• De la fiction à la réalité

     

    S'agissant de la Nième manifestation qui se déroule aujourd'hui contre la "loi travail", nous avons assisté à un remarquable cafouillage de la part du gouvernement en cette période marquée par l'état d'urgence frisant le courtelinesque. Après cette procrastination, la décision finale est de permettre le déroulement d'un cortège en circuit fermé sur 1,8 km.

    Ceci m'a rappelé un petit billet que j'avais publié en mai 2009 et qui me semble avoir anticipé l'évènement. Deux petites différences : les casseurs ne se trouvent plus en queue de manifestation, mais en tête, et la Bastille n'a rien de champêtre malgré son petit côté provincial.

    Je me permets de le mettre en ligne à nouveau et sans modification :

    Un jour, les autorités, les marchands, les assureurs  manifestèrent une certaine lassitude devant les manifestations itératives défilant dans les rues des grandes villes, bloquant la circulation des sacro-saintes voitures et se terminant le plus souvent par quelques bris divers fomentés par des queues encagoulées (Honni soit qui mal y pense !).

    Certes, des mesures énergiques et intelligentes avaient été prises comme l’interdiction des cagoules, mais faire retirer les cagoules à ceux qui voulaient les garder se révéla une source supplémentaire de heurts avec les forces de l’ordre et certains trublions renoncèrent à la cagoule pour s’affubler de foulards du meilleur effet et parfois de perruques féminines qui les faisaient ressembler à des catcheuses en les rendant méconnaissables dans la plus stricte légalité, le choix du sexe faisant partie des libertés reconnues.

    Les manifestations des villes étant devenues intolérables, les autorités, s’inspirant du penseur Alphonse Allais, décidèrent de les mettre à la campagne. Elles prirent conseil auprès des spécialistes en la matière : les organisateurs de rave parties.

    Des espaces champêtres furent donc aménagés, des circuits de cars organisés et seules les drogues politiques furent tolérées.

    Les manifestants pouvaient ainsi défiler dans un air pur, brandir des banderoles, crier des slogans, chanter à pleine voix sans gêner quiconque. Les éventuels sauvageons qui n’avaient plus rien à casser, se cassèrent.

    Quant aux manifestants, d’abord réticents, ils acceptèrent finalement cette solution qui leur permettait de passer une journée à la campagne et de griller quelques merguez.

    Bien sûr, leurs slogans et leur colère ne pouvaient pas être entendus des ministères, mais comme ils ne l’étaient pas davantage lorsqu’ils défilaient en ville, cela ne changeait pas grand chose.

    En fait, cette idée de délocalisation avait déjà été appliquée par Poutine en 2014 lors des jeux de Sotchi où fut installée une « zone de protestation » à une dizaine de kilomètres des premiers sites olympiques, afin que les jeux d’hiver ne soient pas perturbés par d’éventuelles manifestations hostiles au régime de Poutine et notamment par des opposants aux lois anti-gays. Cette délocalisation fut efficace car onze jours après l’ouverture des jeux, un seul défilé se déroula dans ce lieu dédié à la mauvaise humeur, celui organisé par le parti communiste russe. Les communistes ont en effet un goût prononcé pour les manifestations au nom de la démocratie qu'ils n'ont pour leur part appliquée dans aucun des pays où ils eurent l'occasion de prendre le pouvoir.

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  • Commentaires

    1
    Souris donc
    Vendredi 24 Juin 2016 à 09:29

    Les pantalonnades en tout genre, la manipulation des gogos, les démonstrations de force, même le folklore merguez ne me font plus rire du tout. En arrière-plan : ne pas toucher aux milliards de la gabegie syndicale que le contribuable et les entreprises subventionnent. Le plus cynique étant la formation professionnelle, une manne pour les syndicats, qui détournent une partie importante à leur profit, le reste étant souvent gaspillé dans des formations professionnelles inadéquates qui n'apportent rien aux chômeurs. Le cynisme absolu :  se goberger aux frais des plus démunis.

