géants.
Etant un peu devin, je crois savoir ce qui provoque cette petite gêne chez vous vis-à-vis des autres : c'est de ne pas participer activement à la mobilisation actuelle du corps médical.
Ce n'est pas de la commisération que vous pensez voir dans le regard ses autres c'est du reproche.
Carlus, psychanalyste à deux balles
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Dimanche 15 Mars 2020 à 16:46
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Cela fait un moment que l'intolérance est entrée dans les moeurs, le prêt à penser, les féministes, les homosexuels et tant d'autres militant pour leur "petite chapelle" empêchent les autres de vivre, le virus vient nous confirmer cet état de chose, et aujourd'hui il pèse sur la vie des "vieux" encore plus, et comme vous dites c'est abominable et l'on se sent encore plus vieux !
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Dimanche 15 Mars 2020 à 17:09
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Alors...?
Revenu de promenade...?
J'espère que vous aviez pris en compte tous les conseils qu'un illustre quasi-confrère globulo-déficient vous a prodigué hier.
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Dimanche 15 Mars 2020 à 17:06
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J'ai beaucoup "d'affection" pour vous deux (et pour les autres visiteurs de vos blogs respectifs, et du mien, et de ceux qui y sont recommandés.. -pas de jaloux !)
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Dimanche 15 Mars 2020 à 19:43
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7Souris doncDimanche 15 Mars 2020 à 20:03Aux dames, ne jamais dire "encore et toujours"
Exemples :
Vous êtes encore belle.
Vous êtes toujours jeune.
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Dimanche 15 Mars 2020 à 20:42
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Souris doncLundi 16 Mars 2020 à 09:08
La commisération que vous lisez dans les regards est une illusion d'optique. La ride sied à l'homme qui devient un beau vieux mâle dominant. Comme chez tous les mammifères. C'est une loi de la nature.
On doit rien dire aux hommes, notre regard envieux est suffisamment flatteur.
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Lundi 16 Mars 2020 à 09:17
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J'aimerais connaitre votre avis de médecin sur acétylcystéine.
Cette molécule permet de faire produire du mucus, d'où son non commercial : mucomist.
Le mucus est une première barrière, me semble-t-il.
Qu'en pensez-vous ?
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Mardi 17 Mars 2020 à 10:45
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Mardi 17 Mars 2020 à 11:51
Vous êtes donc un sage !
Comme disait Aristote :
J'aime Platon, mais j'aime encore mieux la vérité
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Mardi 17 Mars 2020 à 12:06
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9AndréMercredi 25 Mars 2020 à 22:26Le rejet de la différence provient, à mon avis, du culte idolâtre de la différence, et cela depuis des décennies. Rappelez-vous des discours qui insistaient sur le "droit à la différence", sur la défense des "spécificités", la promotion de l'individualité face à la "société". Le marginal vu comme un héros, un être supérieur, un être d'élite, parce qu'il est différent de la "masse". Résultat, tout le monde a voulu être "quelqu'un" et a voulu se démarquer des autres. On rejette non pas l'Autre, mais "les autres", parce qu'on se veut radicalement "différent". Et puis, en tant que différent, on cherche quelqu'un qui serait nous serait semblable parce qu'il se veut aussi "différent" parce qu'à plusieurs, on se sent plus fort. Et c'est comme ça que la séparation commence.
Ensuite, quand on est suffisamment nombreux à être différent des autres, on revendique non pas les mêmes droits que les autres, mais des privilèges, parce qu'en étant "différent", on est toujours victime et que "les autres" sont les mauvais, les affreux, les méchants, les vilains... D'ailleurs les lois sont toujours faites par "les autres" pour le plus grand malheur des "différents". Il faut donc faire des lois d'exception. Ca va, vous suivez?
Ces "différents", de plus en plus nombreux, se sont formés en groupes de pression, d'autant plus puissants qu'ils ont des soutiens financiers et médiatiques. C'est alors qu'ils peuvent ensuite s'attaquer aux "forteresses" (entendez par là tout ce qui a fait notre socle commun). Ce qui nous est commun a été dénigré quand il n'a pas été nié. (Qui, selon vous, a dit qu'il n'y avait pas de culture française?).
Qu'on le veuille ou non, nous sommes les héritiers d'une histoire, de coutumes, d'habitudes, bref d'une culture, qui est notre patrimoine commun. C'est même le seul patrimoine de ceux qui n'en ont pas. C'est en rappelant ces faits et en luttant contre les caprices des minorités opprimantes (parce que c'est d'elles dont j'ai parlé) qu'on parviendra sans doute à ramener un certain ordre. Mais pour ça, il faut des être qui sortent de l'ordinaire. Bref, des gens différents. Pas médiocrement différents, mais supérieurement différents, des gens "qui en ont (du charisme). Paradoxal, non?
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Mercredi 25 Mars 2020 à 23:10
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10AndréJeudi 26 Mars 2020 à 07:15Je vois ce que vous voulez dire mais je ne pensais pas à des hommes politiques. Plutôt à des "emmerdeurs", des empêcheurs de s'endormir en rond, des éveilleurs, à ceux que les bobos détestent parce qu'ils dérangent le politiquement correct. Ces éveilleurs nous aident à décrypter la langue de bois et avec de la recherche, on peut trouver facilement des sites utiles, comme La Toupie, ou comme le votre, sans vouloir vous flatter. Ce ne sont pas les hommes politiques qui arrangeront la situation, il n'y a que nous-mêmes qui pouvons nous en sortir.
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Jeudi 26 Mars 2020 à 09:16
Les gens lucides ne manquent pas (et je n'ai aucunement la prétention de me mettre dans le lot). Ils publient, ils parlent, mais souvent dans le désert. Les penseurs existent mais qui les écoute ? Car il faut aussi être capable de les entendre et de les comprendre. D'autre part, même ceux qu'ils pourraient influencer (les politiques) se heurtent à la réalité pour éventuellement appliquer leurs conseils. A une armée de gens lucides sera toujours opposée une armée de gens plus ou moins fanatiques, c'est à dire persuadés de posséder la vérité unique (donc non lucides) et vouloir l'imposer aux autres.
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"les gens me regardent avec commisération, comme un condamné à mort à brève échéance." Je ressens la même chose.
Désagréable, n'est-ce pas ?