• Devis

    A compter du 1er février 2009, les professionnels de santé devront établir un devis à partir de 70 euros d’honoraires en cas de dépassement du tarif fixé par l’assurance-maladie.

    Le médecin et surtout le chirurgien est enfin assimilé à un artisan spécialisé dans la réfection des êtres humains au même titre qu’un plombier, un électricien ou un peintre en bâtiment que l’on sollicite pour rénover son appartement. Quant au malade, doit-on le considérer comme un lavabo, un montage électrique ou un mur ? Est-ce que le chirurgien pourra « rogner » sur les fournitures comme ses collègues artisans pour rester dans l’enveloppe du devis ? Il risque en effet une amende s’il le dépasse et comme un chirurgien ne sait pas à l’avance ce qu’il va trouver en ouvrant un ventre, pour respecter le devis devra-t-il ne faire que le travail prévu, fermer, retirer ses gants et attendre le réveil de l’opéré (partiel) pour établir un devis complémentaire concernant le travail non prévu qui resterait à faire ?

    NB Personne n’oblige un patient à aller consulter un praticien dont les honoraires dépassent le tarif fixé, il peut s’adresser à celui qui ne le dépasse pas et dont la compétence est le plus souvent identique.

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 19 Octobre 2008 à 10:53
    Peut-être pourra-t-il utiliser du matériel chinois ? Et que se passera-t-il en cas d'urgence, si le patient est dans le coma ? Le devis est obligatoire aussi ? Ce sont les "Pompes Funèbres" qui vont être contentes !
    2
    Dimanche 19 Octobre 2008 à 11:47
    Je suppose que ces devis concerneront des actes programmés. Ce qui est effrayant est que tous les actes aussi humains soient-ils sont désormais jugés et formatés selon des critères purement marchands.
    Dr WO
    3
    Dimanche 19 Octobre 2008 à 12:23
    Ca en devient déprimant et ça déteint partout ! Je m'aperçois que l'acte le plus désintéressé devient suspect et suscite la méfiance comme si derrière chaque geste "vers"...se cachait une intention mercantile ou une volonté d'ingérence. Combien de fois ai-je entendu des personnes refuser une aide, même morale ou simplement une invitation pour ne pas avoir à "rendre" !
    4
    Dimanche 19 Octobre 2008 à 15:13
    @ Souliko : l'aléa thérapeutique ne pourrra jamais être chiffré... Sur l'(excellent) article du Dr WO, il me semble normal que les patients sachent à quelle dépense ils vont s'exposer. Malheureusement, les dépassements d'honoraires ont fait l'objet de nombreux abus par des médecins parfois un peu trop soucieux de leur porte-feuille que de la santé (financière, j'entends) de leurs patients. Le système du devis permettra peut-être à chacun de s'y retrouver. Seule la confiance compte !
    5
    Dimanche 19 Octobre 2008 à 16:08
    L'individualisation conduit fatalement à une société de méfiance.
    Dr WO
    6
    Dimanche 19 Octobre 2008 à 16:28

    Dans mon court article (qui nécessiterait des développements qui figurent ou figureront dans mes "Chroniques médicales"), je réponds indirectement à votre commentaire. Bien sûr que le patient doit savoir la dépense qu'il aura à faire, ce qui me heurte c'est l'établissement d'un devis qui fait du malade une chose et du médecin un simple prestataire de service. Que devient le dévouement, le secours aux autres, le serment d'Hippocrate, faut-il les faire disparaître ? Vous parlez des abus, bien sûr ils existent, le médecin dans ces cas-là a tort, mais il faut être deux. Pourquoi le patient s'adresse-t-il à cette catégorie de médecins ? ce que ces praticiens savent faire, d'autres parfaitement honnêtes peuvent le faire aussi et peut-être mieux.
    En parlant de devis vous parlez de confiance, alors que le devis est la preuve d'une défiance
    Dr WO

    7
    Dimanche 19 Octobre 2008 à 17:54
    Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous. Lorsqu'un patient consulte un médecin, c'est très souvent parce qu'il a confiance en lui. Je parle des généralistes comme des spécialistes. Mais le porte-monnaie des patients n'est pas élastique et bien souvent, parce qu'il a une clientèle importante, le spécialiste en profite. Ceci est vrai pour les anesthésistes (où là, vous n'avez guère le choix ; c'est comme cela et pas autrement vous répond leur secrétaire lorsque vous prenez rendez-vous avant un accouchement ou une intervention chirurgicale), pour les ophtalmologistes, les dermatologues, les ORL... Je refuse qu'une médecine à deux vitesses s'installe dans notre pays. Et malheureusement, nous y allons tout droit. Combien de spécialistes refusent à présent de soigner les patients bénéficiant de la CMU ? Le devis ne fait pas du médecin "un prestataire de service" mais un gestionnaire de la dépense de santé. C'est différent.
    8
    Dimanche 19 Octobre 2008 à 18:41