    Le rapport Perruchot a  mis en évidence toutes les libertés, voire anomalies, comptables : vite enterré.

    Exemple, le paritarisme "défrayé", qui correspond exactement aux jetons de présence des membres des conseils d'administration et actionnaires des sociétés "ultralibérales" que les syndicats n'ont de cesse de dénoncer. P. 47 : tableau "frais liés aux administrateurs", ligne "voyages et déplacements" (putes et palaces ?)

    Ces sinistres bouffons défendent LEUR intérêt. Des milliards en jeu. Ce que les médias nous donnent à voir c'est la version officielle (les luttes...). En réalité une partie de poker menteur.

      • Souris donc
        Vendredi 24 Juin 2016 à 10:29

        Tout le monde connaît la vérité du rapport Perruchot. Le gouvernement la connaît, les parlementaires la connaissent, les syndicats, évidemment, les médias la connaissent. Les Mélenchon, Duflot, Besancenot, qui n'ont pas honte de défiler pour récupérer le mérite des cocus qui brandissent les banderoles, la connaissent. 

      • Vendredi 24 Juin 2016 à 11:34

        Réalité de la tragi-comédie et des journées de dupe dans lesquelles nous vivons

    2
    Vendredi 24 Juin 2016 à 19:22

    Il y a encore des gens qui y croient. Hélas!

      • Vendredi 24 Juin 2016 à 19:41

        Illusion et espérance sont les deux mamelles du berné.

    3
    Samedi 25 Juin 2016 à 11:21

    Je soutiens cette démarche de délocalisation des manifs ! en effet la CGT et les casseurs qui lui sont liés comptent plus sur leur capacité de nuisance ( barrage, dégradations, etc.) que sur le nombre de manifestants. 

    La dernière manif "confiné" a permis de les compter : quelques milliers en tout et pour tout !

      • Souris donc
        Samedi 25 Juin 2016 à 11:57

        Faut dire que le tour du bassin de l'Arsenal est un coup de génie. Même l'Obs prend l'image du hamster tournant dans sa roue.

      • Samedi 25 Juin 2016 à 14:03

        Jolie cette image de hamster. De quoi se ronger les ongles.

      • Samedi 25 Juin 2016 à 14:25

        @ Carlus. A propos de votre article sur les Britanniques  qui veulent se hâter lentement pour sortir de l'UE, un connaisseur disait : avant ils avaient un pied dedans  et un pied dehors, après ce sera l'inverse.

    4
    Samedi 25 Juin 2016 à 19:43

    Comprenez mon impatience, Doc ! L'européiste open-minded que je suis a vraiment  hâte de connaitre les fameuses mesures qu'ils vont prendre et qu'ils ne pouvaient pas prendre à l'intérieur de l'UE. 

    Quant à garder un pied à l'intérieur, je ne doute pas que tout le monde aura à coeur de trouver un gentlemen's agreement, mais il faudra qu'il soit approuvé à l'unanimité des 27 membres restant !

      • De WO
        Samedi 25 Juin 2016 à 21:01
        Querelle de générations et immigration...européene
      • Dimanche 26 Juin 2016 à 10:38

        Et comment sortir de l'auberge en un seul morceau entre l'Ecosse qui veut prendre le large et 160000 londoniens qui réclame l'indépendance de Londres (ça, c'est rigolo).

    5
    Dimanche 26 Juin 2016 à 11:16

    Le silence des politiciens pro-brexit est inquiétant. A mon avis, ca s'explique par le fait qu'il va falloir choisir maintenant un premier ministre parmi eux, mais que que ce sont en général de gros démagos dont personne ne veut !

    C'est un peu comme si en France,  après un référendum, il fallait choisir un premier ministre dans le camp du Frexit. Qui choisir ?  Marine Le Pen ? Dupont-Aignan ? Mélenchon ?  Gilbert Collard peut-être ?  

     

      • Dimanche 26 Juin 2016 à 14:56

        Quel que soit celui qui sera choisi, il compte bien freiner la sortie des deux pieds

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