    Cela me convient que vous ne soyez pas d'accord avec moi. Si le praticien établit un devis et qu'il ne vous convient pas, vous serez amené à changer de médecin ou alors le devis ne sert à rien (et c'est de lui que nous parlons), autant choisir au départ un praticien raisonnable. Si vous voulez absolument le premier médecin : c'est votre choix. Pour la CMU, c'est plus compliqué : d'une part parce que les médecins sont payés avec retard ou pas du tout et sont submergés de papiers à remplir, d'autre part parce que les bénéficiaires abusent parfois de la gratuité des soins et viennent consulter sans véritable motif (j'ai eu un patient qui venait me faire la conversation parce qu'il s'ennuyait).
    Je ne sais pas ce que signifie une médecine à deux vitesses qui plait beaucoup aux politiques. Il y a une bonne et une mauvaise médecine et cela dépend de la formation hospitalo-universitaire des médecins et pas des honoraires.
    Un médecin est fait pour soigner les malades, pas pour gérer les dépenses de santé, même si en tant que citoyen responsable il doit tenir compte des impératifs économiques, mais ce sont les soins qui sont prioritaires pour lui. Si on fait l'inverse on aura une médecine déplorable que certains pays connaissent, mais il est possible que dans l'avenir nous n'ayons plus les moyens de faire une bonne médecine.
    Dr WO
     

    9
    Dimanche 19 Octobre 2008 à 20:32
    Heureusement pour moi, je ne hante pas les cabinets médicaux mais j'ai eu une expérience déplorable il y a quelques années avec un gynéco. Ce dernier m'a annoncé un cancer des ovaires ! Je devais dans la foulée rentrer en clinique, subir une coelioscopie et me faire opérer. Comme j'avais quelques amis médecins je suis allée voir ailleurs pour vérification. Je n'avais absolument rien ! Renseignements pris, ce fou furieux remplissait les lits de "sa" clinique. Par contre le gynéco suivant a été formidable. Il a pris la peine de m'écrire une lettre manuscrite pour me dire que suite aux examens j'étais en parfaite santé. Je crois qu'en médecine comme ailleurs il y a quelques abrutis que l'on monte en épingle et beaucoup d'hommes et de femmes formidables dont on parle beaucoup moins. Et ceux-là, il me semble qu'on doit les laisser faire leur travail. Notre médecine est la meilleure du monde, ce serait bien qu'elle le reste.
    10
    Dimanche 19 Octobre 2008 à 20:44
    "Un médecin est fait pour soigner les malades, pas pour gérer les dépenses de santé". Je suis tout à fait d'accord avec vous, tout comme lorsque vous rappelez l'importance de l'administratif dans notre système de santé. Merci de cet échange. Ainsi que le rappelle Souliko, la médecine est faite d'hommes et de femmes formidables, entièrement dévoués à leurs patients. C'est le cas de mon généraliste dont je redoute le prochain départ à la retraite. Amitiés, Pascale Zugmeyer
    11
    Dimanche 19 Octobre 2008 à 20:48
    Votre histoire n'est pas déplorable : elle est épouvantable. Elle vient illustrer ma réponse précédente, il y a de bons (la majorité) et de mauvais médecins indignes de la profession. C'est ça la médecine "à deux vitesses", elle repose sur la qualité des médecins et de leur formation et pas sur leurs honoraires.
    Dr WO
    12
    Dimanche 19 Octobre 2008 à 23:34
    Alors nous sommes d'accord sur l'essentiel. Il faut être plusieurs pour échanger, merci à vous et à Souliko pour vos réflexions.
    A bientôt.
    Dr WO
    13
    Mercredi 22 Octobre 2008 à 11:52
    C'est bien de condamner la "médecine à deux vitesses". Ce serait plus crédible si on condamnait en même temps la médecine de privilèges (le Val-de-Grâce par exemple qui ne soigne pas QUE des militaires)
    14
    Mercredi 22 Octobre 2008 à 12:08

    Si vous avez lu les commentaires, vous savez ce que je pense de la "médecine à deux vitesses". La question est : est-ce un privilège d'être soigné au Val-de-Graâce ?
    Dr WO

    15
    Mercredi 22 Octobre 2008 à 12:30
    C'est "considéré" par ceux qui en bénéficient comme par ceux qui n'y ont pas droit comme un privilège même si ce n'en est pas un (ce qui reste à prouver). Il arrive souvent qu'un privilège ne soit pas un avantage mais seulement la marque de la supériorité sociale de celui qui le possède.
    16
    Mercredi 22 Octobre 2008 à 15:37
    Je crains que le privilège est par définition un avantage, qu'il soit mérité ou pas. Pour le Val-de-Grâce, je suis mauvaise langue : l'uniforme ne fait pas forcément un mauvais médecin.
    Dr WO
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